jeudi 31 mai 2018

Creepozoids de David DeCoteau (1987) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Alors là, on tient un spécimen de série Z comptant sans doute parmi les plus infâmes. Creepozoids en tient une couche plus épaisse qu'un fond de teint cachant les boutons d'une adolescente ou les rides d'une sexagénaire. Le genre de production qui ruine tout l'intérêt d'y découvrir une Linnea Quigley qui laissa d'humides souvenirs deux ans auparavant en se désapant dans un cimetière qui allait bientôt grouiller de morts-vivants dotés de la parole. Le spectateur dont les pulsions sexuelles et érotiques ne furent toujours pas apaisées en 1987 espéraient sans doute pouvoir redécouvrir la délicieuse 'scream queen' en mode effeuillée, toute de courbes enrobée, une carrosserie parfaite avec en point d'orgue, une paire de fesses à faire tomber à ses genoux, sa bure à n'importe quel moine. Au générique, la miss arrive en tête de gondole. La preuve que le cinéaste David DeCoteau (DR. Alien, Beach babes From Beyond) a décidé d'en faire sa vedette ? Non, certainement pas. Le type avait sûrement en tête que le nom de ce joli brin d'actrice allait attirer les foules de part sa célèbre réputation de reine des hurlements et par la grande facilité avec laquelle elle se foutait à poil devant la caméra.
Malheureusement, en la matière, le menu se révèle plutôt maigre. Comme un restaurant gastronomique promettant des mets pleins de finesse mais relativement restreints en quantité, Linnea n’apparaît qu'une seule et unique fois dans la tenue d'Eve lors d'une douche partagée avec l'un de ses compagnons de galère qui en profite ainsi pour lui administrer quelques intimes caresses. Le spectateur n'ayant d'autre choix que de se retenir de foncer tête baisser vers son écran de télévision afin de rejoindre la Belle sous la douche, ne reste plus alors qu'à espérer que le reste du spectacle sera à la hauteur des attentes forcément déçues puisque ne durant, pour le fieffé obsédé, que le temps de se rouler une cigarette et se la coincer derrière l'oreille.

Vu sa présence ici, on se doute que Creepozoids verse dans la science-fiction à caractère anticipative. C'est un fait. Comme il est un fait avéré à la vision du long-métrage de DeCoteau (qui lui-même s'est chargé de l'écriture du scénario en compagnie de Buford Hauser), que le film s'éloigne très clairement des classiques du genre. Pour se faire une idée précise de la pauvreté du contenu, il suffit d'imaginer un sous-post-apocalyptique transalpin, lui-même demeurant un sous-New York 1999. Autant dire qu'à côté de Creepozoids, Les 2019 Après la Chute de New York, Les Guerriers du Bronx, et autre Les rats de Manhattan sont d'authentiques chefs-d’œuvre.

Le film se situe dans des décors plus laids encore que les plus mauvaises séries de science-fiction télévisées des années quatre-vingt. L'interprétation est désastreuse, et bien que le synopsis offre l'hypothèse d'une aventure haletante, le résultat à l'écran est en dessous de tout. Linnea Quigley (et l'on met là de côté son petit strip sous la douche) est carrément sous-exploitée durant une bonne moitié du film, tuée avant la fin, et le récit tourne autour d'un monde dévasté par une guerre nucléaire et des expériences menées par l'armée américaine ayant mal tournées et donnant naissance à des créatures plus ridicules que réellement effrayantes. On peut comprendre que certains amateurs de série Z apprécient ce genre de production (et je fais généralement partie des membres de ce cercle très particulier) mais là, non. Les scènes de poursuites dans les coursives se répètent à un rythme si fréquent que l'ennui s'installe durablement. C'est presque une souffrance que d'avoir à tenir jusqu'au générique de fin. Dès que Linnea Quigley disparaît et que ne perdure à l'écran qu'un seul et peu charismatique personnage, le peu d'intérêt s'envole et se dissout dans les airs comme une volute de fumée. Non, vraiment, non. Creepozoids donne ses lettres de noblesse à la série Z. Le genre à vous flinguer une soirée ciné dont la suite du programme prévu devait être constitué d'immenses moments de bravoure tels que le Mad Mutilator de N.G. Mount ou le Clash de Raphaël Delpard. Pour ma part, j'éteins le magnétoscope, la télé, je prends une aspirine et au lit...

vendredi 18 mai 2018

Virtuality : Le voyage du Phaeton de Peter Berg (2009) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



C'est en faisant des recherches sur la toile que j'ai obtenu une réponse à la question que je me suis posé en constatant que Virtuality : Le voyage du Phaeton se terminait de manière incompréhensible, au beau milieu d'une intrigue tellement bancale qu'y assister ne fut pas loin de ressembler à un calvaire. Ou comment perdre son temps inutilement. En fait, si ce long-métrage réalisé par le cinéaste américain Peter Berg n'a pas de fin, c'est parce qu'en fait de film, il s'agit apparemment du pilote d'une série. Tellement mauvais qu'il n'y aura d'ailleurs pas de suite. Il faut avouer qu'on ne sait pas s'il vaut mieux en rire ou en pleurer car le contenu de cette œuvre qui dès l'entame fait preuve d'un mauvais goût en matière d'esthétisme, fait de Virtuality : Le voyage du Phaeton le parent pauvre de la science-fiction. Ou comment investir de l'argent, des dizaines de personnes et du temps inutilement.
Le synopsis tient sur une énorme erreur scientifique, depuis résolue mais apparemment ignorée par les scénaristes Ronald D. Moore et Michael Taylor. En effet, contrairement à ce qui est avancé dans ce téléfilm, Epsilon Eridani n'est pas le système solaire le plus proche du notre mais Alpha Centauri. Bien entendu, l’œuvre de Peter Berg datant de 2009 et l'information situant Alpha Centauri dans une zone plus proche de nous que Epsilon Eridani ayant été découverte quatre ans plus tard, on ne peut reprocher à Virtuality de diffuser de fausses informations. Sauf qu'en découvrant celui-ci aujourd'hui, en 2018, le téléfilm a des allures de viande faisandée.

