Total Recall
de Paul Verhoeven, Red Planet
d'Antony Hoffman, deux exemples de longs-métrages qui évoquent le
sujet de la terraformation sur la quatrième planète de notre
système solaire. Mars, connue également sous le nom de planète
rouge. C'est là que c'est installée une famille de terriens
composée de Reza, son épouse Lisa et leur fille Remmy.
Régulièrement attaqués par des pillards, Reza et les siens vivent
sur une vaste propriété qui semble avoir appartenu à une famille
hostile aux habitants de la Terre. N'en pouvant plus des assauts
permanents d'étrangers tentant régulièrement de prendre possession
des lieux, Reza décide de régler définitivement leurs comptes.
Pourtant, après quelques temps, le père de famille ne réapparaît
pas et à sa place débarque Jerry, né sur Mars, et qui compte bien
se réapproprier les lieux qu'il affirme être la propriété de ses
parents disparus... Ce premier long-métrage réalisé par Wyatt
Rockefeller d'abord craindre un voyage intérieur quelque peu
ennuyeux. Surtout si l'on ne se penche pas au départ sur le synopsis
et que l'on imagine être une énième variation sur le thème de
Robinson Crusoé
transposé dans une œuvre de science-fiction. Car il y est
effectivement question de naufrage (celui de cette attachante famille
qu'interprètent l'américaine Brooklynn Prince, le britannique Jonny
Lee Miller et la franco-algérienne Sofia Boutella) et d'une
rencontre entre deux individus (Lisa et Jerry qu'incarne le
charismatique acteur portoricain Ismael Cruz Cordova) qui de loin,
peut se considérer comme une version décalée de la rencontre entre
Robinson Crusoé et le sauvage Vendredi...
L'un
des intérêts de Settlers
est bien évidemment la question des lieux où se déroule
l'intrigue. On s'étonne au départ de la possibilité pour ses
colons d'y respirer à l'air libre. Est alors engagée une foule de
questions qui peuvent aller de la simple supposition que les lieux
aient été mis sous cloche, jusqu'à exprimer l'idée un peu folle
que ceux-ci puissent n'être qu'une alternative au holodeck des
différentes séries Star Trek servant
de décors à des expériences sur la vie ailleurs que sur notre
planète. Puis survient l'assaut des dits étrangers, transformant
l'apparente quiétude de la petite famille en sous-Mad
Max
à poils et sans les moyens où le génie de l'australien George
Miller. On espérait un peu d'agitation sans pour autant s'attendre à
un long-métrage virant du côté obscure d'une approche primitive.
Ce qui fort heureusement ne tardera pas à s'estomper pour se pencher
sur les rapports entre Lisa, sa fille Remmy et l'étranger Jerry. Des
rapports oscillant entre regards en coin mâtinés de suspicion et
jeux de séduction beaucoup plus pervers qu'ils n'y paraissent. À
moins que là encore, la peur de la solitude n'y vienne mettre son
grain de sel. Le couple formé par Sofia Boutella et Ismael Cruz
Cordova s'avère relativement troublant et maintient une partie de
l'intérêt qui réside également dans la présence de la jeune
Brooklynn Prince, sobre et mature, se trouvant un compagnon en la
''personne'' de Steve, un robot utilitaire qui, chose étonnante, est
capable d'apprendre au point de.... enfin, ça, vous le découvrirez
par vous-même.
Settlers
s'apparente parfois à un western avec ses décors poussiéreux, ses
plans larges, sa décrépitude mais son rythme parfois lent ne
l'empêche cependant pas de constituer une œuvre très intéressante
qui fait autant référence au roman de Daniel Defoe Robinson
Crusoé (bien
que le film soit uniquement basé sur le scénario écrit par le
réalisateur lui-même) qu'à ces histoires sordides de séquestration
qui régulièrement noircissent les pages de la presse papier.
Cependant, il ne sera pas interdit de demeurer circonspect face à
des choix curieux, et notamment lors d'un final qui justifie certains
propos mais n'expliquent en revanche pas du tout certains moyens de
survivance. Des invraisemblances qui nuisent fort heureusement dans
de toutes petites proportions à ce premier long-métrage d'un
réalisateur très prometteur et donc, à suivre de très près...