mercredi 5 septembre 2018

Independence Day de Roland Emmerich (1996) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



2009, sortie de Avatar de James Cameron. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Un vague souvenir, mais surtout, une incapacité à le revoir sans éprouver un terrible ennui. 1996, sortie de Independence Day de Roland 'tâcheron' Emmerich. Qu'en reste-t-il ? Rien ! Ou plutôt, autant qu'à l'époque de sa diffusion sur grand écran. Du néant qu'il dégageait alors, le film au budget total de quatre-vingt quinze millions de dollars a conservé toute sa crétinerie, son sens de la bravoure pro-américaine. Son message de propagande. Déjà grotesque à l'époque, l'auteur du tout aussi pénible 2012 accoucha même il y a deux ans d'une séquelle au monstrueux budget de deux-cent millions de dollars. Plus du double. Résultat : encore plus mauvais que son prédécesseur. Roland Emmerich, c'est un peu le Luc Besson d'Outre-Atlantique. Placez-le dans un bac à sable rempli de billets verts, et il vous pondra nanar sur nanar. Des grosses machines, vulgaires, incohérentes, mégalomaniaques, bourrées d'effets-spéciaux tenant sur des scénario aussi linéaires qu'une droite partant d'un point A et rejoignant un point B. Pas de circonvolutions. Aucun parasite, pas d'aspérités. Pas de méchants, ici, non plus. On est aux States. Le pays de la morale. Le number one en matière d'armement et de défence. Et si quelqu'un osait vouloir contredire cet état de fait, une piqûre de rappel lui ferait du bien : Independence Day.

Le film a cette faculté incroyable de vous rendre détestable tout acteur ayant participé à l'aventure. Oui, car à part l'irréprochable Jeff Goldblum dans le rôle de l'analyste informaticien David Levinson, l'excellent 'Prince de Bel Air' incarné sur nos petits écrans par Will Smith agace à force de bons mots. Comme ces 'youh ouh !' (pardon pour l'orthographe) entendus alors qu'une vague de chasseurs s'attaque à un vaisseau de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre (la folie des grandeurs s'en étant encore pris à Roland Emmerich). Qui ira croire un tel comportement, même du plus courageux pilote de la United States Air Force, face à l'enjeu auquel il s'apprête à s'attaquer ? Emmerich veut faire participer son public américain. Celui déjà acquis depuis bien longtemps à sa cause. Il veut que ses adolescents braillent dans les salles de cinéma. Hurlent si fort qu'on les entendrait de l'extérieur. Will Smith, lui, rate son incarnation du capitaine Steven Hiller. Qui lui en voudrait ? Car c'est bien sous la direction de Roland Emmerich que l'acteur de sitcom devenu grand par la suite n'a fait que rejouer son éternel rôle de gamin originaire de Philadephie de l'excellente série Le Prince de Bel-Air. Non, tout mais surtout pas ça. Amusant cinq minutes, mais lourd sur la durée..

Et que dire de Bill Pullman, l'excellent interprète du chef-d’œuvre de David Lynch qui allait sortir un an plus tard, Lost Highway ? Ici, il incarne toute l'hypocrisie américaine. Toutes ces valeurs vomies par une nation qui livre à quiconque, le droit de posséder une arme à feu. Le voilà endossant le rôle d'un président préoccupé du sort de ses concitoyens à un tel niveau de conscience que son jeu sonne terriblement faux. Qui croirait que le premier homme des États-Unis serait capable de retrousser les manches de sa chemise à ce point pour combattre en première ligne un tel ennemi ? Certainement pas moi. Independence Day offre son comptant de scènes mielleuses à souhait, et dans ce domaine, le quota est scrupuleusement respecté. Le film de Roland Emmerich a la particularité de ne montrer aucun antagoniste humain. Un choix sans doute justifié par la présence plus qu'hostile de créatures venue d'ailleurs, mais à combien de reprises a t-on pu voir se révéler la face d'ombre de l'homme dans un cas tel que celui-ci ? Mais le pire reste à venir lorsque le président des États-Unis d'Amérique lui-même endosse l'uniforme de pilote pour aller lui aussi casser du E.T. Risible et hautement improbable. Nous sommes bien là devant un spectacle dont l'objectif n'est certes pas d'éveiller les consciences mais plutôt d'abrutir les masses devant un cortège d'effets-spéciaux qui, eux, auront par contre le mérite d'être réussis. Pour le reste, Independence Day est un piètre exemple de science-fiction...

mardi 4 septembre 2018

UFO de Ryan Eslinger (2018) - ★★★★★★★★☆☆



Ils sont un certains nombre à avoir aperçu dans le ciel, un OVNI. Les spéculations vont bon train. Sur son origine, ses dimensions. Les autorités cherchent à étouffer l'affaire en prétextant qu'il s'agit d'un modèle d'avion. Certains témoins sont contraints de se taire, d'autres d'apporter de fausses affirmations. Cette affaire qui aurait pu devenir anecdotique va cependant faire l'objet de la ténacité de Derek, un jeune étudiant. Brillant, féru de mathématiques, un brin insolent, mais qui à force de volonté, va peu à peu dénouer le nœud d'une affaire aux proportions que dépassent le commun des mortels. Car si UFO brille par son intelligence et pourra être considéré par les ufologues du monde entier comme l'un des exercices cinématographiques les plus brillants, il sait demeurer ludique. Même pour un profane, comme moi. Qu'il s'agisse des mathématiques. Ou tout simplement du phénomène ovni dont le film nous éclaire sur les manipulations orchestrées par les états du monde entier qui tentent chaque de les étouffer dès que l'un d'eux se présente.