D'une crétinerie et d'une improbabilité crasses sous certains de ses aspects les plus important, Virtuality semble n'avoir été conçu que pour satisfaire un public essentiellement jeune, composé d'amateurs de télé-réalité et de musique fast-food indigeste. Car la télé-poubelle telle que certains la nomment fort judicieusement est au centre d'un récit allant dans beaucoup trop de directions pour que l'on s'intéresse vraiment à l'histoire qui nous est contée. Alors que la vit sur Terre s’essouffle, douze membres d'équipage sont envoyés dans l'espace afin d'explorer le système solaire Epsilon Eridani. Un voyage long de dix ans. Pour pallier aux difficultés que chacun pourrait rencontrer, un ingénieux système de réalité virtuelle est installé sur le vaisseau. Malheureusement, certains des modules rencontrent des défaillances et semblent 'vouloir' mettre en péril l'intégrité des membres de l'équipage.

Voilà donc en gros autour de quel sujet tourne Virtuality. Un sujet fort intéressant mais qui pille en réalité bon nombre d’œuvres de science-fiction à commencer par la série Star Trek, le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick 2001, l'Odyssée de l'Espace, ainsi que tout un pan du sous-genre 'space opera'. Sauf qu'ici, tout sonne faux. De l'insupportable bande musicale, en passant par l'interprétation catastrophique des interprètes (on ne croit pas un seul instant aux émotions qu'ils sont censés transmettre), et jusqu'à cette parodie de télé-réalité qui ruine le peu d'intérêt qui aurait pu naître de l'intrigue principale. Parfois, on ne sait pourquoi, les dialogues se font intelligents. Mais si rarement que noyés dans la foule d'échanges verbaux, ils sonnent creux. On entend alors les interprètes lire leur texte avec un affligeant manque de naturel.
Virtuality est un ratage complet, dans tous les domaines qu'il investit. On comprend mieux alors que sa diffusion ait été synonyme de bide et que les producteurs aient décidé de n'en pas donner de suite. Une décision à applaudir bien fort...

jeudi 17 mai 2018

Фаэтон - сын солнца - Phaéton, fils du soleil de Vassili Livanov (1972) - ★★★★★★★☆☆☆


Merci à Captain Midnight pour le partage...


Acteur et scénariste de films soviétiques et russes, Vassily Livanov signe en 1972, le court-métrage d'animation et de science-fiction Phaéton, fils du soleil (Phaethon: syn solntsa et également Фаэтон - сын солнца). La principale valeur de ce court-métrage proclamé film-hypothèse par son auteur est d'être éducative ; Car au delà de la fiction propre au voyage entrepris par ses personnages, Phaéton, fils du soleil évoque l'hypothèse d'une intervention divine ayant eu pour conséquence la destruction de ce que certains semblent vouloir prétendre être la dixième planète de notre système solaire. En effet, selon certains scientifiques, une régularité mathématique se révélerait être tangible entre les différentes planètes de notre système et le soleil. La distance entre chacune d'entre elles ne serait donc pas le fruit du hasard mais d'un savant calcul naturel. C'est en observant la position de la Ceinture principale d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter que ces mêmes scientifiques en ont conclu que les débris la constituant seraient en fait des morceaux d'une ancienne planète détruite par la force de gravitation de Jupiter.

L'on sait aujourd'hui que c'est l'inverse. En effet, c'est selon d'autres scientifiques, cette même force de gravitation de la géante gazeuse qui aurait empêché ces débris de s'amalgamer et de devenir la dixième planète évoquée plus haut. A la lumière du jour, Phaéton, fils du soleil apparaît donc comme obsolète, ce qui ne l'empêche bien évidemment pas d'avoir une valeur documentaire fort appréciable puisque témoin de l'imagination de certains qui espéraient y découvrir peut-être les origines de certains dessins découverts sur Terre et datant de temps très anciens.
Relativement simple à comprendre et usant de styles graphiques nombreux et différents, l'un des principaux soucis du court-métrage demeure justement dans sa durée quand le spectateur, à l'évocation d'un voyage vers la Ceinture d'astéroïdes, se met à rêver du long-métrage auquel il aurait pu ressembler. Afin d'étayer son hypothèse, Vassily Livanov évoque également la mythologie grecque à travers une œuvre picturale magnifique, et toute en mouvement.

Le choix du titre n'est donc pas le fruit du hasard et si l'expédition menée par les deux astronautes porte le nom de Phaéton I, c'est parce qu'est évoqué le récit de ce fils d'Hélios, mort foudroyé après avoir perdu le contrôle du char solaire de son père. D'où les conséquences sur la planète réduite en millions de roches constituant depuis, la Ceinture d'astéroïdes.
Tout n'est donc que légende, mais le travail effectué sur la bande-son et certains travaux picturaux demeurant fort intéressants (on se retrouve plongé dans un univers à la Temps X des frères Bogdanov), Phaéton, fils du soleil plonge le spectateur dans une certaine apesanteur. Les fans de science-fiction reposant sur des hypothèses scientifiques prendront sans doute beaucoup de plaisir à découvrir cet excellent court-métrage d'animation et de science-fiiction même s'il a très nettement vieilli depuis sa création au début des années soixante-dix. On y sent, derrière 'l'affabulation', la rigueur toute russe. Où le rêve de la conquête spatiale le mêle à la mythologie grecques. Une courte mais passionnante expérience...

