dimanche 25 août 2024

Aporia de Jared Moshé (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

On a droit de s'y être ennuyé. De n'y avoir pas saisi certaines subtilités. D'y avoir été totalement réfractaire. Ou de ne ne pas aimer tout simplement la science-fiction dramatico-intimiste... Mais de là à dire que Aporia est mauvais, mince... Quel manque d'appréciation. Alors, bien sûr, le long-métrage de Jared Moshé ne fait pas partie de cette catégorie de longs-métrages grandiloquents, gavés d'effets-spéciaux numériques qui en mettent plein la vue mais apportent si peu en terme de réflexion. En la matière, il est vrai, le simple fait que le réalisateur et scénariste se soit contenté du minimum pour décrire le concept de cette machine conçue par deux amis risque d'en faire tiquer certains. Dont je fis partie au préalable avant de rapidement réajuster mon opinion. À vrai dire, mieux vaut comme ici n'en point trop dire sur le fonctionnement de la dite machine que de perdre le spectateur lors de théories dont la complexité est telle qu'il est pratiquement impossible de tenir au-delà des dix premières minutes. Je pense notamment au Primer de Shane Carruth, si hermétique dans ses explications techniques que le néophyte n'a aucune chance de deviner le sens réel des propos qui y sont tenus ! Aporia aurait pu causer des dommages collatéraux aussi importants que lors de la projection de Primer s'il n'avait pas eu la clairvoyance de n'entamer qu'une toute petite partie du récit pour nous expliquer les intentions de Jabir Karim (l'acteur Pauman Maadi). Sophie Rice (Judy Greer) est veuve depuis huit mois. Vivant désormais seule avec sa fille Riley (Faithe Herman), la jeune femme surmonte difficilement la mort de Malcolm (Edi Gathegi) et doit également surmonter certaines difficultés. Comme celles qui concernent Riley, laquelle est à l'école, beaucoup moins assidue qu'à l'époque où son père était encore en vie. Devant la détresse de Sophie, Jabir révèle un secret que seul Malcolm est lui partageaient jusqu'à maintenant. Les deux hommes travaillèrent ensemble durant trois ans sur une machine qui pour faire court devait être capable de modifier le cours du temps en changeant le passé. Une drôle de machine, d'ailleurs, visuellement plus proche de ces étranges sculptures que l'on découvre parfois dans des jardins et créées par des artistes à partir d'objets de récupération.


Du métal, des câbles à foison, un très vieil écran d'ordinateur relié à un portable et un réseau électrique très peu fiable. Voilà sur quoi compte Jabir pour rendre à Sophie ce qu'elle a perdu de plus cher : Malcolm ! Très technique dans sa description du fonctionnement de la machine, le réalisateur à en revanche l'excellente idée de ne pas trop s’appesantir sur le sujet. Évidemment, la machine fonctionne et quelques instants plus tard, Sophie reçoit un appel de Malcolm qui l'attend avec leur fille dans un parc pas très loin de là. Une fois son époux ''revenu à la vie'', c'est là que les choses se compliquent. D'une part, pour les personnages. Et d'autre part, pour le spectateur qui aura, même sans rien y connaître au sujet de la mécanique quantique, quelques réserves à faire concernant certains aspect de ce que l'on nomme les paradoxes temporels... Pour Sophie et Jabir, rien de plus évident que de sacrifier dans le passé la vie du chauffard qui coûta celle de Malcolm. La mort du premier signera le retour du second. Mais alors, que fait-on de ce concept qui veut que toute modification du passé en engendre davantage dans le présent ? C'est d'abord là que se joue toute la subtilité de Aporia qui contrairement à la concurrence fait dans la sobriété. De petits détails qui laissent transparaître de réelles modifications au cours des huit derniers mois dans l'existence des Rice. Mieux, Jared Moshé imagine produire des conséquences bien plus larges se répercutant sur l'ex-épouse du chauffard qui renversa Malcolm et causa son décès. Pour le spectateur se pose maintenant la question : si l'expérience menée par Jabir et Sophie a eu des conséquences pour l'instant relativement minimes sur la vie de la jeune femme, certains éléments du récit nous font tiquer. Pourquoi les deux amis sont-ils les seuls à garder le souvenir des huit derniers mois tandis que la mémoire de leur entourage semble avoir été modifiée depuis le retour de Malcolm ? En toute logique, c'est tout ou rien. De ce fait, pourquoi la mère a gardé en mémoire la mort de son époux tandis que leur fille, elle, n'en a plus le moindre souvenir ? Des questions comme celle-ci, le spectateur aura l'occasion de s'en poser régulièrement. Mais au-delà de cette interrogation (et d'une énorme invraisemblance lors du dernier quart qui aurait pu faire tout s'effondrer et que le réalisateur ne se donne même pas la peine de justifier), le film est bourré de bonnes idées où la morale tient une place importante. Sans effets superflus, sobre et concis, Aporia mérite donc mieux que l'accueil glacial que certains lui ont réservé...

