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mercredi 8 mai 2024

Arcadian de Benjamin Brewer (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Capable du meilleur comme du pire, d'apparaître dans un authentique chef-d’œuvre comme de se fourvoyer dans le pire des nanars, l'acteur américain Nicolas Cage nous revient cette année en petite forme avec Arcadian du réalisateur Benjamin Brewer. Troisième long-métrage après le drame Beneath Contempt en 2011 et le film d'action The Trust en 2016 dans lequel il débaucha déjà la star américaine en lui offrant l'un des deux rôles principaux aux côtés d'Elijah Wood, Benjamin Brewer signe avec Arcadian une œuvre de science-fiction post-apocalyptique comme il en existe malheureusement déjà des dizaines. Autant dire que dans ce monde peuplé de créatures cauchemardesques qui sortent principalement lorsque le soleil se couche, rien ou très peu de choses ne va venir perturber le train-train quotidien de l'amateur qui chaque mois se nourrit de ce genre de productions par poignées de dix ! Nicolas Cage incarne le rôle de Paul, père de deux adolescents âgés de quinze ans tout juste nés à l'époque où un cataclysme eut lieu sur notre planète. Mix entre le film de monstres façon loups-garous nanardesques, science-fiction à la Je suis une légende du pauvre et campagnard, le titre Arcadian est étymologiquement incompatible avec l'univers décrit dans cette œuvre s'inscrivant dans un contexte d'écriture flemmarde assez remarquable. À commencer par la caractérisation de ses principaux protagonistes. Pourtant en nombre peu important, les personnages ne bénéficient pas d'un soin tout particulier quant à l'élaboration de leur personnalité. L'on a d'un côté l'adolescent un brin rebelle (Maxwell Jenkins dans le rôle de Joseph), amoureux de la charmante Charlotte (l'actrice Sadie Soverall) qui vit dans une ferme près de là où il vit lui-même aux côtés de son père et de son frère Thomas (Jaeden Martell), petit bricoleur de génie dont le comportement est à l'opposée de Joseph. Le concept de Arcadia est simple : dans un monde infesté de créatures monstrueuses, un père et ses deux fils tentent de survivre, tout comme les habitants des fermes implantées aux alentours. Dans ce récit qui compte moins d'une dizaine de personnages, Benjamin Brewer tente avec entre les mains le scénario écrit par Mike Nilon d'apporter une vision nouvelle du genre post-apocalyptique en se penchant sur la personnalité de ces deux adolescents qui comme souvent sur grand écran n'ont pas ou peu de rapports entre eux avant que l'adversité ne les contraigne à se rapprocher. D'autant plus que le père incarné par Nicolas Cage apparaît plus comme un faire-valoir que comme le personnage central d'un drame familial sur fond de dystopie...


En effet, si la star américaine apparaît régulièrement durant la première partie, elle disparaît peu à peu, se fait de plus en plus discrète dès lors que Benjamin Brewer décide de mettre en avant les deux fils du héros ainsi que la jeune Charlotte. Bancal et franchement dénué de tout intérêt, le concept d'Arcadian aurait pu être fort si seulement le réalisateur s'était donné la peine de créer des personnages attachants. Mais en les survolant et en les mettant en scène dans des situations rocambolesques à la limite du ridicule, c'est avec une certaine gêne que l'on suit les aventures relativement périlleuses de ces gamins confrontés à ceux qui semblaient avoir été des hommes et des femmes par le passé et qui désormais apparaissent à l'écran sous la forme de créatures hybrides semblant avoir des origines ''lycanthropesques'' ! Frère du réalisateur, Alex Brewer est à la tête de l'équipe chargée de produire à l'image les fameux créatures. Le résultat est sans appel : Les victimes de cette étrange maladie qu'est la lycanthropie dans Le Loup-garou de Paris ont trouvé un véritable rival en matière d'effets-spéciaux numériques visuellement immondes. Leur design qui au départ est déjà en lui-même assez risible est accentué par des images de synthèse absolument infâmes qui ne cachent par leurs origines. Je pense au critique originaire du sud-ouest du Gers Pierre Challon qui il y a deux mois écrivait une critique particulièrement élogieuse du long-métrage de Benjamin Brewer, allant ainsi à contre-courant du spectacle qui en réalité nous est présenté à travers la mise en scène, l'écriture ou bien même l'interprétation, laquelle fait partie des rares meubles à sauver... à croire que l'on n'a pas du tout vu le même film ! Non, vraiment, Arcadian ne possède aucun des atours qui auraient permis de le distinguer de la concurrence. Et surtout pas sa photographie ou le cadrage (à l'épaule) qui tangue de manière presque maladive ! Le film est à l'image d'un Nicolas Cage effacé : sans réelle ambition. Bref, pour sa première apparition sur les écrans en 2024, et comme je l'écrivais au départ de cette critique, l'acteur nous revient en petite forme. Pas un désastre mais pas l'un de ces grands films de science-fiction dont on se souvient très longtemps après sa sortie....

 

samedi 4 mai 2024

2029 de Jérôme Jacob (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le dernier long-métrage du réalisateur français Jérôme Jacob est-il visionnaire ? En un sens, oui puisque son auteur en conçu le projet avant même l'apparition du corona-virus en 2019. Sauf qu'ici, le pangolin n'en est pas à l'origine. Dans le cas de son très post-apocalyptique 2029, le réalisateur et scénariste envisage la disparition de quatre-vingt dix pourcent de la population mondiale à travers un virus qui aurait été directement inoculé par une civilisation extraterrestre... Ensuite, reste à celles et ceux qui n'en furent pas atteints la survie en terre hostile. Le dernier film de Jérôme Jacob doit moins s'envisager comme un blockbuster financé à coups de dizaines ou de centaines de millions d'euros qu'une œuvre appliquant quarante ans plus tard, les méthodes du cinéma transalpin qui à l'époque des Rats de Manhattan de Bruno Mattei ou de 2019, après la chute de New York de Sergio Martino exploitait le cinéma de science-fiction, d'anticipation et post-apocalyptique de manière très artisanale. En ce sens, 2029 remplit parfaitement son contrat. De l'écriture, en passant par la réalisation et jusqu'à l'interprétation, Jérôme Jacob est un passionné de cinéma qui s'implique donc totalement dans son projet. La plupart des interprètes n'en sont pas à leurs débuts même si leur filmographie reste encore très succincte. Beaucoup de cinéastes dits ''amateurs'' tentent de percer dans la profession mais se cassent très souvent les dents. Mise en scène et interprétation demeurant ainsi les premiers éléments de jugement qui les condamnent malheureusement à l'oubli. Avec 2029, c'est tout le contraire. On croit pouvoir distinguer l'ordre dans lequel les différentes séquences furent tournées car après une ouverture que d'aucun pourrait juger d'amateur, le film, pour le confort visuel du spectateur ne fera que gagner en qualité. Filmé caméra à l'épaule, le long-métrage de Jérôme Jacob tremble parfois beaucoup. Surtout dans sa première partie.