L'une des grandes qualités du long-métrage de Ryan Eslinger, de celles qui pourtant feront bondir (de rage) ou bailler (d'ennui) les amateurs de blockbusters du style Independence Day, est d'avoir su concilier la fiction et la science avec une maîtrise telle que le moins averti en matière d’algorithmes, de mystères entourant les nombres, de théories complotistes ou d'ovnis se sentira à l'aise devant les explications du petit génie en mathématiques. Épuré, sobre, profond, UFO offre une approche idéale au sujet qu'il aborde. Des dialogues jusqu'à l'interprétation en passant par la mise en scène, l’œuvre de Ryan Eslinger brille de mille feux tout en évitant la surenchère visuelle de coutume dans ce genre de films. Avec UFO, c'est la science-fiction qui frappe à notre porte. Elle n'aura que très rarement semblé aussi proche de nous. Le réalisateur prêche ici en faveur des ufologues en mettant en avant les contradictions des sceptiques et de ceux qui veulent faire taire toute rumeur. Le film révèle aussi quelques grandes questions fondamentales restées aujourd'hui sans réponse et présageant de leurs conséquences en cas de résolution :

Est-ce que Dieu Existe ? Que se passe-t-il après la mort ? Sommes-nous seuls dans l'univers ? L'arrivée de cet ovni est pour Derek l'occasion d'aborder son existence sous un angle nouveau. Il lui fallait cette impulsion venue d'ailleurs pour faire les bons choix afin d'avancer. Admirablement incarné par l'acteur Alex Sharp, le film lui oppose le quotidien auquel tout adolescent est confronté. Ella Purnell incarne Natalie, la petite amie de Derek. David Strathairn interprète quant à lui, le rôle du chercheur Franklin Ahis. Mais la grosse surprise du film (et les fans de la série télévisée X-Files ne me contrediront pas), c'est la présence à l'écran de l'actrice Gillian Anderson dans la peau du professeur de Derek, Rebecca Hendricks, une présence émouvante, surtout lorsque l'on sait que l'actrice a définitivement raccrocher les gants concernant la série et le rôle qui la rendirent mondialement célèbre.
En la conviant sur le tournage de UFO, Ryan Eslinger rend non seulement hommage à l'actrice mais également au personnage de Dana Scully qu'elle incarna le long de onze saisons en lui permettant de prolonger virtuellement l'expérience à travers le rôle offert dans son dernier long-métrage. Et dire qu'aucune date de sortie sur grand écran n'est prévue. Un fait honteux et incompréhensible déjà rencontré à maintes reprises (pour exemple, le fabuleux Prédestination de Michael et Peter Spierig). UFO est un très beau film, intelligent, à l'attention des ufologues mais pas seulement. Derrière l'aspect hermétique de certains sujets abordés, il est d'une profondeur qui mérite qu'on lui accorde quatre-vingt dix petites minutes de notre temps...

mercredi 29 août 2018

Terminator 3 : le Soulèvement des machines de Jonathan Mostow - ★★★★★★★☆☆☆



Alors que l'on pensait l'avenir de Skynet définitivement relayé au passé grâce à la conclusion de Terminator 2 : Judgment Day de James Cameron, plus d'une dizaine d'années plus tard est mis en chantier un troisième épisode auquel le créateur de la célèbre franchise ne participera pas, que ce soit au niveau de la réalisation comme en tant que scénariste. Cette lourde responsabilité incombera au réalisateur et producteur américain Jonathan Mostow, auteur auparavant des sympathiques Breakdown et U-571. S'attaquant donc pour la première fois à la science-fiction (avant de réaliser Clones six ans plus tard), le cinéaste reprend les personnages emblématiques de la franchise et propose une relecture du second volet tout en occasionnant d'importantes modifications dans sa toute dernière partie.
John Connor a pris quelques années et vit désormais de petits boulots mais demeure incapable de rester à sa place, convaincu que Skynet n'est pas qu'un simple mauvais souvenir et qu'il réapparaîtra bientôt. Ce que semble confirmer très rapidement l'apparition d'un nouveau type de machine venue du futur et prenant désormais l'apparence d'une femme. Ce modèle est le plus performant à avoir été envoyé sur Terre dans le présent jusqu'à maintenant. Plus évolué que le T-800 du premier film, et que les T-850 et T-1000 du second, le T-X est la plus redoutable machine conçue par Skynet. Recouverte d'une «armure Céramique cristalline malléable entrecroisée avec les nano-fibres de carbone et de titane et cela avec une couche de polyalliage mimétique qui réduit chaque impact» (http://terminator-the-war-b.forumactif.com/t19-les-modeles-de-terminator).

Alors que nous aurions pu craindre que ce nouveau volet de la franchise Terminator ne pâtisse de son changement de réalisateur et de scénariste (le scénario étant désormais à la charge de John D. Brancato et de Michael Ferris), Terminator 3: Rise of the Machines se révèle finalement capable d'être aussi addictif que les deux premiers. Surtout le second (le premier demeurant inattaquable comme le prouvera beaucoup plus tard le Terminator Genisys d'Alan Taylor) puisque le film de Jonathan Mostow n'est en vérité qu'un remake déguisé de Terminator 2 : Judgment Day. Mais là où se démarque véritablement ce troisième volet, c'est dans sa mise en scène. Alors que le second souffrait de quelques lenteurs assez difficiles à digérer, Jonathan Mostow nous propose une véritable entreprise de destruction lors de scènes de course-poursuite qui donnent véritablement le tournis. Dans le genre, la scène durant laquelle le T-X poursuit John Connor et sa future épouse et alliée Katherine Brewster (l'actrice Claire Danes) dans les rues d'une cité à bord d'un camion modèle 'Avtokran Champion' (modélisé dans le jeu vidéo GTA 4) est exemplaire. Des véhicules par dizaines, des façades de magasins, des pylônes électriques. Tout y passe par la moulinette, dans un joyeux feu d'artifices laissant derrière lui un véritable champ de ruines. Et ce qui n'aurait pu être que l'exemple d'une course-poursuite orpheline d'une œuvre ne s'abandonnant par la suite qu'à l'errance de ses personnages n'est en réalité que la première d'une succession de scènes de bravoures parfaitement millimétrées. Alors bien entendu, le scénario, lui, est des plus légers même s'il demeure tout à fait logique. Mais le spectacle est parfois si jouissif que l'on se contente finalement de ce que le cinéaste et son équipe nous proposent. Un blockbuster voué à la destruction en masse. D'ailleurs, Terminator 3: Rise of the Machines n'est-il pas qu'un remake inavoué du second volet ? On imagine déjà connaître la fin, et pourtant, Jonathan Mostow saura nous étonner avec une conclusion qui ne sera que partiellement attendue.