lundi 7 mai 2018

Ga, Ga - Chwala bohaterom de Piotr Szulkin (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alors qu'en 1983 le cinéaste américain Philip Kaufman (L'Invasion des Profanateurs) réalisait une œuvre toute à la gloire des aventuriers de la conquête spatiale avec L’Étoffe des Héros, loin de là, en Pologne, le cinéaste Piotr Szulkin allait offrir une vision bien différente de l'exploration de l'espace et de ses héros à travers l'ultime chapitre de son extraordinaire tétralogie entamée en 1980 avec Golem, puis poursuivie en 1981 avec Wojna swiatów -nastepne stulecie et en 1985 avec O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji. Ga, Ga - Chwala bohaterom, le dernier d'entre eux, continue de s'inscrire dans une vision post-apocalyptique du futur. Pourtant, le cinéaste polonais envisage désormais son récit sous la forme d'une comédie absurde que n'auraient sans doute pas renié les célèbres Monty Python en général, et Terry Gilliam en particulier.
L'intrigue se situe à l'aube du vingt et unième siècle, et alors que l'homme s'intéresse de moins en moins à la conquête de l'espace et que la vie sur Terre y est beaucoup plus idyllique qu'elle ne l'est dans notre réalité, l'état a mis au point un système afin d'utiliser ses prisonniers en les envoyant conquérir d'autres planètes. C'est ainsi que l'un d'eux, Scope (incarné par l'acteur polonais Daniel Olbrychski), dont le matricule est 287138, est envoyé dans l'espace, à bord d'une navette, direction Australia 458. Dès son arrivée, il constate que la planète est habitée. Il est accueilli par un individu chargé de prendre soin de lui. Ce dernier lui donne de l'argent, lui offre un toit, et le jette dans les bras de la toute jeune prostituée Once. Après un passage dans un bar, l'adolescente disparaît et Scope est alors accusé de viol sur mineure. La police lui propose alors un étrange marché : contre sa liberté, le « héros » doit accepter de commettre un meurtre au risque d'être condamné et exécuté devant les caméras...

C'est autour de ce sujet ô combien original que tourne Ga, Ga - Chwala bohaterom, sorte de bouffonnerie de science-fiction dans laquelle l'humour l'emporte haut la main tout en conservant une certaine part d'amertume envers un état répressif. Car il s'agit là avant tout d'une critique acerbe. Et même si le sujet transporte ses personnages hors des frontières de la Pologne, on y sent poindre un réquisitoire contre l'URSS et certains de ses aspects les plus sombres tels que le Goulag, véritable instrument de terreur enfermant des individus à l'image du subversif Scope. A moins qu'il ne s'agisse plutôt d'une critique féroce contre l'ennemi de toujours, lequel est représenté à travers les néons de devantures derrière les vitrines desquelles sont donnés à manger en pâtures, les propres enfants du système.

Ga, Ga - Chwala bohaterom accumule les propos improbables. Les situations les plus rocambolesques. Sur fond de grande musique, le spectacle de la mort se prépare avec une vigueur égale à celle rencontrée quatre ans auparavant dans Le Prix du Danger d'Yves Boisset ou en 1987 dans Running Man de Paul Michael Glaser. Piotr Szulkin apporte sa pierre à l'édifice de la télé-réalité bien avant qu'elle ne devienne à la mode dans les années 2000. Son personnage se dilue dans une faune bigarrée et amorale, avec comme seul espoir, celui d'enlever celle qui a conquis son cœur et de l'emmener loin de la débauche. En comparaison des trois premiers longs-métrages de la tétralogie livrés par le polonais Piot Szulkin, ce quatrième se révèle fort décevant. Le récit est d'un minimalisme confondant (l'histoire ne tourne finalement presque qu'autour de Scope cherchant la belle Once), et le spectateur se sentira certainement gêné devant une telle régression en matière d'écriture par rapport aux trois précédents volets. De plus, et ce, même si l'univers y est proche des précédents, il est rare que les tableaux y soient aussi éblouissants de beauté décrépite. Au final, Ga, Ga - Chwala bohaterom met un terme à la tétralogie de Piotr Szulkin, mais pas de la plus belle des manières. Tout juste évoquerons-nous le film comme une curiosité, mais pas comme le chef-d’œuvre qui devait clore une série de longs-métrages à la mise en scène, à l'interprétation et à l’esthétisme quasi-irréprochables...

mardi 1 mai 2018

Paris n'existe Pas de Robert Benayoun (1969) - ★★★★★★★★☆☆



Paris n'existe Pas est une authentique surprise. Long-métrage post Mai 68, plusieurs détails attirent l'attention, dont la présence de l'acteur, compositeur et interprète français Serge Gainsbourg qui dans l'ordre d'importance des personnages tient la troisième place après Richard Leduc dans le rôle du héros Simon Devereux et Danièle Gaubert dans celui d'Angela. Réalisé par l'écrivain français d'origine marocaine Robert Benayoun, Paris n'existe Pas ferait presque regretter qu'il n'ait mis en scène lui-même que deux longs-métrages. Celui-ci, ainsi que Sérieux Comme le Plaisir sept ans plus tard en 1975. Le récit tourne autour de Simon, artiste-peintre, qui, sentant que le courant pictural tourne, est en perte d'inspiration. Proche de Laurent, et compagnon d'Angéla, il découvre bientôt qu'il a la capacité d'agir sur le temps et sur les objets qui l'entourent. Après plusieurs expériences menées chez lui, le jeune homme découvre qu'il peut également voyager dans le passé et percevoir l'avenir proche. C'est ainsi qu'il prévoit quelques menus événements (comme un vase ou une bouteille de lait se brisant au sol), mais aussi qu'il est en mesure de se transporter jusque dans les années 30, à l'endroit même où il vit, dans un appartement qui a depuis connu quelques changements et qui quarante ans plus tôt était la propriété d'une jeune femme séduisante sous le charme de laquelle Simon va tomber...