Mais comme le vaccin tant recherché par les différents protagonistes du récit, l'outil du réalisateur semble peu à peu avoir été guéri de sa tendance ''Parkinsonnienne'', se stabiliser et réduire davantage la distance qui sépare l'amateurisme du professionnalisme. Le spectateur pourra vérifier ce qui justement caractérise cette œuvre qui ne cesse de gagner en intérêt, en intensité mais aussi et surtout, en qualités techniques. Passant même de la caméra portée à l'épaule à quelques très jolis plans de drones. Une vingtaine d'interprètes et plus encore de figurants et de silhouettes constituent le casting de ce film dont le scénario fait dans la ''démesure'' puisqu'il ne s'attache pas uniquement à suivre les traces d'un duo fuyant des mercenaires à la solde d'un certain Tex (l'acteur Steve Hevessy) mais suit également celles d'un second ''couple'' formé autour de Jeff (Jonathan Riggio) et Angie (superbe Aria Nurdin) que Tex contraint à mettre la main sur un antidote ! Ils ont ensemble cinq jours devant eux pour le retrouver. Afin de leur interdire toute idée de prendre la poudre d'escampette, le chef des mercenaires injectera notamment dans l'organisme d'Angie un venin dont le contrepoison devra lui être injecté au plus tard dans les cinq jours à venir... Le tournage de 2029 s'est étalé sur un peu plus d'une année dans la région de Bouzonville située dans le département de la Moselle. Si une grande partie des séquences furent tournée dans le bois d’Ébersviller de la ville portant le même nom à une quinzaine de kilomètres de Bouzonville, les spectateurs qui ne connaissent pas la région découvriront en outre le stupéfiant Fort aux fresques d'Hestroff, petite ville de quatre-cent cinquante habitants où est actuellement domicilié Jérôme Jacob, ou encore les tout aussi spectaculaires casernes de Bockange depuis désaffectées et situées quant à elle à Piblange. Désormais disponible sur Amazon Prime, les amateur de science-fiction post-apocalyptique peuvent donc se ruer sur 2029 les yeux fermés.

 

jeudi 2 mai 2024

Dead End Drive-In (Le drive-in de l'enfer) de Brian Trenchard-Smith (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

1979, une légende du cinéma de science-fiction post-apocalyptique voir le jour. Le policier Max Rockatansky interprété par l'acteur Mel Gibson. À l'issue d'un premier long-métrage particulièrement violent, le héros perdra femme et enfant. Deux ans plus tard, le réalisateur George Miller enfoncera le clou en mettant en scène Mad Max 2 : Le Défi. Une suite encore plus barbare où l'Homme avec un grand H sera définitivement rendu à l'état de sauvagerie. Film culte d'une violence inouïe, on n'a jamais réussi à faire mieux dans le genre malgré d'innombrables plagiats dont un certain nombre de mockbusters originaires d'Italie... Réalisé en 1986 par l'australo-américain Brian Trenchard-Smith, Dead End Drive-In ou Le drive-in de l'enfer partage avec la franchise de George Miller qui depuis son second volet s'est enrichi de deux autres longs-métrages, ses origines australiennes. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de science-fiction dystopique et post-apocalyptique. La plupart des figurants du récit sont également dotés d'attributs qui leur offre l'apparence de punks dégénérés. Sorte de mix entre les antagonistes de Mad Max 2 et de ceux de Class of Nuke 'Em High de Richard W. Haynes, Lloyd Kaufman et Michael Herz qui sortira justement la même année mais cette fois-ci sur le territoire américain. Étrangement, Dead End Drive-In bénéficie d'une aura toute particulière qui s'explique au fond assez difficilement. Car comment considérer à un tel niveau d'éloges une œuvre dont le scénario se résume à très peu de choses, où la mise en scène laisse libre cours à une succession de séquences relativement mal branlées et où le héros ne possède pas le moindre charisme ? Car c'est bien là l'un des principaux défauts du long-métrage de Brian Trenchard-Smith. Bien que Jimmy 'Crabs' Rossini parvienne à se défendre devant l'adversité, l'acteur Ned Manning qui l'interprète s'avère assez peu convainquant dans le rôle de cet homme coincé dans un ancien Drive-in transformé en une sorte de camp de redressement d'où s'échapper semble impossible. Le site est en effet entouré d'un mur de béton apparemment infranchissable qui fait pourtant peine à voir si on le compare à l'enceinte du New York 1997 que réalisa John Carpenter cinq ans auparavant.


Dead End Drive-In passe de l'univers nocturne du classique de l'auteur de Halloween à un monde visuellement plus ouvert et lumineux bien que concentré en une surface plutôt réduite. L'on aurait aimé que Dead End Drive-In soit dominé par la beauté de l'actrice Natalie McCurry qui interprète le rôle de Carmen, fiancée du héros mais à laquelle le réalisateur et son scénariste Peter Smalley attachent finalement peu d'importance. Dans un monde assez plat, sans reliefs visuels ou d'un ordre strictement lié à la caractérisation des différents personnages, Crabs tente par tous les moyens de sortir de ce camp de concentration pour jeunes délinquants dirigé par un certain Thompson (Peter Whitford). Après une première partie scénaristiquement bordélique, le récit s'installe au sein de ce ''cirque'' dans lequel le spectateur était en droit de s'attendre à des dangers d'une plus grande ampleur. Car en dehors de l'affrontement entre Crabs et l'un des membres d'un groupe de jeunes, la seule conséquences de ses actes mettant en jeu sa propre existence se situera lors de l'acte final. La faiblesse du concept crève l'écran. Ici, le héros ne rallie pas ses compagnons d'infortune à sa cause. Ceux-ci auraient même tendance à vouloir rester vivre dans cet ancien drive-in. L'on notera en outre l'étonnante attitude de sa fiancée Carmen qui après avoir succinctement côtoyé quelques représentantes féminines du camp semble déjà avoir envie elle-même d'y rester ! Après, Dead End Drive-In demeure tout de même très représentatif d'une époque, celle des années quatre-vingt, avec sa bande musicale tonitruante ou ses voyous aux atours et aux maquillages bariolés. Sur un fond ouvertement politisé, le film de Brian Trenchard-Smith souffre malheureusement de trop grandes lacunes. Le personnage principal est inintéressant au possible. Tout comme l'intégralité des prota-antagonistes qui végètent littéralement autour de lui. À titre de comparaison, justement, on préférera redécouvrir les étudiants décérébrés de l'un des classiques de la Troma, Class of Nuke 'Em High, lequel assumait une totale liberté de ton quitte à passer pour une bande totalement dégénérée. Dead End Drive-In demeurera sans doute comme une curiosité, exemple pas si commun de science-fiction post-apocalyptique originaire d'Australie, mais auquel j'eus personnellement bien du mal à adhérer...