Si Arnold Schwarzenegger a longtemps exprimé son envie de ne pas participer au projet puisque James Cameron n'en faisait pas partie, c'est grâce au cinéaste lui-même qui l'a convaincu de changer d'opinion que les spectateurs ont pu découvrir à nouveau l'acteur américain dans la peau du T-850, le modèle que l'on rencontrait pour la première fois dans le second volet de la franchise. Moins 'poseur' en terme de dialogues que dans Terminator 2 : Judgment Day, l'acteur et Kristanna Loken (le T-X) s'en donnent par contre à cœur joie lors des combats qui les oppose en prenant la pause lors de duels épiques entre les deux machines. En terme d'effets-spéciaux, le travail du célèbre maquilleurs Stan Winston est remarquable. Quant aux effets-spéciaux numériques, œuvre de Industrial Light and Magic (ILM), ils améliorent très nettement ceux du précédent volet dont l'apparence demeurait parfois un peu trop...'mécanique'. Terminator 3: Rise of the Machines est une excellente surprise, qui dans la célèbre franchise n’innove peut-être quasiment jamais, mais offre un spectacle visuel fort réjouissant...

dimanche 12 août 2018

Aliens - Zone of Silence de Andy Fowler (2017) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Concepteur d'effets visuels sur Noé de Darren Aronofsky, San Andreas de Brad Peyton, ou encore 300 de Zack Snyder, le producteur et scénariste Andy Fowler s'essayait à la réalisation l'année dernière avec son premier long-métrage. Une œuvre de science-fiction employant la méthode consistant à filmer caméra à l'épaule, sous la forme d'un found-footage, sur un scénario écrit de ses propres mains. Le résultat, à l'écran, est plus que mitigé. Voir affligeant, Alien – Zone of Silence ne se détachant absolument pas de la masse importante de found-footages qui ont été tournés depuis une bonne décennie. Le cinéaste aurait mieux fait de réfléchir à deux fois avant de nous proposer un produit totalement formaté et à l'attention unique d'un public adolescent capable de sursauter au moindre bruit et à la moindre déformation de l'image. Et dans ce sens, son premier long-métrage semble avoir digéré tout ce qui se fait de mieux, mais également de pire en la matière. A dire vrai, Alien – Zone of Silence ne se différencie du catastrophique Paranormal Activity d'Oren Peli que par son scénario. Ici, si les extraterrestres ont remplacé les poltergeists. Le résultat est le même : désastreux.

Tourné au Mexique, ce long-métrage mêlant science-fiction et found-footage est aussi vide qu'une coquille d'oeuf découverte dans un désert. Il ne s'y passe absolument rien d'autre que de longues scènes censées approcher son héroïne de la résolution d'une énigme au court de laquelle ont disparu son frère Hal et son ami Alex. Deux adolescents pas très futés qui se sont lancé comme pari d'aller investiguer dans le désert mexicain, et plus précisément dans une zone appelée 'Zone du Silence', et au cœur de laquelle de curieux événements ont pour habitude de se dérouler. Comme dans n'importe quel long-métrage de ce type, les deux adolescents disparaissent, permettant ainsi à la sœur de l'un d'entre eux, Morgan, de partir enquêter sur le lieu de leur disparition. C'est donc armée d'une batterie de caméras et suivie de très loin par son ami Goose, un ancien soldat blessé à la guerre, que Morgan débarque sur un site dont on espère bien entendu qu'il sera le théâtre d'événements merveilleux.

Malheureusement, outre la minceur du scénario qui ne tient qu'en deux ou trois lignes, c'est là que le bat blesse. Car en matière d'événements, à part quelques bruits et autant de mouvements de caméra, il ne se passe pas grand chose. A part entendre Morgan pleurnicher et visionner les quelques vidéos enregistrées sur les cartes mémoires que son frère a laissé derrière lui dans le désert, Alien – Zone of Silence est d'un ennui abyssal. Dans le genre, déjà fort minimaliste, le film d'Andy Fowler est un modèle d'attentisme. Son œuvre a beau ne pas dépasser les soixante-dix sept minutes, le temps se révèle fort long et il n'est pas rare que nos paupières se ferment devant l'absence d'enjeu véritable. Vu le principe engagé dans ce type de film, les interprètes n'ont pas d'efforts particuliers à fournir en matière de jeu d'acteur puisqu'ils paraissent improviser la plupart des scènes. Lorsque l'on sait que l'auteur de cette mauvaise plaisanterie est à l'origine un concepteur d'effets visuels plutôt talentueux, on s'étonne qu'il prenne les spectateurs à contre-pied avec une première mise en scène avare en terme d'effets-spéciaux. Noyé au beau milieu de dizaines d'autres found-footage, Alien – Zone of Silence se révèle inutile et ses personnages épuisants d'inactivité. Une œuvre laborieuse qui n'engage rien de bon concernant l'avenir d'Andy Fowler en tant que réalisateur...

jeudi 2 août 2018

Время Первых (The Spacewalker) de Dmitri Kisseliov (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



