lundi 3 février 2025

Ils sont parmi nous de Jérôme Léger (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Sans même avoir lu le plus petit synopsis qui soit ni même avoir jeté un œil à la moindre bande-annonce, à la seule évocation de son titre, la série québécoise Ils sont parmi nous semble d'emblée désigner la possibilité d'une rencontre extraterrestre entre les protagonistes du récit et des êtres venus d'une galaxie lointaine. La Classification de Hynek s'agissant de l'observation d'ovnis ou mieux encore d'une rencontre rapprochée avec les passagers de l'un d'entre eux (dont la plus extraordinaire demeure celle du troisième type), jusqu'à ce que nous soient très officiellement révélées d’hypothétiques rencontres avec des petits hommes verts ou gris, le doux rêveur qui espère chaque fois qu'il lève la tête vers le ciel tomber sur un Objet Volant Non Identifié doit pour l'instant ronger son frein et passer par la fiction pour donner corps et réalité à sa passion. Clémence Dargent et Martin Douaire créèrent en 2021 l'excellente série française OVNI(s) réalisée par Antony Cordier. Laquelle se basait sur le Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés plus connu sous l'acronyme Gepan et dont la spécificité est comme son nom l'indique d'étudier le phénomène Ovni depuis la seconde moitié des années soixante-dix. S'agissant de la série québécoise créée cette fois-ci par Jérôme Léger et Raphaël Côté, les personnages principaux du récit évoluent au sein de la fantaisiste Agence Canadienne de la Conformité Aérospatiale. Dirigée par Jocelyn Terreault (Gildor Roy), l'A.C.C.A connaît des heures douloureuses depuis que le ministre de la sécurité René Ryan (Stéphane Crête) a pris la décision de fermer et de mettre un terme au financement de l'agence une bonne fois pour toute. Alors que certains membres de la petite équipe en sont réduits à se demander ce qu'ils vont devenir, c'est précisément le jour de l'annonce de la fermeture de l'A.C.C.A que Béatrice Thomas (Julianne Côté) est engagée à l'agence. Devant le désarroi de certains de ses nouveaux collèges et de Jocelyn Terreault, la jeune femme envisage l'idée de monter de toute pièce une fausse apparition d'ovni dans le ciel afin d'intéresser l'opinion publique et ainsi faire revenir le ministre sur sa décision. Le soir même, elle et son nouveau patron se rendent dans un champ et enregistrent le drone que Béatrice a emporté avec elle, lequel a l'allure d'une petite soucoupe volante.


Filmant la séquence, le duo (enfin, surtout Jocelyn) se rend bien compte du désastreux résultat et décide de retourner à l'agence sans pour autant exploiter leur enregistrement. Pourtant, non loin de là, un couple d'influenceurs a assisté au vol du drone sans soupçonner la présence de Béatrice et de son patron. Persuadés d'avoir filmé une soucoupe volante, les deux jeunes gens vont alors partager leur découverte sur les réseaux sociaux... Réalisé par Jérôme Léger et produite par la société de production de cinéma et de télévision canadienne Pixcom fondée par Jacquelin Bouchard en 1987, Ils sont parmi nous est une mini-série fort sympathique pour laquelle va sans doute falloir prendre quelques précautions avant de lancer sa projection. En effet, la particularité de l'accent québécois et d'une partie du vocabulaire employé contraindra sans doute tout ou partie du public hexagonal à regarder les huit épisodes de la saison agrémentés de sous-titres. À défaut de quoi, l'expérience risque de se révéler compliquée. Et même, si l'on finit par s'accoutumer à l'idée de jongler entre ce que l'on entend et ce qui est écrit au bas de l'image, il faudra sans doute malgré tout un court moment d'adaptation. L'une des particularités de Ils sont parmi nous s'inscrit dans la courte durée des épisodes qui oscillent entre dix et quinze minutes pour un total se rapprochant finalement de celle d'un téléfilm ou d'un long-métrage cinéma. Essentiellement tournée dans les locaux de la dite A.C.C.A, la série ressemble à un ersatz de Caméra café (sans sa machine à boissons) où l'humour est ici aussi très présent. Au vu de l'évolution de l'intrigue il va évidemment difficile de ranger Ils sont parmi nous dans le genre science-fiction tant le sujet tient de la supercherie. L'on passe un très agréable moment devant une poignée d'interprètes et de personnages fort sympathiques (en dehors de l'excellent Stéphane Crête qui incarne un ministre de la sécurité parfaitement imbuvable !). La courte durée n'est en soit pas vraiment gênante puisque le réalisateur va droit à l'essentiel. Les coupures causées par les génériques de débuts et de fin sont relativement courtes et ne laissent donc pas le temps au téléspectateur de ''sortir'' du concept. Notons que la toute fin laisse la porte ouverte à une éventuelle seconde saison que l'on espère découvrir très bientôt...