 

mardi 23 avril 2024

Extra Sangsues ou Night of the Creeps de Fred Dekker (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Le récit de Extra Sangsues ou Night of the Creeps retitré chez nous La nuit des sangsues débute en 1959 lorsque une capsule est expulsée d'un vaisseau spatial par un extraterrestre malintentionné en direction de notre planète. Au même moment, un jeune couple d'amoureux aperçoit l'objet s'écraser au sol. Tandis que l'homme prend la décision d'aller voir de quoi il s'agit, sa petite amie est tuée par un déséquilibré malgré l'alerte lancée sur les ondes radio. Arrivé à l'endroit précis où la capsule s'est écrasée, son compagnon est attaqué par une sangsue qui le pénètre par sa bouche... Vingt-sept ans passent et en 1986, le jeune Chris Romero (Jason Lively) et son meilleur ami J.C. (Steve Marshall) espèrent incorporer la fraternité Beta Epsilon que dirige l'un des étudiants les plus populaires de leur université. Pour cela, les deux garçons vont devoir prouver leur courage en volant un cadavre dans la morgue d'un laboratoire scientifique et en le déposant devant le bâtiment d'une fraternité rivale, la Phi Omega Gamma. Une fois à l'intérieur du complexe, Chris Romero et J.C. pénètrent une salle protégée par un code d'accès à l'intérieur de laquelle se trouve un corps cryogénisé qu'ils ont le malheur de libérer. Le corps en question est celui de l'homme qui vingt-sept ans auparavant fut attaqué par la sangsue. En le libérant, les deux étudiants vont provoquer une série de drames au sein même de l'université et de ses alentours. Épris de la jolie Cynthia Cronenberg (l'actrice Jill Whitlow), Chris va non seulement tenter de l'approcher mais également devoir combattre d'anciens camarades transformés en zombies et disséminant des dizaines de sangsues. Pour cela, il devra compter sur l'aide du Détective Ray Cameron (l'acteur Tom Atkins), flic qui il y a presque trente ans avait bien connu la jeune femme qui fut massacrée par le malade mental...


Écrit et réalisé par Fred Dekker, Extra Sangsues marque tout d'abord la passion de son auteur pour le cinéma fantastique à travers le nom des principaux protagonistes. Chris Romero, Cynthia Cronenberg ou Ray Cameron (et d'autres encore) renvoient donc logiquement à trois des plus grands réalisateurs dans le domaine puisque l'on peut y voir un hommage à George Romero, à David Cronenberg ainsi qu'à James Cameron. Concernant le second, celui-ci s'était déjà bien avant Fred Dekker penché sur une intrigue plus ou moins similaire à travers son troisième long-métrage Shivers dans lequel les habitants d'un complexe urbain étaient atteints par un mal étrange causé par la présence d'un parasite. Fred Dekker abandonne avec Extra Sangsues le concept d'expérience scientifique et médicale pour s'intéresser à une invasion extraterrestre de type Body Snatchers. Le réalisateur et scénariste place au centre de son tout premier long-métrage l'acteur Tom Atkins qui dans le domaine de l'horreur, de la science-fiction et du fantastique s'est fait un nom en apparaissant notamment chez John Carpenter avec Fog en 1981 et New York 1997 l'année suivante, chez George Romero avec Creepshow en 1982 ou encore chez William Lustig avec Maniac Cop en 1988. Dans le film de Fred Dekker, celui-ci incarne un flic alcoolique au comportement ambigu. Doté d'un budget de cinq millions de dollars, Extra Sangsues rend tout d'abord hommage au cinéma de science-fiction des années cinquante avant d'entrer de plain-pied dans les années quatre-vingt. Futur auteur de Robocop 3 (seconde séquelle du classique de la science-fiction signée par Paul Verhoeven), Fred Dekker signe un Teen-Movie mêlant science-fiction et horreur en convoquant des extraterrestres en forme de sangsues, lesquels vont très rapidement prendre possession de leurs victimes et apparaître à l'image sous la forme de zombies se déplaçant avec lenteur. Dans sa première partie, Extra Sangsues s'avère plutôt bavard et donc particulièrement mou. Fort heureusement, le rythme s'accélère par la suite. Concernant le département des effets-spéciaux, Howard Berger et l'équipe en charge des explosions de têtes et autres créatures luisantes s'en sortent plutôt bien au vu du maigre budget. Au final, le premier long-métrage de Fred Dekker n'est certes pas un chef-d’œuvre mais il peut encore aujourd'hui compter sur l'engouement de ses fans qui le considèrent comme un film culte...

 

mardi 16 avril 2024

Breathe de Stefon Bristol (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Définitivement non... Breathe est le second long-métrage du réalisateur afro-américain Stefon Bristol après le très moyen See You Yesterday il y a cinq ans. Si je précise ses origines, c'est parce que le bonhomme, plus que le simple film de science-fiction que paraît être Breathe, intègre au récit un insidieux message Woke qui termine de convaincre que le film est tout sauf une bonne surprise. Déjà parce que le scénario ne fait preuve d'aucune espèce d'imagination. Il y a dix ans déjà, le réalisateur et scénariste américain Christian Cantamessa avait déjà évoqué le thème apocalyptique d'une planète Terre où l'air était déjà devenu irrespirable. Les mauvaises langues diront que dans le cas de Breathe celui-ci est carrément devenu absent de la surface de notre planète mais dans le fond, cette légère différence ne change pas grand chose. Stefon Bristol a bien raison de mettre en scène dans les deux principaux rôles deux interprètes qui comme lui sont d'origine afro-américaine. Mais sans doute aurions-nous apprécié davantage qu'il n'accentue pas outre mesure ce choix en invoquant les arts de la musique et de la littérature par le seul prisme d'artistes eux aussi de couleur. D'autant plus que lorsque intervient l'homme blanc dans la globalité que revét le terme, celui-ci fait figure d'antagoniste. Avec sa chevelure longue, crasseuse et son attitude plutôt inquiétante, le personnage de Lucas qu'incarne Sam Worthington est à l'exacte opposé du rôle qu'il interpréta notamment dans les deux premiers volets de la franchise Avatar de James Cameron. De héros, le voilà qu'il passe du côté obscure en interprétant l'agresseur. Mais il n'est pas le seul puisqu'à ses côtés l'on retrouve Milla Jovovich dont les faits d'arme ont tendance à inquiéter d'emblée quant aux éventuelles qualités de ce produit moulé pour les plates-formes de streaming.