Lorsque débute Paris n'existe Pas, on est encore loin d'imaginer le pouvoir d'attraction qui va s'instaurer entre l’œuvre de Robert Benayoun et le spectateur. Démarrant sous des auspices psychédéliques post-soixante huit-ardes prétentieuses, et dont les contours risquent de brouiller la perception des non-initiés en matière de métaphysique et d'ontologie, le film se révèle peu à peu d'une très grande cohérence et d'une intelligence rare. Évoquant aussi bien le temps sous toutes ses formes, Paris n'existe Pas aborde également la réalité des choses qui nous entourent. Le rapport au temps est très clairement établi lors des premières séquences du long-métrage nous renvoyant au quotidien d'hommes et de femmes lui étant directement confrontés : l'un consulte sa montre et réalise qu'il a raté son train. L'autre apprend l'avantage des fuseaux horaires, lui permettant ainsi de gagner une demi-heure lors de son voyage en avion. Un homme apporte sa montre qui ne cesse de retarder de cinq minutes chez un horloger. Ou là, encore, le directeur d'un journal demande à l'un de ses rédacteurs de lui fournir un article pour la veille au soir. Des exemples qui déjà, dans leurs propos, exploitent de manière théorique le voyage dans le temps.

Paris n'existe Pas est une formidable leçon de mise en scène car à partir des documents d'archives explorant le Paris des années trente (de vieilles cartes postales en noir et blanc), Robert Benayou parvient à rendre crédible les aventures de son héros. Mais ce n'est pas tout. Car plus que le jeu convaincant de ses interprètes, le film accumule des séquences animées image par image tout à fait remarquables pour l'époque. Et c'est sans compter sur celles durant lesquelles, Simon est directement projeté dans le passé de son appartement, au contact d'un jeune femme dont quelques atours vestimentaires laissent entendre qu'elle vit dans une autre époque. La preuve qu'avec quelques bouts de ficelle et une imagination sans borne l'on peut faire des miracles. L'aventure de Simon est passionnante. Mais alors que le sujet du voyage dans le temps est une chose convenue entre le héros et les spectateurs, arrive l'éventualité que tout ceci n'est que le fruit de l'imagination d'un artiste-peintre en perte de vitesse et mis dos au mur, face à ses démons. On hésite alors à parler de fantastique, de science-fiction, et la réalité nous revient au visage de plein fouet en évoquant l'éventuelle schizophrénie dont pourrait être atteint Simon.
Seule la fin nous aiguillera, après un fabuleux montage de milliers d'images renvoyant au passé, au présent et au futur du héros. Auteur de la partition musicale, laquelle participe généreusement au climat passionné et passionnant de Paris n'existe Pas, Serge Gainsbourg se révèle quant à lui très à l'aise dans le rôle de l'ami, imperturbable dandy fumant du tabac sur porte-cigarette. A noter au passage qu'il s'agit de la toute première collaboration entre le génie de la chanson française et l'arrangeur Jean-Claude Vannier avec lequel il signera deux ans plus tard, l'immense chef-d’œuvre Histoire de Melody Nelson. Quant au long-métrage de Robert Benayoun, il n'est pas loin de mériter la même appellation tant le film et le thème qu'il aborde se révèlent d'une maîtrise quasi irréprochable... A voir absolument...

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lundi 30 avril 2018

Дознание пилота Пиркса - Test Pilota Pirxa de Marek Piestrak (1979)



Test Pilota Pirxa est le quatrième long-métrage a s'inspirer de l'une des œuvres de science-fiction de l'écrivain ukrainien Stanislas Lem après L’Étoile du Silence de Kurt Maetzig en 1960, Ikarie XB1 de Jindrich Polák en 1963, Solaris d'Andreï Tarkovski en 1972, et bien avant le remake de ce dernier que réalisa l'américain Steven Soderbergh trente ans plus tard. Comme toujours avec l’œuvre de Stanislas Lem, le matériau de base est ici une fois de plus très riche. Long-métrage de science-fiction, Test Pilota Pirxa met en scène une expédition vers Saturne parmi les anneaux de laquelle deux sondes doivent être installées par un équipage constitué d'hommes, mais également d'androïdes dont l'origine demeure tenue secrète afin que le commandant Pirx, chef à bord de la navette, demeure impartial. La mission n'étant pas le seul objectif de Pirx, les responsables ont chargé l'astronaute de renommée internationale de jeter un œil sur chacun des membres de l'équipage afin de témoigner si oui ou non, la présence d'androïdes se révèle nécessaire. La mission est donc fondamentale puisqu'à l'issue de celle-ci dépendra le futur de robots et autres machines douées d'une intelligence artificielle...

En à peine quatre-vingt quinze minutes, le long-métrage de Marek Piestrak tente de faire le tour de la question avec plus ou moins de bonheur. Il manque cependant une bonne demi-heure au moins de métrage pour que les questions obtiennent des réponses hautement satisfaisantes. Démarrant à la manière d'un thriller, il faut attendre presque la moitié du film pour que l’équipage constitué d'un peu moins de dix hommes embarque enfin à bord de la navette. L'un des aspects les plus étonnant demeure dans la relative qualité de certains effets-spéciaux quand d'autres se révèlent au contraire, parfois déplorables. Dès le départ, le soin apporté aux androïdes est notable tandis que beaucoup plus tard, l'aspect des anneaux de Saturne et celui des astéroïdes prête à sourire. C'est franchement laid et l'on peine ainsi à se prendre au jeu. Le suspens en est donc relativement dilué. C'est d'autant plus dommage que l'idée d'intégrer des personnages artificiels parmi les membres de l'équipage sans qu'on en connaisse l'identité dès le départ était particulièrement bonne.

