L'apport du producteur
britannique Gerry Anderson (et de son épouse Sylvia) revêt une
importance considérable dans le petit monde de la télévision.
Pourtant, son nom n'évoque pas immédiatement les mêmes souvenirs
émus qu'un Gene Roddenberry (créateur de la série originale Star
Trek), qu'un Rod Serling
(celui de la série The Twilight Zone)
ou encore qu'un Roald Dahl plus près géographiquement de l'artiste
qui nous intéresse ici, et à l'origine de la série
télévisée britannique horrifique Tales of
the Unexpected .
Si Gerry Anderson demeure l'un des plus illustres producteurs de
science-fiction des années soixante et soixante-dix, c'est parce
qu'il est le principal créateur aux côtés de celle qui fut alors
son épouse, de quelques-unes des séries télévisées britanniques
parmi les plus célèbres et les plus cultes. Parmi elles et bien
connues sur notre territoire, Thunderbirds,
traduit chez nous sous le titre Les Sentinelles
de l'Air.
Une série de science-fiction connue pour utiliser un procédé
inventé par Gerry Anderson lui-même, la Supermarionation
qui comme son nom ne l'indique pas forcément, consiste en
l'animation de marionnettes, lesquelles prennent vie dans cette série
devenue culte. Gerry Anderson, c'est également la série UFO :
Alerte dans l'Espace,
mais plus encore Cosmos 1999
qui pour rentabiliser son financement (la série reviendra à sept
million de dollars de budget) s'assurera des rentrées d'argent à
l'internationale en employant le couple Martin Landau/Barbara Bain
dans deux des principaux rôles.
Au
cinéma, des rares incursions du producteur sur grand écran, on se
souviendra surtout de Journey to the Far Side of
the Sun,
traduit chez nous sous le titre Danger, Planète
Inconnue.
Sur le thème passionnant de la planète jumelle, Gerry et Sylvia
Anderson offrent au réalisateur Robert Parrish un concept fort
intéressant. Imaginez donc : en 2069, la sonde Sun
Probe
découvre que derrière le Soleil se trouve une planète située sur
la même orbite que la Terre. Jason Webb, le directeur de EUROSEC (le
Conseil européen
pour l'Exploration Spatiale)
décide d'y envoyer une mission habitée. A bord, l'astrophysicien
John Kane ainsi que le colonel Glenn Ross. Après trois semaines de
voyage dans l'espace, ils arrivent aux abords de la nouvelle planète.
Mais alors qu'ils prennent la décision de descendre à sa surface,
l'engin de transport devant les y emmener est frappé par un éclair.
Accidentés, ils sont secourus par une équipe de sauvetage en mer
qui leur affirme que leur engin s'est écrasé dans la région
d'Oulan Bator en Mongolie. Les deux astronautes sont alors convaincus
d'être retournés sur Terre...
Des
deux astronautes, seul le colonel Glenn Ross parvient à survivre au
crash. Interrogé sur les raisons pour lesquelles selon ses
supérieurs, Kane et lui ont choisi de faire demi-tour, le colonel
Ross a beau insister sur le fait qu'il n'en est rien, la hiérarchie bute sur ses explications. Petit à petit,
il se rend compte que malgré les apparences, il a bien atterrit sur
la planète située de l'autre côté du Soleil. En tout point
semblable à la Terre, le colonel constate que tout y est pourtant
inversé. Journey to the Far Side of the Sun
est l'exemple même de l'idée gâchée. En optant pour une première
partie se traînant en longueur, le véritable enjeu du scénario ne
s'offre au final que la partie congrue du récit. Le formidable
développement auquel le spectateur aurait pu prétendre assister se
résume au final, à peu de chose. Visuellement dépassé, le film
de Robert Parrish ne tient pas sa promesse et le brillant scénario
de Gerry et Sylvia Anderson n'offre aucune surprise. Le passage par
cette terre jumelle sera de courte durée, balayée en moins de temps
qu'il ne faut pour la résumer.
Quant
à Roy Thinnes qui voyait là l'occasion de changer quelque peu de
registre (fini les extraterrestres des Envahisseurs
même s'il s'agissait encore une fois de science-fiction), Journey
to the Far Side of the Sun
ne sera pas l'occasion pour l'acteur d'entamer une grande carrière
cinématographique. Malgré la déception, beaucoup considèrent
cependant le film de Robert Parrish comme un classique de la
science-fiction. On y retrouve bien sûr la patte graphique de Gerry
Anderson, avec ses maquettes et leur design spécifique de l'époque.
Si le fond est relativement décevant, la forme, elle, qui choisit
parfois le réalisme au détriment du divertissement, n'est pas
négligeable. Au final, Journey to the Far Side
of the Sun est
une semi-déception...
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