Si l'on apprécie durant un temps l'attitude protectrice mais néanmoins très autoritaire de la mère de Zora (Quvenzhané Wallis) incarnée par Jennifer Hudson (qui joue donc le rôle de Maya), à moyen terme les valeurs s'inversent face au comportement de cette gamine qui malgré l'époque futuriste (la toute fin des années 2030) ne se distingue absolument pas des adolescentes de son âge qui vivent en 2024 si ce n'est sa propension à donner une image réductrice des adultes. Il est clair que si l'on s'en tient au discours de Stefon Bristol, rien n'aura vraiment changé à part le paysage puisque dans le monde qu'il décrit, plus aucune plante ne pousse à l'extérieur et que l'absence totale d'oxygène contraint hommes, femmes et enfants de vivre reclus dans des espaces confinés et aménagés où sont installés des générateurs d'oxygène ! En dehors d'un ou deux plans larges nous montrant un New-York en ruines, l'essentiel des effets-spéciaux se concentre à l'intérieur du bunker où se déroule l'intrigue. Un lieu construit par Darius, l'époux de Maya, qui au décès de son père part enterrer son corps à côté de celui de sa mère.... à l'astronomique distance de trois kilomètres. Ce qui inquiète son épouse, bien entendu. On peut douter du bien fondé concernant le bunker et ses installations bâties des seules mains de cet ingénieur assez fou pour sortir avec sur le dos le cadavre de son père, dans un monde sans doute hostile (la suite nous le prouvera) et sans oxygène. Pour le reste, Stefon Bristol tente vainement de nous convaincre avec son monde en totale déroute baigné d'une lumière en sépia perpétuelle d'un goût plutôt douteux. Le réalisateur et son scénariste éludent un point essentiel consistant à expliquer les raisons pour lesquelles le monde et notre civilisation sont tombés dans un tel chaos. Stefon Bristol a beau intégrer quelques séquences d'action, l'ennui s'installe pourtant relativement vite. On ne se passionne guère pour cette petite partie de l'humanité ayant survécu à une catastrophe et où chacun tente de trouver sa place. La caractérisation étant simplement survolée, on ne se passionne pas davantage pour le couple mère-fille ou pour ceux qui viennent s'emparer des lieux. Bref, Breathe n'est que l'une des nombreuses tentatives de science-fiction post-apocalyptiques ratées qui polluent le genre...

 

dimanche 18 février 2024

Animalia de Sofia Alaoui (2023) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Il y a des cinéastes nés. Après seulement un long-métrage à son actif, la réalisatrice et scénariste franco-marocaine Sofia Alaoui semble avoir mis une bonne partie de la presse spécialisée d'accord. Sorti sur les écrans l'an passé le 9 août 2023, Animalia fait partie de ces œuvres rares qui ne peuvent laisser indifférent. Du moins lui accorderons-nous une certaine exigence. Il se peut même qu'une seconde projection, voire une troisième, soient nécessaire pour saisir toute la portée philosophico-religieuse de ce récit qui parle de Dieu, des hommes et théoriquement d'individus qui proviendraient d'ailleurs. C'est du moins ainsi que je saisissais le message une fois l'histoire achevée. Porté par la formidable et délicieuse Oumaima Barid qui avant cela interpréta le rôle de Fatima dans La vie me va bien d'Al Hadi Ulad-Mohand il y a trois ans, Animalia est une espèce d’énigme dans le fond et dans la forme. En filmant d'abord l'intérieur d'une riche famille marocaine et en poursuivant l'aventure au cœur de paysages d'une sidérante beauté, le long-métrage évoque ce que l'homme bâtit de ses propres mains face la création de Dieu. L'un et l'autre se rejoignent et fondent un univers d'une majestueuse beauté à laquelle le film de Sofia Alaoui ajoute un talent indéniable pour le cadrage, les éclairages et les environnements. La photographie de Noé Bach met en lumière un Maroc aux richesses multiples. Un pays qui tout comme à l'échelle de notre planète est en proie à un événement extraordinaire. Plutôt que de traiter le récit sous l'angle exclusif d'une hypothétique fin du monde annoncée où les peuples sont concentrés dans des lieux sécurisés par l'armée, dans le cas de Animalia, les croyances de tout un peuple sont reléguées par les médias et les Mosquées deviennent ainsi les seuls lieux de refuge aptes à protéger la population. Notons également la présence de quelques animaux qui dans le Coran sont cités non pas en tant que catégories mais en tant qu'espèces et même plus à proprement parler, en tant qu'individus.


C'est ainsi que sont représentés à l'écran la fourmi, la huppe ou diverses catégories de chiens. Certains s'agitent telle l'annonce d'un événement d'ampleur cataclysmique quand d'autres apparaissent comme une forme d'alerte entrant directement en contact avec certains habitants de la région. Au cœur de ce récit où se mêlent drame et science-fiction, Itto (Oumaïma Barid) illumine le récit. La fragilité de son personnage liée à la naissance toute prochaine de l'enfant qu'elle porte souligne le danger auquel elle va être confrontée. Cet univers majoritairement masculin, soupçonneux, où le statut de la femme demeure précaire quelle que soit la situation, même dans ce lieu de culte où rejoindre son époux se transforme en périple. Cultivant une certaine ambiguïté quant aux origines de celui qu'il est interdit de représenter, Sofia Alaoui ose décrire l'impensable en lui offrant une identité visuelle à travers ces entités qui semblent se cacher derrière cette brume fantastique qui s'élève dans le ciel et à laquelle notre héroïne finira par se raccrocher lors d'une séquence absolument bouleversante. Derrière la beauté des paysages, la dureté de certains regards, la folie qui s'empare de ce vieux fou persuadé que ses bêtes sont possédées, ces réunions nocturnes et canines, la vision déconcertante et vertigineuse qui guide l'héroïne mais aussi ces deux compagnons de routes qui accompagnent un temps la jeune femme, Animalia conditionne le spectateur et l'invite à un voyage inhabituel dans des espaces d'une remarquable beauté ou dans de minuscules bourgades anxiogènes où la place de la femme est ainsi décrite comme l'occidental l'imagine en général. Bref, avec son premier long-métrage qui en outre remporta le prix du jury au festival de Sundance, Sofia Alaoui nous terrasse, nous éblouie, nous subjugue. Quant à sa principale interprète, nous lui souhaitons une belle et longue carrière au cinéma...

 

samedi 10 février 2024

Les aventuriers de la quatrième dimension de Jonathan R. Betuel (1985) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Quand t'as quarante-cinq ans (Hein ? Ouais, bon, ça va. Cinquante-deux, si tu préfères, pffff) et la tête pleine de bons et joyeux souvenirs du cinéma fantastique des années quatre-vingt, presque quarante ans après sa sortie sur les écrans, Les aventuriers de la quatrième dimension a un petit goût de rev'nez y. Sauf que... Sauf que le temps a passé, que la technologie a évoluée et que certains longs-métrages, passée la barre des dix ou vingt ans, ont beaucoup souffert des progrès en matière d'effets-spéciaux. Sorti dans son pays d'origine sous le titre My Science Project, le premier des deux films qu'aura réalisé en tout et pour tout le cinéaste Jonathan R. Betuel durant sa carrière n'est pas forcément celui auquel on pense lorsque l'on se remémore ces années d'insouciance, à une époque où sortaient sur les écrans de cinéma de grands classiques de la science-fiction, tel l'un des plus iconiques du nom de Retour vers le futur de Robert Zemeckis. On pensera ici notamment au sympathique Explorers de Joe Dante qui sortira d'ailleurs la même année que le long-métrage de Jonathan R. Betuel. Concernant ce dernier, le film se démarque surtout par sa première partie relativement intéressante lors de laquelle tous les stigmates des comédies fantastiques d'alors sont scrupuleusement relevées. Ces universités sur les bancs desquelles les élèves même les moins assidus savaient encore se tenir contrairement à leur plus ressente descendance dont l'attitude se rapproche davantage des primates dont on part explorer les us et coutumes dans les zoos que celle d'adolescents parfaitement éduqués ! Au centre du récit, l'acteur John Stockwell qui dans le rôle de Michael Harlan campe une sorte d'alter ego au Fonzie de la série culte américaine, Happy Days. Un adolescent, pro de la mécanique auquel font appel les camarades qui se retrouvent généralement en rade. Accompagné de son meilleur ami Vince Latello (l'acteur Fisher Stevens que l'on vit notamment dans le slasher The Burning de Tony Maylam en 1981 ou dans le rôle d'Alex Brady, l'un des assassins les plus narcissiques de la série Columbo en 1989), ce dernier lance d'ailleurs une référence à un certain Christine de John Carpenter dans lequel John Stockwell joua deux ans auparavant. Complété par la délicieuse Danielle von Zerneck qui interprète ici la jolie Ellie Sawyer, le trio va évoluer dans sa seconde partie dans un multi-univers sur lequel nous reviendrons plus tard. Mais avant cela, nos trois jeunes protagonistes vont faire la découverte d'un curieux objet trouvé par Mike et Ellie dans un dépôt de l'armée américaine.