En pleine guerre froide, et alors que la course à la conquête de l'espace revêt une importance considérable pour les États-Unis et l'URSS, certains dirigeants de l'Union Soviétiques s'inquiètent des progrès effectués par les américains qui risquent très bientôt d'envoyer dans l'espace un vol habité. C'est la raison pour laquelle le lieutenant-général Nikolaï Kamamine presse les ingénieurs du programme spatial d'accélérer les choses en avançant la date du premier lancement d'une navette habitée par deux hommes. Celui-ci étant désormais prévu pour 1965 et non plus 1967, le vol sera dirigé par les pilotes de l'armée soviétique Pavel Beliaïev et Alexeï Leonov. Mais en précipitant les choses, le lieutenant-général Nikolaï Kamamine ne semble pas avoir réellement pris en compte les enjeux d'une telle décision. Car en coupant l'herbe sous le pied des ingénieurs, il prend le risque de mettre en danger la vie des futurs pilotes insuffisamment entraînés et par le manque de temps nécessaire à la conception d'une navette suffisamment fiable pour ramener les deux hommes sur Terre après leur voyage dans l'espace.
C'est sur ce point de départ que le cinéaste Dmitri Kisseliov décide de réaliser en 2016 le film Время Первых (The Spacewalker), s'inspirant ainsi de l'événement qui eut lieu le 18 mars 1965 au dessus du ciel de l'Union Soviétique : la première sortie extra-véhiculaire d'un homme dans l'espace. Et l'homme qui effectua cette prouesse héroïque, c'est le cosmonaute Alexeï Leonov, qui dans le cadre de la mission Voskhod 2 prit en compagnie du commandant de bord Pavel Beliaïev, des risques insensés au nom de l'Union Soviétique et de ses principaux dirigeants.

Un acte humain d'une bravoure que l'on a sans doute un peu de mal à réaliser aujourd'hui, surtout lorsque l'on connaît les progrès effectués depuis. Le long-métrage de Dmitri Kisseliov permet de constater à quel point le pari arbora une apparence suicidaire au vu de préparations considérées alors insuffisantes. Précédé d'un vol d'essai dont le résultat fut l'explosion de Voskhod 1, on imagine sans mal le courage qu'il a fallut à Alexeï Leonov et Pavel Beliaïev pour accepter de monter à bord de Voskhod 2 au péril de leur vie. Comme nous le démontre également Время Первых, arrivée sans encombre en orbite autour de la Terre, la mission a connu quelques ennuis techniques transformant cette belle aventure humaine et spatiale en une œuvre où l'angoisse sourde à travers les pores de ses deux principaux protagonistes incarnés à l'écran par les acteurs Evgueni Mironov et Constantin Khabenski.

Mis en musique par le compositeur Yuriy Poteyenko, le long-métrage de Dmitri Kisseliov prend des allures d'acte de bravoure, ce que l'événement demeure tout à fait au long de ses cent-trente minutes. Plus de deux heures d'un film plutôt réussi, peu ennuyeux, et respectant une certaine crédibilité. La même que celle du Apollo 13 du cinéaste américain Ron Howard, lui-même inspiré d'un fait divers authentique. Loin de la surenchère visuelle du cinéma américain, le spectacle proposé par ce film d'origine russe s'attache surtout à respecter l'Histoire mais n'en demeure pas moins parfois très esthétique. Surtout lorsqu'il est donné au spectateur l'occasion d'assister à la mise en orbite de la navette Voskhod 2.  Le film entretient un bon suspens et offre l'occasion de revenir sur l'un des moments-clés de la conquête de l'espace... Une très bonne surprise qui connaîtra un énorme succès dans son pays d'origine à sa sortie en 2017...

dimanche 24 juin 2018

The Terror Within 2 d'Andrew Stevens (1991) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Alors là ! Je dois avouer qu'Andrew Stevens m'a laissé sur le cul. Non pas parce qu'avec The Terror Within 2 il ait fait des prouesses, mais bien au contraire, parce qu'il a réalisé un véritable monument du cinéma Z. C'est bien simple, il n'y a quasiment rien à sauver de cette suite de The Terror Within premier du nom, que réalisa le cinéaste Thierry Notz deux ans auparavant en 1989. Tout, tout, tout est d'une laideur absolue. L'interprète de The Fury de Brian De Palma, du Justicier de Minuit de J. Lee Thompson (aux côtés de Charles Bronson), ou encore de l'assassin de l'épisode Meurtre en Deux Temps de la célèbre série policière Columbo avec Peter Falk n'a décidément rien à faire derrière une caméra. Et pourtant, c'est bien ce producteur, réalisateur, scénariste surtout connu en tant qu'acteur qui a pondu cette chose. Ce sous-Mad Max trimballant ses protagonistes dans un univers post-apocalyptique qui se réduit à un désert, quelques grottes, ainsi qu'une station renfermant les derniers vestiges technologiques de l'espèce humaine est une souffrance de tous les instants.
Le scénario tient à très peu de choses. Comme dans bon nombre de films du même genre, l'intrigue de The Terror Within 2 suit les péripéties d'un groupe d'humains au lendemain d'une terrible épidémie ayant décimé la quasi totalité de l'espèce humaine. Là encore, les personnages sont confrontés à des barbares, dont la chef ressemble à une sorte de prêtresse entourée de gros bras décérébrés. Le héros, lui, est bien sûr incarné par Andrew Stevens qui à cette occasion, s'offre 'le beau rôle'.