Malheureusement, les limites apparentes du budget font que la majeure partie des thèmes évoqués n'aboutissent jamais vraiment. Pourtant, Test Pilota Pirxa conserve un charme indéniable. Et même si l'espace créé pour les besoin du film à parfois l'air d'une succession de bourres de coton, Marek Piestrak s'applique malgré tout à donner un semblant de réalisme à l'ensemble. La marque de fabrique de beaucoup de longs-métrages de science-fiction soviétique ! Les interprètes sont bons, leurs accoutrements crédibles, et l'intrigue repose sur des questionnements que l'on finira bien un jour par évoquer. Les machines faisant de plus en plus partie de notre quotidien et se rapprochant davantage de notre propre image, dans quelle mesure devrons nous bientôt les considérer au même titre qu'un être humain ? Qui donc est le plus fiable ? L'homme, ou la machine ? Peut-on avoir confiance en l'un ou en l'autre ?
Des enjeux qui, ici, divisent l'humanité au point que certains, très vite, tenteront de contrecarrer le projet. Marek Piestrak crée un climat de suspicion au sein même de l'équipage alors que l'on en est encore à se demander qui est fait de chair et de sang et qui n'est constitué que de circuits électriques. La navette se transforme alors en un réseau de coursives mal éclairées, parcourues de visages inquiétants, que le cinéaste rend plus ambigus encore en les camouflant partiellement dans l'ombre. En uniformisant le portrait de ses personnages, il empêche toute distinction et fait de son œuvre, toutes proportions gardées, l'ancêtre du très anxiogène The Thing que réalisera quelques années plus tard le cinéaste américain John Carpenter... Une curiosité...

mardi 10 avril 2018

Roboshark de Jeffery Scott Lando (2015)



Venu de l'espace, une sphère lancée par un vaisseau extraterrestre plonge dans les eaux du Pacifique et pénètre l'organisme d'un grand requin blanc, transformant l'animal en requin-robot. Après avoir coulé un sous-marin avec à son bord cent soixante-huit hommes, la créature hybride se dirige vers la ville de Seattle où elle emprunte le réseau de canalisations souterrain de la ville, semant la terreur et la mort autour d'elle.
Relégués par les médias de tout le pays, les événements sont conjointement suivis par l'armée et par Rick, l'époux d'une journaliste et présentatrice météo, Trish, cette dernière étant officiellement remplacée par sa concurrente Veronica. Mais Trish ne l'entend pas de cette oreille et décide d'outrepasser les ordres de son supérieur et, aidée de sa fille Melody et de son assistant Louie, elle se rend d'abord dans une usine de traitement des eaux afin de suivre la trace de celui que les médias nomment désormais Roboshark...

Originaire du Canada et de Bulgarie, Roboshark est l'un des derniers représentants de la vague « robots-mutants » à avoir vu le jour l'année dernière. Pour une fois, son auteur Jeffery Scott Lando nous épargne la présence des traditionnelles bimbos en bikini, bien que la principale rivale de Trish (Alexis Peterman), Veronica (Laura Dale), représente à elle seule l'essence même de cette vague de femelles décérébrées, superficielles, adeptes de la plastique parfaite au Q.I proche du néant. 

Si Roboshark fait à plusieurs reprises référence aux productions Scy-Fi, on ne peut pas dire qu'il ait davantage de qualités pour pouvoir se permettre de se moquer de la concurrence. Toutefois, on notera que l’œuvre de Jeffery Scott Lando a le mérite de maintenir un rythme soutenu en ne se contentant pas seulement de quelques rares situations géographiques (le récit se situe en mer, dans une station d'épuration des eaux, dans un parc, dans un centre commercial, etc...) et l'humour omniprésent soutient largement la comparaison avec les autres productions du genre.

Reste que les effets-spéciaux, forts présents ici, demeurent d'une qualité plus qu'approximative. Si le concept parvient à relancer l'intérêt d'un film qui ne fait en réalité que prolonger une idée développée dans des dizaines de films déjà sortis les années précédentes, on appréciera (ou pas) l'aspect expansif des méthodes de diffusion des réseaux sociaux. A part cela, Roboshark n'apportera rien de véritablement neuf dans l'histoire un peu trop étirée des récits centrés sur les requins-mutants. Mais ne boudons pas notre plaisir, le film demeure de loin, l'un des meilleurs représentants du genre... 


vendredi 30 mars 2018

Le Guerrier de l'Espace : Aventures en zone interdite de Lamont Johnson (1983)



Alors qu'il erre dans l'espace à bord de sa navette dans l'attente d'un nouveau contrat, le chasseur de prime Wolff capte un message-radio annonçant la disparition de trois terriennes dont le voyage intergalactique à bord d'un vaisseau de croisière s'est achevé subitement lors de son explosion. Les trois jeunes femmes ont miraculeusement échappé à la mort mais on atterrit sur la planète Terra 11 où règne Overdog, un tyran protégé par une armée de soldats. Ceux-ci ont d'ailleurs capturé les trois terriennes tandis que Wolff et son assistante Chalmers, une androïde, viennent d’atterrir afin de remplir un contrat dont le salaire devrait rapporter au chasseur de prime une très grosse somme d'argent. LeWolff a en effet prévu de sauver les trois femmes des griffes de leur geôlier.