Visiblement attirée par le beau garçon, la jeune femme accepte un soir de s'y rendre en sa compagnie et c'est lors d'une chute dans un trou que Mike découvre donc un drôle d'engin qui semble toujours fonctionner. Et puisqu'il est sommé de rendre très prochainement un devoir scientifique à son professeur de sciences physiques Bob Roberts (l'acteur Dennis Hooper qui un an avant d'interpréter le rôle de Frank Booth dans le chef-d’œuvre de David Lynch, Blue Velvet, aime déjà ici se défoncer à l'oxygène pure), quoi de mieux que de lui présenter l'objet en question ? Mais rien ne va se dérouler comme prévu et nos trois jeunes héros, accompagnés de leur professeur, vont ouvrir une brèche vers des mondes parallèles. Et c'est là que les ennuis vont véritablement commencer et que le film pose véritablement problème. Aussi bien pour les spectateurs que pour nos héros, d'ailleurs. Doté d'un budget estimé entre douze et quatorze millions de dollars, Les aventuriers de la quatrième dimension passe d'une première partie très divertissante à une seconde déjà beaucoup moins satisfaisante. Pour commencer, et peut-être ainsi éviter davantage de dépenses, Jonathan R. Betuel choisit non pas de convier ses personnages à entrer dans divers univers parallèles mais ce sont ces derniers qui au contraire s'invitent dans celui de nos trois héros. C'est donc au sein de leur lycée que vont être introduits des personnages du passé, entre une reine de l’Égypte ancienne, un homme du moyen-âge, des soldats de la Waffen-SS, d'autres du conflit qui se déroula durant vingt ans sur le territoire vietnamien ou encore des créatures mutantes post-apocalyptiques telles que l'évoquera Vince Latello. Et là, mes amis, quelle déchéance. Non seulement le film devient un grand fourre-tout bordélique et indigeste apparemment dénué de tout contrôle de la part de son réalisateur mais visuellement, on est vraiment proches, TRES proche du nanar ! C'est laid à un point que l'on préférerait presque se cacher les yeux derrière nos mains. Des plantes en plastique (ne manquent plus que les pots) disséminées ça et là histoire de nous donner l'illusion d'une forêt vierge et un T-Rex en caoutchouc et à la ramasse tentent vainement de faire illusion. La deuxième moitié de ces aventuriers de la quatrième dimension est un ratage complet. On se désolidarise assez rapidement de personnages pourtant attachants au départ lors de cette seconde partie mise en scène avec les pieds. Le film de Jonathan R. Betuel démontre s'il le fallait que le temps, parfois, abîme l’œuvre qui alors devient tellement cheap et ringarde qu'elle en devient presque visuellement insoutenable...

 

jeudi 1 février 2024

Andron : The Black Labyrinth de Francesco Cinquemani (2015) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆




Premier long-métrage du réalisateur Francesco Cinquemani après toute une série de courts et d'épisodes de séries télévisées, Andron : The Black Labyrinth tient son nom du grec ancien signifiant la pièce d'une demeure réservée aux hommes. On peut donc supposer que le film a comme intention de traverser le temps pour nous offrir un voyage en pleine Grèce Antique ou pour au moins baigner ses personnages dans des décors typiques de cette époque mais non, là n'est visiblement pas l'intention du réalisateur et scénariste italien qui préfère au risque de créer une certaine indigence, mélanger différents types de longs-métrages ayant connu un certain succès. À l'origine, le film est semble-t-il basé sur une série télévisée italienne et mélange donc post-apocalypse avec ses décors extérieurs fourmillant de pauvres hères, groupe d'individus ayant perdu la mémoire et se retrouvant coincés dans le labyrinthe du titre, survie, jeu télévisé... Bref, il y a dans Andron : The Black Labyrinth, de la science-fiction dystopique à la manière des vieux mockbusters italiens des années 80, du Cube et consorts, du gros repompage de The Maze Runner (sorti dans l'hexagone sous le titre Le labyrinthe) et du Running Man (ou plus près de chez nous, Le prix du danger). Tout ceci enrobé par la double présence d'Alec Baldwin et Danny Glover histoire d'apporter un peu de lustre et de crédit à une œuvre qui très honnêtement en manque terriblement. En effet, dès les premières secondes et jusqu'au générique de fin, c'est l'effarement. On se demande comment les deux acteurs à la carrière pourtant bien fournie ont pu l'un et l'autre se laisser tenter par un script branlé avec aussi peu d'imagination. L'appel du billet vert, sans doute ? Manifestement financé à l'aide d'un budget serré, le long-métrage de Francesco Cinquemani offre nettement moins d'intérêt qu'une œuvre signée de Sergio Martino, Bruno Mattei ou d'Enzo G. Castellari en leur temps. Quel rapport me direz-vous entre 2019, après la chute de New-York, Virus Cannibale, Les guerriers du Bronx et Andron : The Black Labyrinth ?