Bien que n'ayant pas encore vu le premier volet (un problème qui devrait être résolu dans les jours qui viennent dès que j'aurai mis la main sur une copie), il y a tout de même des détails qui ne trompent pas sur la valeur d'une œuvre comparée à celle dont elle est censée demeurer la descendante. Du casting original, il ne reste plus qu'Andrew Stevens. On aurait pourtant aimé que l'acteur George Kennedy rempile une nouvelle fois, quitte à interpréter un nouveau personnage.
The Terror Within 2 est presque une histoire de famille puisque dans le rôle de Kara, nous retrouvons l'actrice Stella Stevens, qui n'est autre que la propre mère de l'acteur-réalisateur. Concernant les autres interprètes, disons qu'aucun d'entre eux n'aura fait de carrière suffisamment importante pour être (re)connu chez nous. Par contre, le film est produit par Roger Corman, qui lui est célèbre pour avoir produit ( Cinq Femme à Abattre de Jonathan Demme, La Course à la mort de l'an 2000 de Paul Bartel, etc...) et réalisé (Not of This Earth, L'Enterré vivant, Le Corbeau, ou encore Les Gladiateurs de l'an 3000) de très nombreux longs-métrages, dont celui-ci donc.

Plus dingue encore, c'est sur le tournage de ce film (et de quelques autres), que le directeur de la photographie d'origine polonaise Janusz Kamiński a débuté sa carrière. Celui qui tout de même sera derrière les photographies de La Liste de Schindler, Jurassic Park, ou encore Ready Player One, soit la quasi totalité des longs-métrages réalisés par le cinéaste américain Steven Spielberg. Une valeur sûre qui n'est malheureusement pas l'apanage de The Terror Within 2 tant les décors et l'image y sont laides. Tout comme la médiocre interprétation, qui en comparaison des abominables effets-spéciaux demeure encore acceptable. Certaines situations sont tellement grotesques que le film prête parfois involontairement à sourire. J'en veux pour preuve les séquences durant lesquelles sont utilisées des armes en plastique que l'équipe chargée des effets-spéciaux ne s'est même pas donné la peine de munir de cartouches à blanc. En résulte des acteurs qui secouent leur arme, simulant ainsi maladroitement des tirs alors même qu'aucune flamme, aucune poussière n'est éjectée du canon. Quant au récit, il demeure d'un ennui abyssal. A fuir, au risque de se voir irradié devant son petit écran de télévision...

dimanche 17 juin 2018

The Beyond de Hasraf Dullul (2017) - ★★★★★★★☆☆☆




Que les fans de Lucio Fulci ne se désespèrent pas. Non The Beyond du cinéaste (que l'on peut supposer être d'origine indienne) Hasraf Dullul, n'a pas réalisé le remake du chef-d’œuvre du cinéaste italien E tu Vivrai nel Terrore – L'Aldilà (et donc traduit chez nos amis d'Outre-Atlantique sous le titre The Beyond), mais bien une œuvre de science-fiction, d'où sa présence sur L'Idiot Électrique qui comme chacun sait (du moins la poignée de fidèles lecteurs qui se rendent en ses pages) est désormais exclusivement consacré à la science-fiction et ses dérivés (post-apocalyptique, anticipation, etc...) Au vu des quelques parutions relativement navrantes qui ont nourri à la petite cuillère les amateurs de space-opera, de voyages dans le temps et de nouvelles technologies ces derniers temps, le sort de ce blog risquait de prendre une forme bien connue des amateurs de nanars. Heureusement, certains cinéastes plus soucieux que d'autres nous offrent, parfois, de belles surprises.
Loin des blockbusters qui n'auront droit qu'à une toute petite part du gâteau en ces pages, Hasraf Dullul débarque avec en poche, un long-métrage qui s'éloigne très nettement des canons du genre pour explorer un aspect de la science-fiction beaucoup plus rude. Entre terminologies scientifiques et fiction, le cinéaste a réussi là où d'autres se seraient sans aucun doute vautrés. Ne dépassant pas les quatre-vingt dix minutes, The Beyond offre (impose?) un message d'espoir, mais également des recommandations à l'attention de l'Homme. Ce gaspilleur, ce pollueur qui à force d'en faire voir de toutes les couleurs au sol qui l'a vu naître, met en péril sa propre existence. Mais plutôt que d'évoquer les ravages commis par nos semblables, entre guerres (civiles et militaires), pollution, famine, maladie ou accident nucléaire, entre en scène d'immenses sphères en orbite autour de la Terre, mues par d'étranges pulsations.

Hasraf Dullul offre la parole aux scientifiques et ce, sur un ton qui bouleversera les habitudes des amateurs de grosses productions américaines surchargées en effets-spéciaux mais d'une maigreur inquiétante en matière de scénario. Ici, c'est carrément l'avenir de l'espèce humaine qui est en jeu. Comme un certain nombre d'entre nous, ne vous arrive-t-il pas de vous poser des questions s'agissant des moyens mis en œuvre en cas de catastrophe cosmique ? Sur qui se reposer ? L'armée ? Les politiques ? La science ? The Beyond apporte une réponse intelligente à cette question en convoquant toutes les strates d'individus travaillant pour la recherche spatiale. Filmé sous l'angle du documentaire, le film de Hasraf Dullul semble être formidablement bien documenté (j'attends la confirmation des spécialistes). Le scénario laisse planer un doute sur l'issue du récit très honnêtement incarné par un casting très pro dans sa démarche, conduit par une Jane Perry bluffante de naturel.