Mais alors que durant une bataille opposant deux factions ennemies, Chalmers est tuée, Wolff se renseigne sur l'endroit supposé cacher les trois captives. N'obtenant aucune aide, il reprend la route et croise celle de Niki, une très jeune femme qui lui affirme connaître l'endroit où vit Overdog et ses sbires. Le couple ainsi formé vapart donc à la recherche des trois terriennes et vont, en chemin, croiser la route de Washington, une vieille connaissance de Wolff...


Produit par Ivan Reitman, producteur d'environ trente longs-métrages et cinéaste surtout connu pour avoir donné vie aux fantômes des deux volets de Ghostbusters ou pour avoir offert plusieurs rôle au cinéma à l'acteur d'origine autrichienne Arnold Schwarzenegger (Un Flic à la Maternelle, Jumeaux, Junior), Le Guerrier de l'Espace : Aventures en zone interdite est une grosse production à l'imposant budget de quinze millions de dollars qui ne fut finalement pas si rentable que cela puisqu'il remboursa surtout ses investisseurs, n'ayant rapporté que seize millions et demi de dollars, soit un un million et demi de plus que la somme investie.
Une grosse production donc, et qui par conséquent eut le très gros avantage de pouvoir bénéficier d'effets visuels plutôt convaincants. Costumes, effets-spéciaux, décors et véhicules ont été en effet particulièrement soignés, surtout si l'on compare ce film à la grande majorité des œuvres de science-fiction post-apocalyptique.

Nous sommes donc face à une œuvre proche dans le principe de Mad Max de George Miller même si la comparaison s'arrête au niveau de l'environnement et du genre post-apocalyptique. Alors que Mad Max demeurait d'un pessimisme et d'une violence rarement vus à l'écran, Le Guerrier de l'Espace : Aventures en zone interdite se veut grand public. En nettoyant le scénario de tout ce qui aurait pu heurter la sensibilité du jeune public, le réalisateur Lamont Johnson fait de son film une œuvre commerciale, qui joue autant dans les registres cités plus haut que dans la comédie. Afin d'assurer le spectacle, il engage d'abord l'acteur Peter Strauss (Comme un homme libre) dans le rôle de Wolff, Molly Ringwald (la bourgeoise coincée du petit bijou Breakfast Club de John Hughes) dans celui de Niki, l'acteur Michael Ironside (surtout connu pour avoir été le résistant Ham Tyler de l'excellente série télévisée V), ainsi que Ernie Hudson, qu'Ivan Reitman engagera l'année suivante en 1984 pour le rôle de Winston Zeddemore dans Ghostbusters.

Si le film de Lamont Johnson est nanti de bons effets visuel, cela ne l'empêche pas d'être relativement décevant. Un spectacle qui ravira sans doute les enfants ou les jeunes adolescents mais laissera les autres quelque peu indifférents. En terme d'intrigue, Le Guerrier de l'Espace : Aventures en zone interdite est en effet un peu léger, voire même parfois assez mièvre. Il est amusant de constater les rapports physiques qu'entretiennent Overdog et les futurs Borgs de l'excellente saga Star trek. C'est à se demander si le méchant du Guerrier de l'Espace : Aventures en zone interdite n'aurait pas servi de source d'inspiration au créateur des borgs...

mardi 28 novembre 2017

Hidden 2 de Seth Pinsker (1993)



Il y a quinze ans en arrière, l'inspecteur Tom Beck,et Lloyd Gallagher dont l'enveloppe charnelle fut investie par une forme de vie extraterrestre pacifiste, parvinrent à annihiler une créature monstrueuse se déplaçant de corps en corps et dont le but fut d'approcher et de prendre possession de l'organisme du sénateur Holt, candidat à la présidence des États-Unis d'Amérique.
Gravement blessé, Tom Beck a pu survivre à ses blessures grâce au don que lui a fait Lloyd Gallagher. Désormais, il vit caché, mais pas pour longtemps. En effet, si son coéquipier est parvenu à tuer la bête, celle-ci est parvenue à se reproduire avant de totalement disparaître. Un certain MacLachlan est à son tour chargé de la retrouver et d'en finir définitivement avec elle. Pour cela, il fait appel à Juliet Beck, la propre fille de l'inspecteur...

Six ans après le petit chef-d’œuvre de science-fiction et d'action signé Jack Sholder, Hidden, le cinéaste Seth Pinsker reprend la franchise à son compte et signe une séquelle que l'on n'aurait préféré jamais ne connaître. Hidden 2 se veut comme une suite logique du premier volet mais n'en a jamais le moindre génie, ni la moindre des qualités. Tout d'abord, exit les excellents Kyle MacLachlan et Michael Nouri. Désormais, il faudra compter sur Raphael Sbarge dont le charisme manque autant que l'originalité d'un scénario bas du front.

Des scènes à n'en plus finir (celle du club dans l'usine désaffectée est interminable), une interprétation tout juste acceptable, et surtout des moments de bravoure qui manquent cruellement à l'appel quand le film de Jack Sholder en comptait par dizaines. Afin de pallier aux nombreux manques de cette séquelle, le cinéaste injecte quelques effets gore partiellement réussis et une intrigue amoureuse improbable entre les deux principaux personnages si l'on tient compte du fait que l'un des deux n'a d'humain que l'enveloppe charnelle. Autre invraisemblance : alors que le personnage de MacLachlan insiste pour que Juliet tire dans la tête de l'homme porteur de la créature, il s'ingénue lui-même à ne tirer que dans le corps, faisant ainsi s'étirer inutilement des scènes d'action méchamment répétitives.