Sans doute aucun, à moins que l'on se réfère aux objectifs que chacun s'était fixé en son temps : reprendre un concept. Se le réapproprier et en proposer une fumeuse alternative. Chose qui par contre ne risque pas d'arriver avec Andron : The Black Labyrinth qui demeure l'une des pires expériences cinématographiques de ces dix dernières années. On comprends rapidement que les deux vedettes du film ne sont que des faire-valoir servant à attirer du monde devant les écrans puisque les véritables protagonistes seront interprétés par des acteurs nettement moins connus : au hasard, Leo Howsard, Gale Harold, Antonia Campbell-Hugues, la chanteuse Skin du groupe Skunk Anansie ou encore Elettra Dallimore Mallaby. Bref, un casting hétéroclite pour une œuvre qui ne l'est pas moins. Gardez bien au chaud vos petits classiques achetés aux format DVD ou Blu-ray car ce n'est certes pas Andron : The Black Labyrinth qui les chassera de vos vidéothèques. Le long-métrage de Francesco Cinquemani est une purge, une vraie. Le genre de films qui pullulent, mêlant science-fiction et action dans un univers visuellement dégueulasse. Le labyrinthe du titre est à lui seul une authentique escroquerie. Oh, il y a bien quelques engrenages qui tentent de faire illusion ça et là mais le film semble avoir été tourné en grande partie à l'intérieur d'une ancienne usine désaffectée qui n'aurait sans doute pas fait tâche si elle avait dû remplacer celle de la séquence d'ouverture du nanar culte de Bruno Mattei, Virus Cannibale ! Effets-spéciaux au rabais, décors on ne peut moins immersifs, jeu approximatif et scénario bancal, Alec Baldwin et Danny Glover durent se mordre les doigts d'avoir accepté un tel projet. Le montage est chaotique, surtout lors des séquences d'action qui en deviennent totalement illisibles. L'escouade de soldats auxquels vont se frotter nos protagonistes demeure absolument ridicule (non mais ça veut dire quoi ces yeux rouges lumineux?) et semble avoir été empruntée à la série culte japonaise San Ku Kaï. Les amateurs ne séries Z de science-fiction peuvent d'ors et déjà se frotter les main : Andron : The Black Labyrinth est fait pour eux, et uniquement pour eux. Les autres risquent de fuir le film dès les premières minutes... et ils auront bien raison de le faire... Allez hop, à la poubelle !

samedi 20 janvier 2024

Panic in Year Zero ! de Ray Milland (1962) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Qu'il agisse en tant que médecin xénophobe (The thing with two Heads de Lee Frost), qu'il incarne un assassin ou l'époux d'une victime dans les épisodes de la série Columbo intitulés Faux Témoin et Dites-le avec des fleurs ou qu'il incarne comme ici le mari et le père protecteur d'une famille d'américains moyens au début des années soixante, Ray Milland fait partie de ces attachants et incunables acteurs du cinéma bis qui traversèrent plusieurs décennies et incarnèrent nombre de personnages dans des genres aussi divers que la comédie, le drame (l'un allant parfois de paire avec l'autre), l'aventure, le western, le thriller, le film de guerre ou bien même le fantastique, l'épouvante et la science-fiction. Concernant Panic in Year Zero ! qu'il réalisa lui-même en 1962 mais dont il confia l'écriture aux scénaristes Jay Simms et John Morton, Ray Milland incarne Harry Baldwin, époux d'Ann (l'actrice Jean Hagen) avec laquelle ils eurent deux enfants devenus maintenant de grands adolescents prénommés Rick et Karen et respectivement interprétés par Frankie Avalon et Mary Mitchel. Le long-métrage s'inscrit dans cette grande tradition d’œuvres paranoïaques propres au cinéma outre-atlantique et du milieu du vingtième siècle découlant de l'anticommunisme et de la méfiance forcenée des États-Unis vis à vis de l'URSS et de la concordance avec la guerre froide. Tourné en noir et blanc, produit et distribué sur le territoire américain par la société American International Pictures, Panic in Year Zero ! met tout d'abord en avant les propensions d'une famille et surtout de celui qui représente en son sein l'autorité à savoir faire face à une menace qui débute d'abord par une attaque nucléaire dont les origines sont au demeurant inconnues ainsi qu'aux retombées comportementales de la population dont l'attitude va de fait s'avérer régressive. Des hommes et des femmes agissant parfois contre une nature qui leur est propre mais qui les contraint à agir différemment selon le degré de danger. Et c'est donc ainsi que se positionne le héros de ce récit limpide situant donc son action en plein cœur d'une intrigue post-apocalyptique de type ''survivaliste''. Ray Milland y décrit la nécessité de passer outre les lois et la morale pour le bien des siens. Il devient donc difficile de juger l'homme et ses actes sous leurs aspects répréhensibles.


En cela, Panic in Year Zero ! préfigure ce que d'aucun peut juger comme un comportement devenu normal dans un contexte qui lui est sorti du strict cadre de la normalité. À l'ère où le néo-féminisme a tendance à vouloir couper les couilles des hommes, le film de Ray Milland apparaîtra comme une œuvre prônant certaines valeurs morales indiscutablement passéistes voire même, criminelles. Et hors des nouvelles lois qui aux États-Unis allaient bientôt permettre aux femmes de partiellement s'affranchir de l'autorité masculine. Pourtant, Panic in Year Zero ! ne semble pas encore être près à envisager la chose de la sorte puisque réalisateur et scénaristes renvoient l'épouse et la fille aux tâches qui leur incombèrent jusque là : entretenir la résidence et produire différentes tâches ménagères comme la cuisine ou le ménage. Ray Milland appuie tant et si bien sur ce ''détail'' qu'il fait d'Ann, l'épouse du héros qu'il incarne, une femme retranchée dans ses principes au point de faire prendre de grands risques à la famille lors de son exode loin de Los Angeles où eut lieu l'un des nombreux bombardements. Jean Hagen incarne donc une épouse au caractère étonnamment crispant bien que véhiculant d'authentiques valeurs humaines. Comme sa fille Karen d'ailleurs, tandis qu'en face se dressent entre les deux femmes et les éventuels dangers, les deux mâles, armés de fusils et de revolvers. Panic in Year Zero ! conserve un rapport ténu avec la plupart des œuvres du genre. Et même s'il ne s'inscrit pas dans un décor désertique comme dans Mad Max 2 de George Miller ou dans une cité détruite et ravagée par la criminalité (voir la vague de Mockbusters signés dans les années quatre-vingt par d'opportunistes cinéastes italiens), le danger peut s'insinuer même au sommet d'une colline située au beau milieu de la nature. Ray Milland va droit à l'essentiel. Sa description du modèle rêvé de famille typiquement américaine est vite balayée par l'intense lumière des bombardements (symbolisés par de très rudimentaires effets-spéciaux, il est vrai) et le réalisateur est l'un de ceux qui posent à l'époque les bases d'un courant qui durant les décennies suivantes ne cessera pas de faire des petits. Pas un classique mais un très bon exemple de science-fiction post-apocalyptique...

vendredi 5 janvier 2024

High Life de Claire Denis (2018) - ★★★★★★★★☆☆


 


 