En accordant une large part au réalisme, le cinéaste stimule l'imaginaire du spectateur qui se voit assister à un événement plutôt cohérent. Les effets-spéciaux aidant le cinéaste dans sa démarche, il arrive qu'entre le visuel et les intervenants on se prenne si bien au jeu qu'on doute sur la performance de certains interprètes, persuadés que la plupart d'entre eux jouent leur propre rôle de scientifique. Sur cet aspect là, Hasraf Dullul a parfaitement rempli son contrat. On aurait cependant aimé que le film soit expurgé de quelques scènes finales inutiles et surtout, d'un moralisme assez dérangeant mais bien dans l'air du temps. Ou comment effleurer la perfection tout en manquant la dernière marche. Au final, The Beyond Hasraf Dullul est une très bonne surprise. Parfois déconcertante, la mise en scène demeure pourtant brillante.Comme l'interprétation. Hasraf Dullul, un cinéaste à suivre qui cette année, vient de réaliser son second long-métrage 2036 Origin Unknown. Un film de... science-fiction...

dimanche 10 juin 2018

Leviathan de George P. Cosmatos (1989) - ★★★★★★☆☆☆☆



Quelle franche rigolade. Et surtout, quelle perte de temps pour le spectateur et pour ceux qui ont mis leurs tripes dans cet ersatz d'Alien, le Huitième Passager de Ridley Scott et de The Thing de John Carpenter. Presque trente ans après sa sortie au cinéma, Leviathan de George P. Cosmatos accuse son âge et ses sources d'influence. Il fallait être un gosse sans cervelle pour sortir de la salle de cinéma le sourire aux lèvres, content d'avoir assisté à un spectacle aussi navrant, ou bien n'avoir encore jamais vu les deux classiques cités ci-dessus. Surtout connu pour avoir incarné le colonel Sam Trautman dans les trois premiers volets de la saga Rambo (il n'apparaîtra dans le quatrième que sous la forme d'un flash-back), l'acteur Richard Crenna, mort d'un cancer du pancréas début 2003 y campe le rôle du Dr Glen Thompson et donne la réplique à l'acteur Peter Weller qui fit une carrière plutôt discrète jusqu'à son interprétation du personnage d'Alex Murphy dans le fameux Robocop de Paul Verhoeven. Les deux acteurs entretiennent un point commun concernant le réalisateur de Leviathan. Le premier joua dans le second volet des aventures de Rambo, et le second dans l'excellent Of Unknown Origin, tout deux réalisés par George P. Cosmatos.

Leviathan, lui, s'il n'est pas aussi désastreux que ces myriades de productions italiennes s'étant emparées des classiques américains mêlant science-fiction et épouvante demeure tout de même très en deçà de ces derniers. Le cinéaste pousse parfois tellement loin l'hommage, qu'il se permet de reprendre jusqu'à la fameuse réplique d'Aliens, le Retour durant laquelle la victime de l'une des créatures belliqueuses s'apprête à donner naissance à un bébé monstrueux (Chestbuster). Alors que Rob Bottin était chargé des remarquables effets-spéciaux de The Thing, c'est Stan Winston qui se retrouve en charge de ceux de Leviathan. La similitude entre les travaux des deux experts en matière de maquillages est étonnante et l'on remarquera, là encore, l'inspiration de Stan Winston puisque sa créature ressemble en tout points à celle du classique de John Carpenter.

C'en devient presque gênant dès lors que le spectateur se verra obligé de faire la comparaison entre les travaux des deux hommes. Un net penchant verra le jour pour ceux de Rob Bottin. Sans doute du au manque de visibilité lors des scènes à effets-spéciaux de Leviathan, George P. Cosmatos ayant semble-t-il beaucoup d'appréhension envers la créature de Stan Winston. Plutôt que de l'exhiber sous tous les angles, le cinéaste choisit de nous la montrer par petits bouts, et de manière, à chaque fois, très succincte. Le récit, quant à lui, est des plus dépouillé. Empruntant une nouvelle fois des idées à d'autres, les scénaristes David Webb Peoples et Jeb Stuart pillent quelques bonnes idées à Abyss de James Cameron. L'intrigue se situe comme dans ce grand classique de la science-fiction dans les fond marins, et l'équipe constituée autour de Peter Weller est là encore, en charge de forer les sols afin d'y extraire du minerai d'argent. Seule différence entre les divers protagonistes. Contrairement à ceux du film du James Cameron, ceux de Leviathan sont assez peu attachés les uns aux autres. A noter que parmi les interprètes se trouve l'acteur Daniel Stern (Buzz « Sixpack » Parrish), que les amateurs de films d'horreur auront reconnu pour avoir notamment joué dans le plutôt glauque C.H.U.D de Douglas Cheek en 1984. on notera également au passage la musique composée par Jerry Goldsmith, auteur d'un paquet d'excellentes bandes originales de films et déjà auteur d'une partition pour le compte de George P. Cosmatos avec celle de Rambo 2 : la Mission en 1985.

En définitive, Leviathan peut être considéré comme un sous-Alien, un sous-The Thing et un sous-Abyss. Un petit film mêlant comme les deux premiers, épouvante et science-fiction mais sans le brio. Une œuvre qui se révèle tout à fait regardable mais pourtant très nettement inférieure à ses sources d'inspiration. Parfois tellement d'ailleurs, que certaines situations prêtent carrément à sourire alors que le but recherché était la peur. Pas vraiment remarquable mais néanmoins divertissant...

