dimanche 14 mai 2023

Simulant d'April Mullen (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Nombre de longs-métrages de science-fiction mettent en scène androïdes, cyborgs, robots, automates et humanoïdes en tous genres. Des machines généralement conçues pour être mises au service de l'homme jusqu'à ce que l'une ou plusieurs d'entre elles se mettent à dérailler et se révolter contre leurs concepteurs. La plus illustre des franchises dans ce domaines reste sans doute Terminator dont les deux premiers volets réalisés par James Cameron demeurent de véritables classiques selon les amateurs de science-fiction dystopique. On citera également le Blade Runner de Ridley Scott et des choses un peu plus récentes comme le Ex Machina d'Alex Garland. Réalisés par une grande majorité d'hommes, il arrive pourtant parfois qu'une femme se penche sur le sujet comme très récemment avec le Simulant de la canadienne April Mullen qui loin d'être une amatrice a débuté sa carrière il y a une quinzaine d'années. Sans atteindre la tension ni les qualités narratives des classiques susmentionnés, son dernier long-métrage possède des atouts non négligeables qui rendront l'expérience relativement agréable. Rien de fondamentalement innovant cependant comme nous le verrons plus loin puisque le sujet ayant été maintes fois traité sur grand écran, on ne s'étonnera pas à ce qu'une certaine redondance apparaisse à travers la quasi totalité des sujets évoqués dans cette œuvre développée à partir d'un scénario écrit le scénariste par Ryan Christopher Churchill...


Simulant VS T-800 VS Réplicants


L'on observera très rapidement l'infime frontière qui sépare le sujet du film de ceux des œuvres invoquées un peu plus haut. D'emblée, les simulants du film, ces humanoïdes contraints par des règles qui les empêchent en outre de faire du mal aux êtres humains ou de commettre un acte contraire aux législations en vigueur à l'échelle locale ou internationale, apparaissent comme un alternative aux machines de guerre qui dans un futur proche entraient en conflit avec l'humanité dans les deux premiers volets de la saga Terminator. Sauf qu'ici, le concept est inversé et ressemble donc davantage à celui de Blade Runner dans lequel des réplicants de modèle Nexus-6 étaient pourchassés par l'ancien Blade Runner Rick Deckard afin de retrouver et éliminer plusieurs de ces modèles devenus depuis des fugitifs. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'idée d'humanisation des androïdes qui est remise en cause et non plus seulement l'annihilation de l'espèce humaine par des machines conçues pourtant par ses représentants comme cela était le cas chez James Cameron. Simulant ouvre d'intéressantes perspectives et peut s'envisager comme une préquelle non officielle des Terminator puisque ce besoin pour le personnage de Casey Rosen (l'acteur Simu Liu) d'humaniser les Simulant au point que la distinction entre eux et l'homme devient quasiment impossible et cela contrairement aux restrictions imposées par l'agence Nexxera, laquelle définie en outre certaines limites à ce sujet...


Homme-Dieu et Sextech


Si certains envisagent déjà d'entretenir des relations sexuelles non plus avec des êtres exclusivement faits de chair et de sang, d'autres se projettent également dans un monde pas si lointain de nous (une trentaine d'années environ) en estimant qu'une majorité des hommes et des femmes auront davantage de relations charnelles avec des machines qu'avec leurs semblables. Une conception de l'amour abordée dans le cas de Simulent dans lequel une femme vit auprès d'un androïde, parfaite réplique physique de son époux mort dans un accident de voiture et où un génie de l'informatique, Casey Rosen, entretient une relation sexuelle avec sa voisine, une machine dont il a ''boosté'' les performances cérébrales ! Doté d'effets-spéciaux discrets mais convaincants, le long-métrage d'April Mullen assène le récit de flash-back inintéressants et qui malheureusement ne participent jamais de l'intérêt pour ce couple dont la présence vient miner une partie de l'intérêt tournant autour de la traque de Casey Rosen. Le film tente d'apporter un discours moral sur l'emploi et donc l'exploitation d'individus parfaitement semblables aux êtres humains à travers le personnage incarné par Simu Liu, lequel choisit à ses risques et périls de leur offrir une totale autonomie. En charge de la bande musicale, le trio canadien Blitz//Berlin pompe parfois sans scrupule celle que composa l'américain Brad Fiedel pour Terminator et notamment lors d'une séquence de course-poursuite. Au final, Simulent est un sympathique film de science-fiction matinée d'action qui n'a malgré tout aucune chance de faire de l'ombre aux classiques du genre...