Ce qu'il y a de remarquable et donc de fondamentalement indispensable lorsque l'on se lance dans une œuvre cinématographique est de percevoir l'angle sous lequel son auteur l'a envisagé. D'autres pourtant nous poussent vers une voie bien différente. Une fois absorbée la contemplation, il faut parfois bien admettre que le spectateur est LE chaînons manquant qui complète parmi les projets les plus inattendus, ce qui d'apparence peut en quelques occasions paraître comme inabouti. Ces vides qu'il faut absolument remplir, en construisant intellectuellement et au fil du récit, de détails qu'ont volontairement omis d'intégrer ou d'annoter scénaristes et réalisateurs. Atypique jusqu'à devenir parfois inconfortable, l'univers de Claire Denis s'étendait en 2018 au delà des seules frontières terrestres pour emporter avec elle, protagonistes et spectateurs jusqu'aux confins de l'univers. Là où tout semble possible. Où la mort veille semble-t-il à emporter tous ceux qui s'y risquent mais où il n'est peut-être pas inimaginable de penser qu'un ailleurs existe. Nous conter un récit aussi extraordinairement ambitieux et le faire à bord d'un vaisseau qui a tout l'air d'avoir été construit pour les besoins d'un bon gros nanar transalpin des années quatre-vingt est en soit, un acte aussi insensé que d'envoyer à des milliards de kilomètres de notre planète, des repris de justice pour aller vérifier ce qu'il peut se cacher de l'autre côté d'un trou noir. En somme, la première pierre à elle seule fascinante d'un projet de science-fiction qui ne se bornera pas à suivre le chemin ultra balisé du genre. Et pourtant, l'entrée en matière plongera certainement une partie du public dans un état de somnolence quasi immédiat. Supportant avec aussi peu de patience que le héros incarné par Robert Pattinson ce rejeton braillant sans interruption, les divagations ''monolinguales'' du héros risquent tour d'abord d'exaspérer avant que ne surviennent enfin de leur vivant, ces compagnons apparemment raides morts qu'il vient tout juste d'envoyer faire un voyage dans l'espace. Car High Life de Claire Denis est essentiellement construit sous forme de flash-back. Un confinement regroupant donc une dizaine d' hommes et de femmes condamnés à de lourdes peines de prison et qui ont fait le choix de participer à une expérience qu'ils savent suicidaire : approcher un trou noir et plonger en son cœur. Pris dans la tourmente d'une expédition sans espoir de retour, la tension monte entre les uns et les autres. D'autant plus que les hommes s'accordent pour faire don de leur sperme tandis que les femmes acceptent d'être fécondées.


Sous le prisme de l'hypocrite recherche scientifique, le film condamne d'anciens taulards à une inévitable condamnation à mort...



Et tout ceci sous l'égide du docteur Dibs qu'interprète l'actrice française Juliette Binoche dont le sex-appeal n'a jamais été aussi puissant tout en étant franchement inquiétant, voire même dérangeant. De ce voyage aux implications scientifiques, conquérantes et biologiques, Claire Denis élabore une sorte de Trip spatial absolument démentiel, ponctué de quelques visions dantesques (la salle de baise), construisant son œuvre autour de l'âme humaine, de sa capacité à se surpasser et des dérives qu'impose ce moment très précis où la résistance chimiquement morale de l'esprit humain succombe devant une trop forte pression. L'espace, immense étendue, figurant en un instant précis le placenta et le liquide amniotique. Avant toute chose et surtout celle de se lancer dans l'aventure High Life, il faut comprendre que le long-métrage de Claire Denis, ça n'est ni Star Wars ni même Star Trek dont l'approche nettement plus profonde et intellectuelle que l’œuvre de George Lucas est déjà un prétexte pour rebuter les amateurs de blockubusters de science-fiction (chose qui est pourtant malheureusement non avérée au sein de la dernière trinité de films qui furent tournés entre 2009 et 2015). Ici, la française aborde le passionnant mystère qui entoure les trous noirs en mode ''film d'auteur''. Avec tout ce que le concept peut avoir de rebutant. Un rythme lent, voire pesant, que l'ancienne assistante de Robert Enrico, de Jacques Rivette et fan de Jim Jarmusch et de Wim Wenders saupoudre fort heureusement de fulgurances presque inattendues. L'intrigue semble parfois se complaire dans une outrancière accumulation de propos tournant autour du sexe. Des actes qui nourrissent cependant le récit et fonctionnent comme une épidémie de désirs irrépressibles dont le patient zéro serait le docteur Dibs que la réalisatrice et les scénaristes Jean-Pol Fargeau et Geoff Cox décrivent comme porteuse d'un ''sexe en plastique''. Comprendre que cette femme hautement désirable n'aurait au fond d'humain que le désir de procréation par procuration. Décors et photographies participent de l'étrangeté et de l'inconfort du récit. Tout comme la partition musicale du musicien britannique Stuart A. Staples, chanteur du groupe Tindersticks. Autant prévenir celles et ceux qui voudraient que Claire Denis leur apporte une réponse s'agissant du phénomène des trous noir. La réalisatrice préfère cependant abandonner le spectateur à l'expectative lors d'un final laissant l'ultime question en suspens. Au delà de cette seule interrogation, High Life est une œuvre puissamment évocatrice, hypnotique et fulgurante. Sans doute l'une des meilleures propositions de science-fiction à la française pour une coproduction franco-germano-anglo-américano-polonaise...

 

mercredi 27 décembre 2023

Mira de Dmitriy Kiselev (2022) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

La science-fiction russe est en général d'une rigueur scientifique qui peut laisser de marbre une partie du public. Le dernier long-métrage de Dmitriy Kiselev intitulé Mira adopte au contraire une approche beaucoup plus ludique et légère en transposant sa thématique au sein d'un film catastrophe des plus mouvementé. Deux genres qui n'en sont pas à leur première communion et qui trouvent ici un terrain de jeu prompt à multiplier les séquences de bravoure. Entre une adolescentes marquée physiquement et intellectuellement depuis longtemps par un accident qui la brûla sur une bonne partie de son corps et son père, un cosmonaute qu'elle n'a pas revu depuis ces six dernières années qu'il a passé en orbite autour de notre planète. S'ouvrant quasiment sur une séquence relativement pénible lors de laquelle nous découvrons la jeune Lera (l'actrice Veronika Ustimova) participant à une course sur une piste d'athlétisme, Mira débute effectivement assez mal. Une bande-son moisie qui ne colle absolument pas à cet univers où la technologie va avoir une place cruciale nous défonce les tympans. Cet expédient mimant ces universités américaines à grand renfort de musique fast-food, de joueurs de football américain et de majorettes donne envie de mettre immédiatement un terme à cette aventure. Fort heureusement, cette approche de très mauvais goût va très rapidement laisser place à des enjeux nettement moins bêtifiants même si là encore, le public sera en proie à certains mauvais démons qui nourrissent depuis des décennies nombres de longs-métrages. Couple séparé. Difficulté des rapports entre l'adolescente et son nouveau beau-père (l'acteur Maksim Lagashkin dans le rôle pas très mature de Boris). Absence du père. Gestion peu aisée du demi-frère. Le film de Dmitriy Kiselev, comme la plupart de ceux qui abordent ce type de problèmes familiaux recommandera à la jeune héroïne une maturité exceptionnelle pour se sortir des différentes situations dans lesquelles elle sera directement impliquée.