 

dimanche 2 février 2025

Silo - saison 2 de Graham Yost (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

À l'issue de la première et brillante saison de la série de science-fiction américaine Silo, son créateur Graham Yost avait déployé lors de la conclusion, l'idée selon laquelle il existait de nombreux autres endroits comme celui où vivent les protagonistes. L'héroïne Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) avait été contrainte et forcée d'aller s'occuper du nettoyage de la caméra extérieur. Laquelle avait fait le choix de n'en rien faire et d'aller explorer ce qui pouvait se cacher au delà de la colline. Cette ''frontière'' qu'aucun de ceux qui furent jetés dehors avant elle ne parvinrent à atteindre. À l'intérieur du Silo 17, les habitants devinrent témoins de la scène et les plus proches amis de Juliette, convaincus qu'elle avait pu y survivre. Dès le 15 novembre 2024 et jusqu'au 17 janvier dernier, la plateforme Apple TV+ a diffusé l'intégralité des dix épisodes de la seconde saison. Et en faisant aventurer son héroïne dans un second Silo, Graham Yost permet à cette nouvelle fournée d'être découpée en deux parties bien distinctes. Car l'on retrouve bien évidemment tous les protagonistes de la première saison mais aussi de nouveaux personnages, eux, issus de ce second silo dont on devine le sort qui lui fut accordé dès l'entrée de Juliette à l'intérieur. Une réplique que l'on aurait pu supposer de parfaite si un événement d'ampleur exceptionnelle n'avait pas pousser ses habitants à se réfugier à l'extérieur pour y mourir dans d'atroces conditions. Silo saison 2 repousse de très loin les conditions de vie de ses habitants. Entre un Tim Robbins plus magistral que jamais dans le rôle du maire Bernard Holland et que le créateur de la série implique davantage que lors de la précédente saison. L'on retrouve également le rappeur américain Common dans le rôle de Robert Sims ou l'excellent Chinaza Uche dans celui du nouveau shérif Paul Billings qui depuis le départ de Juliette a pris sa place. Alors que dans le principal silo où s'était jusque là située l'action lors des dix premiers épisodes diffusés pour la première fois à partir du 5 mai 2023 toujours sur Apple TV+ la révolte gronde de plus en plus, la question de la viabilité à l'extérieur n'est plus la seule et unique raison de douter de la part de ses habitants puisque beaucoup émettent un doute quant à la sincérité de ses dirigeants.


