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mercredi 25 mai 2022

La Terra dei Figli de Claudio Cupellini (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 

 


 

''Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitres entiers dans des livres d'histoire... Mais après la fin, aucun livre ne fut plus écrit''... Mais un film, lui, prit la relève et nous conta ce qu'il advint de notre planète et de son humanité après qu'un étrange fléau ait mis fin à toute civilisation... Il semblerait que depuis peu, le cinéma fantastique, horrifique et de science-fiction italien connaisse une résurgence comme l'a récemment souligné avec une indiscutable crédibilité, le chef-d’œuvre de Gabriele Mainetti. Freaks Out. Serait-ce au tour du réalisateur Claudio Cupellini de nous prouver à nouveau que le bon côté de la chose se situe désormais dans le camp de celles et ceux qui s'expriment AUSSI avec leurs mains ? Ce long-métrage dont on attend probablement (ou bien sans doute) un peu trop s'intitule La Terra dei Figli (Le pays des enfants). L'espoir se trouve peut-être à quelques années de distance dans un futur que dépeint cette œuvre de science-fiction post-apocalyptique rendue disponible en VOD depuis hier. CRAINTE... Car a priori l'on assiste à une boucle temporelle qui indéfiniment ramène toujours le cinéma au point de départ. De ces univers qui dépeignent un monde dévasté, où l'homme, quelque soit sa constitution, tente de survivre par ses propres moyens. Avec plus ou moins de rage ou de sagesse. Le pays de la mozzarella di bufala, du carpaccio ou des lasagnes est un habitué ancestral de ce sous-genre qui dans les années quatre-vingt notamment, a donné naissance à une progéniture parfois informe mais dont une grande majorité de ses exemplaires a gagné ses galons de films cultes ! Aujourd'hui, reproduire ces miraculeuses bobines est mission pratiquement impossible. Seuls des ersatz survitaminés, bourrés de CGI mal fagotés, tentent de reproduire la recette sans jamais y parvenir. Manque des ingrédients devenus introuvables qui portaient, au hasard, les noms devenus d'une certaine manière, ''prestigieux'', de Bruno Mattei (Les rats de Manhattan), Sergio Martino (2019, après la chute de New York) ou Enzo G. Castellari (Les guerriers du Bronx)... et la liste est encore longue...


Mais trêve d'incertitude et de bavardages et place à l'action. Claudio Cupellini nous épargne malheureusement d'emblée ces mastodontes de verre, de béton et d'acier qui trônèrent au centre des grandes villes, désormais bouffés par une mère Nature redessinant ses propres contours comme une multitude de cancers en phase terminale. Ici, c'est la mer, à perte de vue, précédée par une plage de sable fin jonchée de bois flottants. Puis s'invitent des marécages et quelques bâtisses rudimentaires. Image léchée mais tonalités automnales. La Terra dei Figli se situe dans un tempo qui s'éloigne drastiquement de ce que l'on avait l'habitude de voir quarante ans en arrière. Y domine alors la contemplation. Un univers quasi figé, prostré dans la solitude de sa poignée de protagonistes. Va s'y jouer alors le destin d'un gamin dont le père vient tout juste de disparaître (au sens propre comme au figuré) et qui derrière lui a laissé un carnet de notes. Problème, le jeune ''Il figlio'' qu'interprète l'acteur Leon de la Vallée est illettré et n'est donc pas en mesure de déchiffrer son contenu. Désormais laissé à l'abandon dans un univers potentiellement hostile, l'adolescent décide de quitter le lieu de vie qu'il partageait jusque là avec son père pour découvrir le monde. Une initiation qui aura notamment pour but de trouver sur sa route, celui ou celle qui sera en mesure de lui révéler ce que contient le carnet de notes de son père. Voyage en terres désolées, dans un univers post-apocalyptique et ouvrage en main, on croirait presque le scénario de Claudio Cupellini, Guido Iuculano et Filippo Gravino inspiré par le formidable Livre d'Eli des frères Albert et Allen Hughes et par leurs scénaristes Gary Whitta et Anthony Peckham. Et pourtant, rien de commun puisque La Terra dei Figli est en réalité une adaptation du roman graphique La Terre des Fils de Gipi...


Si le rythme très particulier risque de miner l'intérêt des fans de science-fiction post-apocalyptique italienne de la première heure, ce sera sans doute parce que le réalisateur italien a préféré au sensationnel, choisir une approche plus personnelle et intimiste. Ici, rien de chaotique ni de survolté. Le réalisateur australien George Miller peut dormir sur ses deux oreilles puisque La Terra dei Figli n'est pas de ces œuvres ultra nerveuses et forcément barbares. À force de boire son café sans sucre, on n'en perçoit plus l'amertume. Et bien, c'est ici tout le contraire. Balayé par le vent et écrasé par des couches de nuages successives, le film de Claudio Cupellini s'octroie tout de même quelques moments d'intense péripéties qui ne transformeront pourtant pas finalement l’œuvre en un objet tout à fait remarquable. Entre quête de réponses et désespérance, il manque peut-être un crescendo qui aurait permis de faire avancer le récit vers une stupéfiante conclusion. Bouleversée mais pas bouleversante, la tragédie qui entoure la jeune Maria (l'actrice Maria Roveran) arrive sans doute trop précipitamment. En tout cas, bien trop tôt pour que la caractérisation du personnage permette une réelle empathie vis à vis du spectateur. Pour être tout à fait honnête,ceux qui pensaient que le film manquait de ces quelques éléments qui constituent l'essentiel de ce genre de projet, le voyage ne se fera pas tout à fait sans heurts. Il arrivera même à La Terra dei Figli d'être touchant, certes dans de toutes petites proportions. Une émotion qui pourra se présenter sous la forme d'un homme au visage sans doute abîmé par ce fléau qui détruisit toute civilisation. Au point de regretter que le superbe violoncelle qui accompagne la composition musicale de Francesco Motta n'ait pas marqué plus intensément les aventures du jeune héros. Si le film avait bénéficié dans de plus larges proportions du climat troublant que revêt cette séquence, sans doute aurait-il pu prétendre au titre de l'une des grandes œuvres de science-fiction de l'année 2022. Malheureusement, et malgré ses qualités, La Terra dei Figli risque de s'oublier relativement vite...

 

 

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