Toute la finesse du personnage interprété par le passé par l'acteur Kyle MacLachlan s'efface au profit d'un personnage insipide auquel, hommage ultime, le réalisateur à eu l'idée idiote de donner le nom. Si Hidden premier du nom était lumineux, cette suite insiste un peu trop sur des décors délabrés, sans doute pour noircir le trait d'un récit qui n'en avait vraiment pas besoin. Quand à l'action, elle se contente elle aussi de quelques effets déjà rencontrés avant, noyant le film dans une tentative de réitérer les exploits passés. Mais n'est pas Jack Sholder qui veut. D'ailleurs, Seth Pinsker semble avoir si peu d'idées qu'il pie dès le début de son naufrage cinématographique un bon nombre d'images de la première mouture. Hidden 2, c'est de la suite SANS les idées. Retournez donc revoir Hidden premier du nom...

jeudi 6 avril 2017

La Montagne Ensorcelée de John Hough (1975)



Tia et Tony sont confiés aux bons soins d'un orphelinat jusqu'au jour où ils croisent la route de Lucas Deranian, homme de main du riche propriétaire Aristotle Bolt qui désire exploiter les dons des deux enfants pour de mauvaises raisons. D'abord accueillis et amadoués comme il se doit, Tia et Tony finissent par se rendre compte que leur hôte n'est pas si bien attentionné qu'ils l'on d'abord cru et choisissent de prendre la fuite. En chemin, ils croisent la route d'un vieil homme au volant d'un camping-car qui va les aider à retrouver leur véritable identité dont les origines semblent se situer au somment d'une montagne connue pour être le lieu de superstitions.

De plus, Tia a des visions récurrentes d'un événement particulièrement flou et dont elle ne connaît pas l'origine. Peu à peu, les images dans sa tête, s'éclaircissent. Elle se découvre naufragée en compagnie de son frère Tony et d'un homme dont elle finira par découvrir l'identité. Les deux enfants vont se lancer dans une quête de vérité sur leurs origines tout en étant inlassablement poursuivis par les autorités auxquelles Aristotle Bolt a promis d'offrir une forte somme d'argent...

Précédant Les Visiteurs d'un Autre Monde du même John Hough sorti trois ans plus tard, La Montagne Ensorcelée ne dépaysera sans doute pas tous ceux qui ont pris du plaisir à suivre les aventures de Tia et Tony, deux jeunes enfants issus d'une galaxie lointaines et pourvus de pouvoirs télékinésiques et télépathiques. Si les acteurs qui se retrouvaient à l'époque face aux tout jeunes Kim Richards et Ike Eisenmann différaient de ceux que l'on retrouvait dans la suite, on ne peut pas dire que le scénario fasse preuve d'une folle originalité tant le déroulement des intrigue suit à peu de choses près le même fil conducteur. Le méchant est riche, fort antipathique, assisté d'un homme de main totalement voué à sa cause. Tia et Tony sont déjà capables de prouesses étonnantes mais sont cette fois-ci aidée par un chat noir capables d'avoir un comportement qui les sauvera des griffes de leurs poursuivants à maintes reprises.

Ne nous voilons pas la face : le film de John Hough ciblait déjà le jeune public. Cela se remarque au comportement des méchants. Des personnages antipathiques mais jamais vraiment inquiétants. C'est qu'il fallait les ménager à l'époque nos chérubins. En étant estampillé Walt Disney, La Montagne Ensorcelée s'impose d'emblée des quotas en terme de niaiserie. Si ce n'étaient les sympathiques trognes des deux jeunes acteurs et des interprètes qui les accompagnent (le toujours savoureux Donald Pleasance qui fut l'un des acteurs préférés du cinéaste John Carpenter qui l'embaucha sur plusieurs projets dont Prince des Ténèbres et le surévalué Halloween, ainsi que Ray Milland qui joua dans de nombreux films et téléfilms et croisa la route du célèbre Lieutenant Columbo dans l'épisode Dites-le Avec des Fleurs) le film demeurerait d'un intérêt plus que discutable.

Au mieux, il amusera encore aujourd'hui les très jeunes, au pire, les plus âgés, avides de sensations fortes, iront voir ailleurs...


jeudi 2 mars 2017

Les Visiteurs d'un Autre Monde de John Hough (1978)



Le savant Victor Gannon vient d'inventer un appareil qui, branché derrière l'oreille d'un individu, lui permet d'en prendre le contrôle. Aidé financièrement par la riche Letha Wedge et assisté par Sickle, neveu de cette dernière, il tente une expérience dans les rues de Los Angeles afin d'éprouver son invention. Une fois branché l'appareil sur lui, Sickle accepte de monter l'escalier de secours d'un immeuble de plusieurs étages afin de démontrer l'efficacité du procédé annihilant ainsi sa peur du vide. Mais le boitier tombant des mains de Victor Gannon, la machine déraille et Sickle tombe du toit de l'immeuble.
Heureusement pour lui passent par là Tia et Tony, deux jeunes enfants venus d'une autre galaxie et possédant d'étonnants pouvoirs de télékinésie et de télépathie. Alors que leur oncle Ben les a confiés au chauffeur d'un taxi, Tia et Tony qui ont débarqué d'une soucoupe volante, ont prévu de passer quelques jours de vacances sur Terre. Passant à proximité de l'endroit où a lieu l''expérience menée par Victor, Tony ressent qu'un accident va bientôt avoir lieu. Se précipitant dans la rue où Sickle s'apprête à s'écraser, Tony parvient à stopper sa chute, l'homme lévitant alors à moins d'un mêtre au dessus du sol. Victor comprend que le jeune garçon y est pour beaucoup et décide de l'enlever afin de l'utiliser pour parvenir à ses fins : diriger le monde...