Tandis que diverses stratégies de conquêtes se développent au sein de la population, Juliette explore ce nouveau silo dont la désagrégation est l'un des aspects les plus remarquables de cette nouvelle saison. Résultat d'une révolte dont les conséquences se lisent sur chaque mètre-carré. Des décors sombres, formidablement dégradés, amples et pourtant claustrophobes qui rendent à côté la vie du silo où vivent les compagnons de Juliette presque envisageable. Alors que l'on retrouve la totalité des interprètes présents lors de la première saison, l'arrivée de notre héroïne dans ce nouveau silo offre l'opportunité de faire connaissance avec un nouveau protagoniste en la personne de Solo. Personnage complexe brillamment incarné par le méconnaissable Steve Zahn. Cette partie du scénario, qu'il s'agisse de Solo lui-même, de l'endroit où il vit et des découvertes primordiales que Juliette aura l'occasion de faire lors de son long périple dans ces angoissants dédales est le parfait miroir de ce que sont en train de vivre ses compagnons. Un préambule à la catastrophe qui pourrait éventuellement se produire cette fois-ci dans le silo numéro 17. Silo saison 2 pénètre encore davantage l'esprit du spectateur et cela en dépit de quelques défauts qui à force de marteler la ''toute puissance'' de l'héroïne finit au bout du compte par la décrédibiliser. En effet, si Rebecca Ferguson demeure irréprochable, son personnage est traité de manière un peu trop ostentatoire. Figurant plus que jamais la super-héroïne sur laquelle repose les attentes du (des) silo(s), Juliette survit à tout. Une infection plus proche de la gangrène que de la simple petite coupure au doigt, à une fléchette plantée dans l'épaule, à un accident de décompression suite à une plongée en profondeur et, dans ce dernier cas, à ce qui aurait logiquement dû la condamner à l'hypothermie et donc... à la mort. Imaginez : Juliette au fond d'un silo dont la partie inférieure est inondée sur des dizaines de mètres de profondeur, sans combinaison adaptée, les bras nus et, cerise sur le gâteau, une remontée en apnée ! Bref, invraisemblable. Mais fort heureusement l'on parvient à mettre de côté ces absurdités tant cette seconde saison demeure passionnante. Des enjeux, nombreux, et surtout des personnages tour à tour attachants et monstrueux. La palme de la plus formidable crapule revenant évidemment sans conteste à Tim Robbins !

 

dimanche 12 janvier 2025

Invasion (saison 1) de Simon Kinberg et David Weil (2021) - ★★★★★★★★★☆

 



Alors que la troisième saison est prévue pour cette année, la série de Simon Kinberg et David Weil Invasion est à l'origine une commande de la plateforme de streaming en continu Apple TV+ qui sollicita alors auprès des deux hommes la création d'une série de science-fiction en dix épisodes. Laquelle sera diffusée pour la première fois dès le 22 octobre 2021. Côté mise en scène, la tâche est confiée à plusieurs réalisateurs dont Amanda Marsalis ou Brad Anderson, auteur notamment des géniaux Happy Accidents en 2000, Session 9 en 2001 et The Machinist en 2004. Dans cette série de science-fiction nous contant les aventures d'une poignée d'humains confrontés à d'indicibles créatures venues de l'espace, l'un des principaux atouts demeure justement de ne pas avoir concentré son récit autour d'un unique personnage ou d'avoir situé l'action sur un territoire unique. En effet, Invasion s'intéresse à quatre d'entre eux. L'on découvre ainsi tout d'abord les visages d'Aneesha Malik (l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani), de Mitsuki Yamato (la nippo-australienne Shioli Kutsuna), de Trevante Cole (le canadien Shamier Anderson) et du jeune Capsar Morrow (le britannique Billy Barrat). La première est immigrée d'origine moyen-orientale, mère de deux enfants et épouse de Ahmed (Firas Nassar). Aneesha découvre bientôt que ce dernier la trompe avec une influenceuse. La seconde est la compagne d'une astronaute qui lors d'une mission spatiale en partie organisée par la JASA pour laquelle elle travaille elle-même (l'équivalent au Japon de la NASA) a perdu la vie lors d'une collision survenue en orbite autour de la Terre. Le troisième, lui, est un soldat de l'armée américaine envoyé en Afghanistan qui va perdre ses compagnons lors d'une attaque survenue en plein désert. Quant au dernier, victime en outre de harcèlement à son école, le jeune garçon et une quinzaine de ses camarades vont être celles d'un grave accident qui causera la mort de leur accompagnateur lors d'une sortie scolaire.


