Sans même avoir lu le plus petit synopsis qui soit ni même avoir
jeté un œil à la moindre bande-annonce, à la seule évocation de
son titre, la série québécoise Ils sont parmi nous
semble d'emblée désigner la possibilité d'une rencontre
extraterrestre entre les protagonistes du récit et des êtres venus
d'une galaxie lointaine. La Classification de Hynek s'agissant de
l'observation d'ovnis ou mieux encore d'une rencontre rapprochée
avec les passagers de l'un d'entre eux (dont la plus extraordinaire
demeure celle du troisième type), jusqu'à ce que nous soient très
officiellement révélées d’hypothétiques rencontres avec des
petits hommes verts ou gris, le doux rêveur qui espère chaque fois
qu'il lève la tête vers le ciel tomber sur un Objet Volant Non
Identifié doit pour l'instant ronger son frein et passer par la
fiction pour donner corps et réalité à sa passion. Clémence
Dargent et Martin Douaire créèrent en 2021 l'excellente série
française OVNI(s)
réalisée par Antony Cordier. Laquelle se basait sur le Groupe
d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés
plus connu sous l'acronyme Gepan
et
dont la spécificité est comme son nom l'indique d'étudier le
phénomène Ovni depuis la seconde moitié des années soixante-dix.
S'agissant de la série québécoise créée cette fois-ci par Jérôme
Léger et Raphaël Côté, les personnages principaux du récit
évoluent au sein de la fantaisiste Agence
Canadienne de la Conformité Aérospatiale.
Dirigée par Jocelyn Terreault (Gildor Roy), l'A.C.C.A
connaît des heures douloureuses depuis que le ministre de la
sécurité René Ryan (Stéphane Crête) a pris la décision de
fermer et de mettre un terme au financement de l'agence une bonne
fois pour toute. Alors que certains membres de la petite équipe en
sont réduits à se demander ce qu'ils vont devenir, c'est
précisément le jour de l'annonce de la fermeture de l'A.C.C.A
que Béatrice Thomas (Julianne Côté) est engagée à l'agence.
Devant le désarroi de certains de ses nouveaux collèges et de
Jocelyn Terreault, la jeune femme envisage l'idée de monter de toute
pièce une fausse apparition d'ovni dans le ciel afin d'intéresser
l'opinion publique et ainsi faire revenir le ministre sur sa
décision. Le soir même, elle et son nouveau patron se rendent dans
un champ et enregistrent le drone que Béatrice a emporté avec elle,
lequel a l'allure d'une petite soucoupe volante.
Filmant
la séquence, le duo (enfin, surtout Jocelyn) se rend bien compte du
désastreux résultat et décide de retourner à l'agence sans pour
autant exploiter leur enregistrement. Pourtant, non loin de là, un
couple d'influenceurs a assisté au vol du drone sans soupçonner la
présence de Béatrice et de son patron. Persuadés d'avoir filmé
une soucoupe volante, les deux jeunes gens vont alors partager leur
découverte sur les réseaux sociaux... Réalisé par Jérôme Léger
et produite par la société de production de cinéma et de
télévision canadienne Pixcom
fondée par Jacquelin Bouchard en 1987, Ils sont
parmi nous
est une mini-série fort sympathique pour laquelle va sans doute
falloir prendre quelques précautions avant de lancer sa projection.
En effet, la particularité de l'accent québécois et d'une partie
du vocabulaire employé contraindra sans doute tout ou partie du
public hexagonal à regarder les huit épisodes de la saison
agrémentés de sous-titres. À défaut de quoi, l'expérience risque
de se révéler compliquée. Et même, si l'on finit par s'accoutumer
à l'idée de jongler entre ce que l'on entend et ce qui est écrit
au bas de l'image, il faudra sans doute malgré tout un court moment
d'adaptation. L'une des particularités de Ils
sont parmi nous
s'inscrit dans la courte durée des épisodes qui oscillent entre dix
et quinze minutes pour un total se rapprochant finalement de celle
d'un téléfilm ou d'un long-métrage cinéma. Essentiellement
tournée dans les locaux de la dite A.C.C.A,
la série ressemble à un ersatz de Caméra café
(sans
sa machine à boissons) où l'humour est ici aussi très présent. Au
vu de l'évolution de l'intrigue il va évidemment difficile de
ranger Ils sont parmi nous
dans le genre science-fiction
tant le sujet tient de la supercherie. L'on passe un très agréable
moment devant une poignée d'interprètes et de personnages fort
sympathiques (en dehors de l'excellent Stéphane Crête qui incarne
un ministre de la sécurité parfaitement imbuvable !). La courte
durée n'est en soit pas vraiment gênante puisque le réalisateur va
droit à l'essentiel. Les coupures causées par les génériques de
débuts et de fin sont relativement courtes et ne laissent donc pas
le temps au téléspectateur de ''sortir'' du concept. Notons que la
toute fin laisse la porte ouverte à une éventuelle seconde saison
que l'on espère découvrir très bientôt...