samedi 9 juin 2018

Predators de Nimrod Antal (2010) - ★★★★★★☆☆☆☆



A moins que vous n'ayez jamais vu l'original signé par le talentueux cinéaste américain John McTiernan. A moins que le concept de remake vous fasse autant frémir de plaisir que devant un bon porno ou une bonne glace italienne. A moins que vous ayez vidé votre boite crânienne de toute présence de matière grise. A moins que votre mère (ou votre père) vous ait appris dès votre plus jeune âge que Lady gaga, c'est quand même plus classe que Serge Gainsbourg. A moins que le seul nom d'Arnold Schwarznegger ne vous refile d'affreux boutons d'acné. A moins, enfin, que l'idée d'aller vous enfermer dans une salle obscure pour aller y découvrir un nanar de quarante millions de dollars vous excite, je ne vois pas comment vous pourriez adouber ce Predators signé par le réalisateur hongro-américain Nimrod Antal. Adrien Brody a beau avoir été un pianiste exemplaire dans le film éponyme de Roman Polanski, c'est bizarre, mais le voir accoutré comme un Schwarzenegger ayant perdu la moitié de son poids (et donc la moitié de ses muscles) en court de route, ben, ça le fait déjà beaucoup moins.
Le concept du 'je balance en pleine forêt des individus de toutes origines et les confronte à une créature venue de l'espace' possède autant de charme qu'il ne prend de risques. LA bonne idée de ce concept est de s'opposer totalement à celui du Predator de John McTiernan qui au contraire, opposait la créature du titre à un groupe, dès le départ, très soudé. Un soldat des forces américaines, un mexicain travaillant pour le cartel de la drogue Los Zetas, un membre des Spetsnaz qui combattait en Tchetchénie, un yakuza, ou encore une sniper de l'Armée de défense israélienne. Mais pas de belge. Il ne s'agit donc pas d'une blague, ni d'une parodie, mais plutôt d'un troisième volet, plus qu'un remake.

C'est en bon vieux quadragénaire, fan du premier Predator (et beaucoup moins du second), que j'ai peut-être exagéré en comparant ce Predators à un nanar. Car si le film de Nimrod Antal n'arrive pas à la cheville de son ancêtre, il n'est tout de même pas dénué d'intérêt. Déjà, le film ne se contente pas de reproduire à l'exactitude le film de John MacTiernan. On peut même affirmer qu'il innove sous certains aspects. Quand à Adrien Brody, Topher Grace, Laurence Fishburne, Alice Braga, Oleg Taktarov, ou encore Danny Trejo, s'il n'ont pas le charisme d'Arnold Schwarzenegger, Carl Weather, Elpidia Carnilo, Bill Duke, Sonny Landham, Richard Chaves ou Jesse Ventura, c'est peut-être parce qu'ils ont aussi, moins de 'gueule'.

Parmi les bonnes idées, le scénario propose un cadre forestier assez inattendu et désormais, les predators (qui sont au nombre de trois) sont accompagnés de 'chiens'. Du moins, de créatures à quatre pattes dont l'apparence est en concurrence directe avec celle de leurs maîtres. Par contre dès la seconde moitié, le film perd en substance. Il se traîne laborieusement jusqu'au final qui lui, par contre, emprunte énormément au long-métrage de John MacTiernan. On retrouve le duel nocturne illuminé par des foyers, le cinéaste poussant le vice jusqu'à présenter un Adrien Brody torse-nu et barbouillé de boue comme l'était Arnold Schwarzenegger dans l'original. A vrai dire, le film n'est pas aussi innovant qu'il en a l'air puisque empruntant également à bon nombre de longs-métrages. Et en premier lieu, à tous ces films regroupant des individus ne se connaissant pas, ne sachant pas ce qu'il font là, et confrontés à leurs propres peur ainsi qu'à un environnement hostile. Mais ne soyons pas trop sévères car Predators n'est pas la plus mauvaise séquelle d'une franchise qui avait jusque là, donné naissance à bien trop de suites de mauvaises qualités. A savoir qu'un nouvel épisode intitulé The Predator et réalisé par Shane Black (auteur de l'excellent Iron man 3 en 2013)est prévu pour le 17 octobre prochain dans nos salles. A suivre, donc...

vendredi 8 juin 2018

The Afterman de Rob Van Eyck (1985) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Voici une œuvre que l'on peut considérer comme un Objet Filmique Non Identifié. Ce qui tombe bien, vu la catégorie dans laquelle il se situe. Film de science-fiction et d'anticipation érotique, The Afterman bénéficie d'une aura de film culte dans son pays et sans doute également dans la plupart des trente pays dans lesquels son auteur est parvenu à le distribuer. Rob Van Eyck, un nom qui fleure bon le plat pays. Et en effet, l'auteur de ce très étrange petit film de science-fiction est d'origine flamande. Un post-nuke qui comme dans la majeure partie des cas, fait suite au succès de Mad Max 2 de George Miller sans toutefois parvenir à lui voler la vedette ni même lui faire ombrage tant les moyens entreprit ici paraissent réduits au strict minimum. Comme bon nombre d'ersatz, The Afterman prend forme à la suite d'une guerre nucléaire qui n'a laissé qu'un vaste champ de ruines. Rob Van Eyck en profite pour asséner quelques images d'archives guerrières afin de justifier son propos. Apparaît ensuite à l'image, le héros, un adulte qui dans la force de l'âge est enfermé dans un bunker depuis longtemps déjà. Lorsqu'il sort dehors, c'est pour constater que la vie telle qu'il l'a connue par le passé n'est plus. Alors que la seule personne avec laquelle il fut en contact depuis tout ce temps fut le cadavre de sa mère conservé dans une chambre froide (ce qui donne lieu à une scène de nécrophilie incestueuse pas vraiment dérangeante), il est désormais livré à lui-même et aux dangers extérieurs.

Ici, pas de zombies, d'infectés, de maladies, ni de radiations. Mais des groupes d'individus dont le héros incarné par l'acteur Jacques Verbist (qui jouera dans une dizaine de métrages dont quelques courts et la suite de The Afterman, vingt ans plus tard) devra se méfier. Il l'apprendra d'ailleurs à ses dépends puisqu'après sa sortie du bunker, il croisera la route d'un groupe d'individus dont le chef le violera sans ménagements. Plus tard, il découvre un couple lesbien faisant l'amour dans un piscine intérieure, le sort de l'une d'elles étant scellé puisqu'en prodiguant des caresses buccales à sa compagne en étant immergée, celle-ci mourra noyée. On le voit très bien, le cinéaste belge semble porté sur la chose du sexe. Car alors que le film n'a pas exécuté un tiers de son intrigue, le spectateur a déjà été le témoin d'un rapport sexuel nécrophile, d'un viol homosexuel, et d'une relation saphique. Rob Van Eyck ne va d'ailleurs pas en rester là puisque son héros va croiser la route d'un étrange couple de fermiers retenant prisonnière une jolie jeune femme (interprétée par Franka Ravet) qu'il parviendra à libérer à l'issue de sa propre captivité,  après avoir tué l'individu masculin.