Produit par les Studios de Walt Disney, Les Visiteurs d'un Autre Monde fait directement suite à La Montagne Ensorcelée, lui-même déjà réalisé par le cinéaste John Hough. Sorti en 1978, le film raconte les pérégrinations d'un frère et d'une sœur venus sur Terre pour profiter de quelques jours de vacances. La jeune Tia (Kim Richards), aidée de plusieurs gamins d'un quartier pauvre de Los Angeles vont tout faire pour arracher son frère Ike Eisenmann) des griffes d'un savant fou ivre de pouvoir. Ce dernier est interprété par l'acteur originaire de Londres Christopher Lee, mort l'année dernière et surtout connu pour avoir interprété le célèbre vampire Dracula à maintes reprises au cinéma. A ses côtés, l'une des plus célèbres actrices de l'âge d'or du cinéma américain qui joua dans plus d'une centaine de films répartis sur soixante ans et qui campe ici le rôle de Letha Wedge, Bette Davis. Celui de Sickle a été confié à l'acteur Anthony James, connu pour avoir joué de nombreux personnages de mauvais garçon à la télévision et dans une vingtaine de longs-métrages dont l'excellent Burnt Offerings de Dan Curtis ou L'Homme des Hautes Plaines de et avec Clint Eastwood.

Les Visiteurs d'un Autre Monde est une œuvre familiale plutôt à l'attention des enfants qu'à leurs parents même si eux-même passeront un moment sympathique devant ce scénario pas vraiment sérieux estampillé Walt Disney. Bette Davis et Christopher Lee prennent donc la relève assurée précédemment par Eddie Albert, Ray Milland et Donald Pleasance dans ce qui demeurera un petit film de science-fiction humoristique dont le titre français trahit quelque peu le propos puisque à part durant l'intro et la conclusion durant lesquels on découvre la soucoupe volante (à travers, il faut le dire, de navrants effets-spéciaux), et à part les pouvoirs dont sont investit nos deux jeunes héros, le film n'a vraiment rien à voir avec la science-fiction de papa. Pas d'invasion aliens donc, ni de présence à la manière d'un E.T perdu sur notre planète. Juste un petit film agréable à regarder mais que l'on oubliera très vite...


vendredi 24 février 2017

Forbidden World de Allan Holzman (1982)



Cryogénisé, le commandant Mike Colby est réveillé par son unique compagnon de bord, le robot SAM. Prévenus d'une alerte située sur la planète Xarbia, il se rende sur la base spatiale où une équipe de chercheurs tentent des expériences visant à éradiquer la faim dans le monde. Un savant un peu fou manipule des organismes et les croise avec des bactéries afin de créer une protéine capable de se régénérer tout seule. Malheureusement l'expérience tourne au cauchemar et ce qui devait être une solution pour sauver l'humanité va faire éclore une créature qui n'aura de cesse que nuire à l'équipage tout entier, faisant ainsi de ses membres, on garde-manger.
Mais Mike Colby et les autres vont tenter l'impossible : Éliminer celui qu'ils nomment Proto-B, un métamorph particulièrement virulent et dangereux...

Vendu comme une suite au nanar La Galaxie De La Terreur, Forbidden World n'a en réalité rien à voir si ce n'est que les deux films ont tout deux été produits par Roger Corman. Les deux œuvres démarrent bien sûr sur des postulats identiques (des événement tragiques situés sur des planètes amènent à l'élaboration d'une équipe de secours) mis le contenu de ce qui suit alors est bien différent. Osons affirmer que La Galaxie De La Terreur a inspiré le Prometheus de Ridley Scott quand l'Alien de ce dernier a lui-même été source d'inspiration pour ce Forbidden World signé Allan Holzman.
Le film est visiblement plus fauché encore que ne l'était celui réalisé par Bruce D. Clark une année auparavant. Le robot SAM ressemble à s'y méprendre à stormtrooper, soldat de l'empire de la saga Star Wars, bricolé avec de bouts de ficelle et d'un blanc crème d'un autre âge. Alors que La Galaxie... permettait de croiser quelques figures connues de films et séries B, Forbidden World est essentiellement interprété par de parfaits inconnus si ce n'est la présence d'un visage qui se fera connaître quelques plus tard sous les traits de Lydia, le lézard envahisseur de l'excellente série V.

Au titre de l'interprétation, on pourra noter le curieux comportement de certains membres de l'équipage comme celui des deux seules femmes qui ne semblent pas plus troublées que cela de la présence d'une créature monstrueuse à bord de la station spatiale. Elles se dénudent avec une facilité déconcertante, se vautrant dans une certaine luxure que les choix d'éclairage viennent appuyer. Érotisme donc mais aussi gore. Car si les effets-spéciaux ne sont pas des plus réussis, ils sont particulièrement sanglants et assez... écœurants. Masses spongieuses et gluantes, cadavres en putréfactions, intervention chirurgicales opérée sans anesthésie, les effets-spéciaux s'en donnent à cœur joie mais l'amateur reste malgré tout sur sa faim.
Et que dire de cette improbable créature, noire, arachnéiforme et surtout... grotesque qui ressemble davantage à un pantin articulé (ce qu'elle devait être d'ailleurs) qu'à une bestiole digne de celle dont elle est censée s'inspirer ? 
Forbidden World est donc un petit film, à petit budget et à l'ambition minimaliste. Comme l'est le scénario ainsi que les décors qui, si l'on regarde bien, se cantonnent à quelques pièces seulement et que le cinéaste tente maladroitement de démultiplier. Mais le spectateur ne se prendra au jeu que s'il accepte le principe...

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