Tous ces personnages qui n'ont rien en commun si ce n'est de vivre sur la même planète mais dans des régions très éloignées les unes des autres vont avoir en commun de vivre la plus terrifiante expérience de leur vie. Le soucis avec lequel les scénaristes (une dizaine environ) ont caractérisé chacun de ces principaux protagonistes est en contrepartie ce qui semble avoir causé des désagréments chez certains des téléspectateurs. En effet, lors de cette première saison d'Invasion, le but principal semble être moins de proposer un spectacle pyrotechnique doté d'effets-spéciaux numériques dernier cri que de s'intéresser au plus près de cette poignée de héros qui, on le devine, seront au centre de cette invasion extraterrestre des plus hostile. D'un autre côté, c'est sans doute justement cette approche très précisément axée sur la personnalité des protagonistes, sur leur quotidien précédant les premiers indices laissant supposer l'intervention d'une espèce venant d'un autre système solaire qui fait la très grande force de cette première saison. Ce que certains nomment par ''ennui'' est de fait l'aveu des auteurs de la série d'un amour pour leur ''bébé''. Une manière comme une autre de démontrer que Invasion ne sera pas que le pur produit des desiderata d'une production qui veut engranger de l'argent coûte que coûte. Les scénaristes construisent donc tout d'abord le récit autour des personnages principaux et de leurs proches plutôt que de nous asséner directement la vision de créatures belliqueuses dont l'apparence nous laisse malgré tout espérer qu'elles ne sont pas les seules impliquées dans l'invasion.


C'est ainsi qu'Aneesha et sa famille y sont décrits comme des immigrés qui malgré les apparences ne sont pas parfaitement intégrés. La présence de Mitsuki Yamato au sein du récit et la relation qu'elle entretient avec son amante, l'astronaute Hinata Murai qu'incarne l'actrice japonaise Rinko Kikuchi évoque le difficile statut des homosexuels au Japon, pays où notamment, le mariage entre personnes du même sexe est toujours interdit. Trevante Cole, lui, est déchiré entre son envie de retrouver celle qu'il aime mais qui veut le quitter et le désir de retrouver ses compagnons d'arme disparus. Quant à Caspar, lui et ses camarades évoluent dans un contexte social difficile qui maintient certaines tensions entre personnes de même milieu (sa confrontation permanente avec la petite frappe Montgomery Cuttermill qu'interprète le jeune acteur américain Paddy Holland). Le fait de principalement concentrer le récit autour de ces quelques personnages permet à la série, contrairement à ce que prétendent certains, d'être parfaitement rythmée. Et si l'action n'est pas de prime abord le soucis majeur de ses auteurs, le suspens et la lente évolution du thème de l'invasion extraterrestre font d'Invasion une série redoutablement efficace. S'il est vrai que l'on ne voit pas précisément où sont passés les deux-cent millions de budget (les effets-spéciaux demeurant pour l'instant plutôt discrets), les auteurs de la série ont d'abord su créer leur propre univers. Entre science(-fiction), anthropologie et drame, Invasion fut reconduite pour une seconde saison deux ans plus tard, en 2023. Notons enfin la superbe partition musicale de Max Richter qui nimbe cette première saison d'une atmosphère véritablement envoûtante. C'est donc en toute logique que devrait arriver cette année sur nos écrans la troisième, que l'on espère aussi brillante que celle-ci...

mercredi 1 janvier 2025

Omni Loop de Bernardo Britto (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Space-opera, Dystopies, Uchronies, Cyberpunk, Post-Apocalypse, Guerres intergalactiques, Voyages dans le temps... La science-fiction est d'un point de vue littéraire et cinématographique, un vaste champ d'expérimentations qui permet à tout à chacun de trouver son bonheur sans pour autant que les amateurs de l'un ou l'autre de ses sous-genres ne donnent du coude à leurs voisins. Concernant le Voyage dans le temps, celui-ci se définie parfois lui-même en sous catégories. Du simple fait de voyager dans le passé ou dans le futur en passant par certains phénomènes comme les boucles ou les paradoxes temporels. Si la récurrence de cette dernière est quasiment systématique et agit de la même manière que l'effet papillon (lequel consiste en une succession d'événements perturbés par une action provoquée antérieurement), les boucles temporelles lui apportent majoritairement matière à modifier le futur à travers des actions se produisant dans le passé. L'un des plus remarquables exemples de ce que l'on nomme ''Boucle de causalité'' ou ''Paradoxe de l'écrivain'' demeure le formidable Prédestination des frères Michael et Peter Spierig sorti en 2014. Plus connu et sans doute beaucoup plus ludique en ce sens où les phénomènes qui s'y produisent sont parfaitement simples à comprendre, l'on retiendra également le génial Un jour sans fin de Harold Ramis qui lui vit le jour en 1993. Une approche du genre beaucoup plus ''Familiale'' que l'on conseillera donc en priorité à toutes celles et ceux qui voudraient pour la première fois de leur existence se pencher sur ce genre véritablement passionnant. Le voyage dans le temps et les boucles temporelles connaissant depuis un certain nombre d'années une recrudescence au cinéma et à la télévision (et pas une ''recrue d'essence'' comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, sic!), le regain d'intérêt du public vis à vis d'un sujet qui, sans mauvais jeu de mots, à tendance à tourner en rond, donne parfois naissance à des œuvres tout à fait inattendues. À l'image de l'un de ses tout derniers représentants, intitulé Omni Loop, et dans lequel, le réalisateur et scénariste brésilien Bernardo Britto offre une très intéressante alternative à la grosse machinerie américaine. S'il s'agit là encore d'évoquer le Voyage dans le temps ainsi que les Boucles temporelles, celui-ci les envisage d'une toute autre façon.