L'un des très bonnes idées de Mira est l'usage de nouvelles technologies qui permettront à son père Arabov (Anatoliy Belyy) d'aider sa fille à des centaines de kilomètres au dessus de sa tête. ''Accompagné'' par un ordinateur de bord doté d'une voix féminine, le cosmonaute va en effet employer une toute nouvelle technologie permettant de prendre le contrôle de tout appareil électronique se situant sur notre planète et plus précisément ceux placés dans les différents quartiers de la ville de Vladivostok où se situe l'action et où une pluie de météores s'apprête à pleuvoir au dessus de la tête de ses habitants. C'est là qu'intervient le thème du film catastrophe lors d'une séquence qui durera près de huit minutes ! Il s'agit là de l'un de ces moments de bravoures que nous offre ce film qui ne fait l'économie d'aucun effet pour nous en mettre plein la vue. Les effets-spéciaux sont souvent remarquables, surtout lorsque les différents impacts des météores n'entrent pas en collision avec le sol  ou les immeubles hors-champ de la caméra ! Quelques effets numériques demeurent quelque peu ratés. Comme ces débris qui en arrière-plans n'atteignent malheureusement pas l'ampleur d'un impact qui aurait dû engendrer nettement plus de dégâts. Mais cela reste un détail car la séquence est filmée en plan-séquence et donc d'une seule prise, quoique l'on puisse envisager qu'il puisse y avoir deux ou trois coupures à certains endroits. La caméra virevolte littéralement autour du personnage de Lera et rappelle dans une moindre mesure la longue et impressionnante traversée du héros des fils de l'homme de Alfonso Cuarón en 2006 dans une ville dévastée. Mira tourne essentiellement autour du père et de sa fille même si viennent s'y greffer quelques personnages secondaires comme Misha qu'interprète le jeune Yevgeniy Yegorov ou Svetlama, la mère de la jeune héroïne qu'incarne l'actrice Darya Moroz. Aidée de très loin par un père dont les heures seront comptées puisque la station-spatiale sera percutée par un débris de météorite, l'aventure sera notamment l'occasion pour la jeune Lera de combattre sa hantise du feu. Le mélange entre science-fiction et catastrophe fonctionne parfaitement et le duo formé par Anatoliy Belyy et Veronika Ustimova est attachant. Une bonne surprise venue de Russie, donc...

 

lundi 11 décembre 2023

Tropic d'Edouard Salier (2023) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

 

En France, on ne fait décidément rien comme dans les autres pays. Et surtout pas lorsque l'on aborde la science-fiction sur grand écran. On ne va pas s'étendre sur les quelques mockbusters (Terminus) ni sur les exemples de hard science-fiction (Bunker Palace Hotel) que certains cinéastes osèrent mettre en scène ces trente ou quarante dernières années mais plutôt sur un genre très spécifique qui consiste à mettre en avant des individus dont le rêve, le projet et le métier les destinent à aller dans l'espace. De prime abord l'on pense à L'étoffe des Héros de Philip Kaufman, à Apollo 13 de Ron Howard, à 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, à Space Cowboys de Clint Eastwood ou même au plus récent, First Man de Damien Chazelle. Mais dans l'hexagone... qu'ont les français à titre de comparaison ? Pas grand chose à vrai dire. Car à part la comédie Un ticket pour l'espace d'Eric Lartigau, il est vrai que nous n'avons pas eu grand chose à nous mettre sous la dent ces dernières décennies... Du moins jusqu'à ce que le réalisateur, graphiste et photographe français Edouard Salier se penche sur la thématique de la conquête spatiale au travers d'une œuvre qui dénote avec la plupart des œuvres habituellement consommées par les amateurs de science-fiction. Avec son énigmatique titre, Tropic aurait tout aussi bien pu faire les affaires d'un long-métrage d'aventure situé dans des contrées exotiques, dans un pays plombé par une chaleur et une moiteur écrasantes. Ce qu'il est au demeurant. Pourtant, le film fut tourné en grande partie dans la région mulhousienne, entre Wittelsheim et Baldersheim pour se finir dans de merveilleux décors Guyanais. Tropic met donc au centre de son intrigues, deux frères jumeaux prénommés Làzaro (Pablo Cobo) et Tristan Guerrero (Louis Peres) ainsi que leur mère Mayra (l'actrice espagnole Marta Nieto). Bien que le long-métrage repose sur un script écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Mauricio Carrasco et Thibault Vanhulle, on pense presque immédiatement à la nouvelle The Color Out of Space du romancier américain Howard Phillips Lovecraft et à sa ressente et éponyme adaptation au cinéma par le réalisateur Richard Stanley avec dans le rôle principal, l'acteur Nicolas Cage. Car dans un cas comme dans l'autre, la chute d'une météorite aura de lourdes conséquences sur une partie de la faune et de la flore environnantes. Sauf que dans le cas de Tropic, Edouard Salier s’intéresse moins à l'aspect fantastique du phénomène qu'aux répercussions que celui-ci va avoir sur la vie des deux frères. Car Làzaro et Tristan s'entraînent depuis des mois au sein d'un programme militaire et scientifique à l'issue duquel les meilleures recrues auront toutes les chances d'obtenir leur place à bord d'une prochaine mission dans l'espace.


Dotés d'une intelligence et de capacités physiques hors-normes, les deux garçons rêvent d'être élus tous les deux. Mais le premier va devoir faire davantage d'efforts s'il veut égaler Tristan qui pour l'instant est premier au classement. Surtout qu'un concurrent prénommé Louis (l'acteur Marvin Dubart) se situe en seconde position. La faiblesse de Làzaro, c'est son souffle. Alors, en bon frère, Tristan l'entraîne le soir au bord d'un lac où les deux garçons pratiquent l'apnée. Jusqu'au jour où une lueur verte fait son apparition dans le ciel et que des débris de météorite tombent au beau milieu du lac. Rattrapé par un étrange phénomène qui s’étend sous les eaux, Tristan n'a malheureusement pas le temps de revenir vers la berge et est touché de plein fouet. Une fois à l’hôpital, le verdict est sans appel : le jeune homme vient d'être frappé par une bactérie dont les origines demeurent inconnues. Diminué physiquement et intellectuellement, ses chances de partir un jour dans l'espace sont réduites à néant... Dans son genre,Tropic est une sacrée bonne surprise comme il en existe parfois de manière tout à fait inattendue. Sorti sur les écrans le 02 août dernier, le film n'a semble-t-i pourtant pas vraiment fait parler de lui. Et ce n'est d'ailleurs pas la première fois car sur le seul territoire français, si un seul film aurait mérité que l'on abreuve les médias de publicités vantant ses qualités, c'est bien le 2021 que réalisa tout seul et avec ses propres moyens le talentueux Cyril Delachaux en 2018 et dont on attend avec une grande impatience un éventuel futur projet cinématographique. Avec ses allures de film d'horreur entrant dans la catégorie ''Body Horror'' Tropic est bien plus que cela même si de ce point de vue il s'avère efficace. Edouard Salier cherche visiblement plus à titiller la fibre émotionnelle du spectateur à travers le chamboulement d'une famille frappée par une ''malédiction venue d'ailleurs''. Remise en question de l'un et de l'autre des deux jumeaux. Culpabilité, remords... Tous les ingrédients sont réunis pour faire de Tropic un grand et beau film osant la mutation entre des genres dont l'hybridation semblait pourtant risquée. Et pourtant, cela fonctionne merveilleusement bien. Les deux principaux interprètes sont attachants et parfaitement dans leur rôle. Tropic fascine, entre monstruosité, drame et science-fiction... À découvrir au plus vite...

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