Les deux interprètes se partageront alors la vedette d'une œuvre dont on peut se demander alors où se situe l'intérêt, car à part de longues scènes de sexe ennuyeuses et la traversée d'un territoire qui évite scrupuleusement les villes, sans doute faute de moyens financiers suffisants, The Afterman est en terme d'intrigue, relativement plat. Que ceux qui ne parlent pas le flamand se rassurent. Les dialogues tiennent sur trois ou quatre lignes et ne nuisent aucunement à la compréhension du déroulement de l'intrigue. En provocateur, Rob Van Eyck s'amuse à rudoyer l’Église avec ses moines étranges dont l'un forcera notre héros à pratiquer sur sa personne, une fellation. Rien de sérieux là dedans, donc, et un long-métrage qui se situe davantage au niveau des post-nuke italiens qui pullulèrent dans les années quatre-vingt suite au succès de Mad Max que de ce dernier. Une curiosité à réserver aux complétistes et aux amateurs d'OFNIs. Les autres risquent de grandement s'ennuyer. A noter que le cinéaste attendra vingt ans et l'année 2005 pour signer la suite de son propre film avec Afterman 2, et huit années supplémentaires pour Afterman III: The Global Warming Disaster (lequel n'est, parait-il, qu'un mix des deux premiers)...

vendredi 1 juin 2018

The Phantom Planet de William Marshall (1961) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Avec The Phantom Planet, nous nous enfonçons un peu plus dans le passé pour remonter jusqu'en 1961, année de sortie de ce film de science-fiction américain signé par William Marshall. Troisième et dernier long-métrage d'un cinéaste qui s'est surtout révélé en tant qu'acteur du tout début des années quarante jusqu'au milieu de la décennie suivante, The Phantom Planet est l'un de ces nombreux films de science-fiction qui à l'époque pullulaient aux États-Unis. Beaucoup de longs-métrages dont une bonne partie demeurés inédits chez nous. Tant mieux d'ailleurs puisqu'en grande majorité, ceux-ci se révèlent d'une grande médiocrité. Au sommet de la pyramide des œuvres de science-fiction de piètre réputation trône le film de William Marshall. La première chose qui choquera le spectateur d'aujourd'hui et qui demeure à la décharge du cinéaste, demeure dans le doublage en langue française. Alors que le film fut tourné il y a presque soixante ans, et en noir et blanc, les voix françaises paraissent avoir été produites il y a quelques années seulement. Un choc temporel et chronologique qui parasite déjà à lui seul le film.
Ensuite, on ne peut pas dire que The Phantom Planet bénéficie d'une réalisation particulièrement soignée. La direction d'acteurs est à peine acceptable. J'en veux pour preuve le personnage incarné par l'acteur Dean Fredericks. Aussi inexpressif qu'un phasme posé sur sa branche et aussi peu charismatique qu'un mannequin de cire, celui-ci se croit certainement suffisamment bel homme pour n'avoir à rien faire d'autre que d'exhiber sa silhouette à l'écran.

Eut égard à l'âge du film, on ne lui reprochera pas de proposer des décors de carton-pâtes et une romance de pacotille mais tout de même, pour une œuvre de science-fiction, les enjeux sont puérils. Comme souvent dans le genre à cette époque, il n'est pas rare que soient évoqués des pratiques issues d'autres domaines que le septième art. Ici, la littérature rejoint le cinéma et convoque le célèbre ouvrage de Jonathan Swift, Les Voyages extraordinaires de Gulliver. Le voyage en bateau de Gulliver étant remplacé par l'aventure du Capitaine Frank Chapman à bord du vaisseau Pégase IV, ce n'est plus à la suite d'un naufrage sur l'ïle de Lilliput qu'il s'agit mais d'un atterrissage forcé sur la surface d'un astéroïde habité par des Retoniens. Leur particularité est celle qui rejoint donc l’œuvre du romancier puisque les habitants de Reton sont minuscules. Un phénomène dû à l'atmosphère de la planète.
On se prend alors à rêver d'un Chapman confronté de sa taille gigantesque, à de petits êtres ayant la même apparence que lui. Sauf que par un malin subterfuge (celui tournant autour des conséquences de l'atmosphère Reconienne), et parce que les moyens financiers engagés ne le permettaient sans doute pas, le pilote du Pégase IV va drastiquement diminuer de taille pour atteindre celle des habitants de la planète. Désormais considéré comme sex-symbol auprès des spécimens féminins, Chapman n'échappera pas à la jalousies des retoniens mâles et sera même convié à participer à un duel proche d'un péplum de très basse qualité. Au milieu d'une intrigue poussive et désespérément ennuyeuse se profil le combat tant attendu entre les habitants de Reton et leurs plus vieux ennemis, les Solarites (apprêtez-vous à rire très fort)...

The Phantom Planet est moche comme un pou. Peu divertissant. Le jeu de séduction ressemble au millier d'autres qui parsèment ces mêmes œuvres de science-fiction qui encombraient les drive-in américains de l'époque. Les acteurs sont nuls et les effets-spéciaux médiocres. C'est dommage car lorsque Chapman est réduit à la taille de jouet, l'effet est plutôt sympathique. Sauf qu'en fait, il n'y a rien d'autre dans le contenu de ce navet intergalactique auquel se raccrocher. A éviter, donc...

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