La partition musicale analogique de la compositrice américaine Kaitlyn Aurelia Smith participe à merveille à l’émulsion entre les personnages, le récit et le sujet des Boucles temporelles...


Phénomène souvent incontrôlé auxquels les protagonistes des récits tentent généralement d'échapper, l'héroïne ici incarnée par la formidable Mary-Louise Parker reproduit la ''séquence'' de manière indéfinie afin de résoudre l'une des questions fondamentales qui se posent lorsque l'opportunité de revenir en arrière pour changer certains faits se présente. Un désir ouvertement prononcé par Zoya Lowe, l'héroïne en question, mais également une contrainte forcée puisque cette quinquagénaire se sait condamnée à mourir dans cinq jours. Cinq pas plus. Et autant de journées qu'elle revit, inlassablement, en avalant une étrange gélule qui la fait donc revenir dans un tout récent passé. Ancienne physicienne, Zoya a travaillé il y a longtemps sur cette étrange gélule dont elle avait découvert une boite à moitié remplie dans le jardin familial alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente. Découvrant lors de son premier usage le pouvoir de celle-ci, elle en usa lors de ses ''brillantes'' études lui ouvrant par la suite les portes d'une grande entreprises de recherches scientifiques. Ici, le temps est une monnaie dont le prix n'est pas négociable. À moins que Zoya ne parvienne à déterminer la composition de la gélule afin que le voyage de cinq jours se transforme en mois et pourquoi pas, en années. Elle va pour cela demander de l'aide à Paula (excellente Ayo Edebiri), une jeune étudiante en sciences qu'elle va tout d'abord tenter de convaincre de l'existence de cette boucle temporelle dans laquelle elle s'est enfermée afin que la jeune femme l'aide à résoudre l'épineux problème de cette gélule qui restreint le voyage dans le passé à cinq jours... Plus qu'une œuvre de science-fiction, Omni Loop est un drame très touchant, évoquant la famille et renvoyant donc le genre à certaines de ses fondations : tout reprendre depuis le début afin de modifier certains événements. Comme ici, les rapports de Zoya vis à vis de sa fille Jayne (Hannah Pearl Utt) qu'elle a quelque peu délaissée au profit de son métier. Le duo formé par Mary-Louise Parker et Ayo Edebiri est très touchant. Au fil de l'épreuve qu'elles vivront ensemble, leur relation deviendra presque celui d'une mère et de sa fille. Dénué de tout effet-spécial ou presque (''l'évaporation'' de Zoya ou ce trou noir qui la ronge), Omni Loop est une grande réussite, toute en émotion et en sensibilité. Parfois intimiste sans jamais être rébarbatif mais aussi très ludique dans la forme que prend le montage du récit. L'on notera en outre la présence inattendue de l'acteur Harris Yulin dans le rôle du professeur Duselberg. Bref, Bernardo Britto réussit le pari de mêler drame et science-fiction. Une brillante démonstration portée par l'émouvante interprétation de ses deux principales protagonistes...