 

jeudi 15 août 2024

Storage 24 de Johannes Roberts (2011) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Pour ce nouvel article, nous allons évoquer un petit film de science-fiction datant de l'année 2011. Que pourrons-nous retenir de véritablement vertueux dans cette petite production anglaise intitulée Storage 24 ? Que les interprètes semblent faire tout ce qu'ils peuvent pour garder leur sang-froid devant ce script indigent qui leur fut mis entre les mains ? Sans doute... Car à part leur implication, si petite soit leur contribution à rendre passionnant le récit, le long-métrage doit tout d'abord s'observer comme un petit film de science-fiction condamné aux services en ligne de VOD... Le genre de production britannique dotée d'un budget inférieur à deux millions de sterling qui situe son action dans un décor unique qui aura au moins l'avantage d'être original. Celui d'un entrepôt de stockage réservé aux particuliers et où vont notamment se retrouver cinq amis prénommés Nikki, Shelley, Mark, Charlie et Chris. Lesquels sont respectivement incarnés par Laura Haddock, Antonia Campbell-Hugues, Colin O'Donoghue, Noël Clarke et Jamie Thomas King... Sous ses airs de film d'horreur et de science-fiction dans lequel nos quatre protagonistes vont se retrouver enfermés dans l'entrepôt en question ainsi qu'aux prises avec un alien qui semble s'être échappé d'un avion qui s'est écrasé en plein cœur de Londres, Storage 24 va surtout nous bassiner durant des dizaines de minutes à travers la délicate relation entre les uns et les autres. Nikki a quitté Charlie. Une situation que celui-ci semble accepter avec la plus grande difficulté. S'ils sont de nouveau réunis dans cet entrepôt, c'est justement parce que la jeune femme a proposé que son ex petit ami vienne récupérer les affaires qu'elle y avait entreposé.


Là où tout se complique, c'est lorsque Charlie découvre que son ami Mark entretient désormais une relation avec Nikki ! Dans des décors grisâtres semblant parfois avoir été empruntés au jeu vidéo conceptuel Mirror's Edge en mode souterrain, les environnements sont fades et répétitifs. Comme un jeu vidéo dont les concepteurs n'auraient fait que reproduire invariablement au fil des niveaux, les mêmes et uniques décors ! Bref, Storage 24 est visuellement triste. L'on s'accordera par contre sur le fait que ces dits environnements peuvent être le terrain de jeu parfait pour une créature cherchant à ôter la vie de celles et ceux de nos semblables qui croiseront son chemin. Le long-métrage de Johannes Roberts, c'est un peu comme l'accouplement bâtard entre le Soap Opera Les feux de l'amour et le Alien de Ridley Scott. Les dialogues n'ont évidemment pas le moindre intérêt même si, pour une fois, le scénario nous épargne les habituels protagonistes bas du front. Confrontés à une créature prosthétiquement digne des grandes heures du cinéma transalpin des années quatre-vingt lorsque celui-ci offrait à la pelle des Mockbusters de science-fiction, Nos héros vont reproduire à l'envi toute une partie des séquences emblématiques du chef-d’œuvre de Ridley Scott qu'aura intégré Johannes Roberts dans son imaginaire... dDéplacements au sein de corridors labyrinthiques, dans des couloirs de ventilation très étroits, attaques subites de l'alien, le réalisateur pousse même le vice à reproduire la fameuse séquence de Alien 3 de David Fincher dans laquelle Ripley se retrouvait avec la gueule du xénomorphe à seulement quelques centimètre de son visage ! En dehors de quelques séquences d'action relativement rares, reconnaissons que Storage 24 est vraiment chiant ! Des CGI d'une autre époque, un scénario et une mise en scène flemmards et des lignes de dialogues insipides....

 

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