 

dimanche 15 décembre 2024

The First de Beau Willimon (2018) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Le funeste destin de la série The First m'évoque une chanson. L'Aquoiboniste de Jane Birkin. En fait, tout dans cette série américaine de science-fiction créée par Beau Willimon et diffusée pour la première fois sur la plateforme HULU renvoie ne serait-ce qu'au titre de cette sympathique mélodie écrite et composée par Serge Gainsbourg. Cet aquoibon dont se parent souvent les producteurs lorsqu'un programme cinématographique ou télévisuel ne remplit ni le cahier des charges, ni les poches de leurs créanciers ! Aquoibon donner aux spectateurs les premières miettes d'un concept fort encourageant, si peu original soit-il (la conquête spatiale vers la planète Mars étant devenue l’apanage de nombreuses séries et longs-métrages), pour ensuite leur retirer la fourchette, le couteau et l'assiette du ''délicieux'' plat qu'ils avaient devant leurs yeux. Si l'on se réfère à son seul titre, The First n'a d'emblée rien de très prometteur. Le premier. Okay, mais de quoi ? Par contre, si l'on suit le synopsis et la richesse que cache l'idée d'une colonisation de la Planète Rouge, là c'est autre chose. Et d'ailleurs, à ce sujet, la série démarre plutôt bien puisque d'emblée, nous sommes en 2033 et l'on assiste au décollage d'une fusée à destination de Mars... laquelle explose en plein vol, faisant ainsi d'une partie des spectateurs venus assister à l'événement, des familles endeuillées ! Dès lors, un procès va opposer ces dernières, les dirigeants de la société privée VISTA qui collabore avec la NASA ainsi que les membres du Congrès s'agissant de la pérennité du projet. L'on apprend également qu'il faudra patienter presque deux ans et la prochaine fenêtre de tir pour envoyer la prochaine fusée et son nouvel équipage à destination de Mars. Deux ans ! Et autant de raisons proprement absurdes pour les scénaristes de se concentrer presque exclusivement sur la caractérisation des personnages. Et c'est bien là que le bât blesse. Faisant ainsi des créateurs, des réalisateurs (Deniz Gamze Ergüven, Agnieszka Holland, Ariel Kleiman et Daniel Sackheim) et des scénaristes (Beau Willimon, AJ Marechal, Francesca Sloane, Francine Volpe, Julian Breece, Carla Ching et Christal Henry) les complices d'une œuvre presque mensongère. 

 

Du moins en ce qui concerne la forme sous laquelle va se présenter cette première saison qui selon les dires de celles et ceux qui l'ont découverte dans son intégralité (huit épisodes en tout) se passe exclusivement sur le sol terrestre. On n'en voudra évidemment pas aux auteurs de cette série mettant en scène l'acteur Sean Penn dans le rôle de l'astronaute Tom Hagerty et l'actrice Natascha McElhone dans celui de l'une des responsables du projet, Laz Ingram, d'avoir voulu accorder une très grande importance à la caractérisation des principaux personnages, mais de là à les garder les pieds sur Terre tout au long de la saison alors que les spectateurs ne rêvaient que de voir un groupe d'astronautes prendre son envol vers la Planète Rouge, on peut comprendre que ceux-ci se soient rapidement désolidarisés du concept, causant ainsi d'irrémédiables dommages sur la continuité de la série ! Aquoibon, donc, se farcir les affres des uns et des autres même si au moins un épisode s'avère émotionnellement très bien écrit (le second, intitulé Ce qui est nécessaire) ? Entre ce qu'attendaient les téléspectateurs et l'approche des scénaristes, forcément, cela ne pouvait pas matcher. D'autant plus qu'en terme d'émotion, justement, l'on passe d'un épisode très réussi à un autre dont le contenu est d'une faiblesse scénaristique crasse (le troisième, Cycles). Si l'on conjugue ainsi le propos mensonger qui voudrait que la série transporte ses protagonistes à plus de soixante millions de kilomètres de notre planète à des sous-intrigues dont la qualité d'écriture joue au yo-yo et varie donc selon leurs auteurs et leur inspiration, rien d'étonnant à ce que The First n'ait pas trouvé son public. Réduire ne serait-ce que de moitié l'exposition sur Terre pour ensuite lancer les personnages dans cette grande aventure spatiale qu'est la conquête de Mars aurait sans doute renversé la vapeur et nourrit l'espoir d'une seconde saison viable et riche en promesses...

 

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