 

vendredi 12 mai 2023

War of the Worlds – The Attack de Junaid Syed (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

La guerre des mondes (ou The War of the Worlds en version originale) est à l'origine une œuvre de science-fiction écrite par le romancier britannique H. G. Wells publiée vers la toute fin du dix-neuvième siècle. Adaptée à de nombreuses reprises et sous différents médias (littérature, bande-dessinée, radio, jeux vidéos, etc...), elle fut notamment à l'origine de plusieurs longs-métrages dont le mythique film éponyme du réalisateur américain Byron Haskin de 1953. Plus de cinquante ans après, son compatriote Steven Spielberg réalise un remake. Puis ce sera au tour de Timothy Hines puis de David Michael Latt d'en proposer chacun une alternative. L'un pour le grand écran et le second pour la télévision. Deux œuvres qui sortiront conjointement à celle de Steven Spielberg en 2005 (les trois sortiront d'ailleurs au mois de juin de cette même année). D'autres s'empareront ensuite du sujet sous forme de séries, comme la médiocre version proposée par Craig Viveiros et Peter Harness en 2019 ou celle originaire de France, d'Angleterre et des États-Unis proposée la même année par Howard Overman. La spécialité de Junaid Syed est depuis une vingtaine d'années la supervision des effets-spéciaux dans une quarantaine de films et de séries télévisées dont War of the Worlds – The Attack qui est à ce jour la dernière adaptation du romancier britannique. Réalisateur, scénariste et producteur, Junaid Syed signe un long-métrage qui sous certains aspects se rapproche effectivement de l’œuvre littéraire et de quelques adaptations cinématographiques qui virent le jour depuis la publication du roman. À commencer par l'une des affiches qui présente les fameux tripodes, ces gigantesques créatures mécanisées découvertes notamment dans le film de Steven Spielberg en 2005, se déplaçant sur trois pattes et tirant des faisceaux capables de désintégrer tout ce que ces derniers atteignent. On se souviendra longtemps de la mémorable séquence lors de laquelle la population d'une petite ville américaine fut décimée, ''évaporée'', ne laissant derrière elle que poussière et lambeaux de tissus. Dans ce nouveau long-métrage, Junaid Syed met en scène trois jeunes individus. Se déplaçant exclusivement à vélo, Herbert, Hannah et Ogilvy parcourent une forêt à la recherche d'une météorite qui semble s'être écrasée non loin de leur position. Le premier d'entre eux évoque la possibilité d'une présence extraterrestre. Une éventualité que viendra corroborer la présence d'une foule et des autorités policières sur le site d'un crash dès le lendemain matin. Voici donc comment débutent les aventures de nos trois courageux adolescents incarnés par Sam Gittins, Lara Lemon et Alhali Fofana...


Lesquels vont devoir fuir une attaque sans précédent. Car très rapidement, la, et même, LES météorites qui les unes après les autres vont s'écraser sur notre planète renferment d'immenses machines qui une fois déployées détruisent tout sur leur passage. Devant la taille de telles ''créatures'', la logique voudrait que n'importe qui de censé prendrait ses jambes à son cou. L'une des premières séquences confrontant les représentants de l'humanité à ces machines de mort est très significative du contenu de War of the Worlds – The Attack. On reste coi devant l'improbable attitude des badauds qui plutôt que de fuir immédiatement dès l'apparition des tripodes préfèrent les contempler. Une séquence ayant pour conséquence le massacre d'hommes et de femmes un peu à la manière de la fameuse scène située dans le long-métrage de Steven Spielberg. À ce titre, même si visuellement l'on n'est moins troublés par cette séquence de totale annihilation de l'espèce humaine, les effets-spéciaux s'avèrent, sinon remarquables, du moins tout à fait satisfaisants. On pouvait effectivement craindre le pire mais dans le genre Mockbuster, de ce point de vue là, le long-métrage de Junaid Syed s'en sort avec les honneurs....... Parfois, du moins...... Mais pas toujours....... ! L'ampleur des événements est malheureusement assez mal retranscrite. Lorsque sont évoqués les ravages provoqués par l'invasion, ceux-ci le sont alors que nos trois héros traversent une ville certes abandonnée, mais dont les habitations n'ont fait l'objet d'aucune destruction de masse. Et puis, War of the Worlds – The Attack souffre parfois de ventres mous qui finissent par décourager le spectateur le plus attentif. Et ce, notamment lorsqu'ils croisent la route d'un prêtre illuminé dont les spectateurs devront supporter une longue et délirante litanie durant un quart-d'heure environ. Bien que le film de Junaid Syed ne soit pas d'une qualité artistique exceptionnelle, reconnaissons que parmi la flopée de longs-métrages sortis en salle, de DTV, de téléfilms et de séries télévisées à avoir vu le jour autour du sujet de l'invasion extraterrestre, celui-ci n'est pas le pire. Quant à savoir si l'humanité s'en sort à la fin, les fans de la première heure ne seront pas surpris d'y découvrir l'option choisie par le réalisateur...

 

dimanche 7 mai 2023

The Whispering Star (Hiso hiso boshi) de Sion Sono - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour le néophyte, le cinéma de Sion Sono peut paraître original, complexe, voire même quelque peu difficile à digérer. Ceux qui sont coutumiers du fait peuvent en revanche se poser des questions quant au renouvellement en matière de mise en scène puisque film après film, le réalisateur japonais emploie des techniques qui paraissent toujours s'inscrire dans une même procédure. Et puis, demeurent parfois quelques exceptions à la règle comme ce '' Hiso hiso boshi '' qui demeure encore à ce jour inédit sur le territoire français. Œuvre de science-fiction atypique, filmée en très grande partie en noir et blanc et avec aussi peu de dialogues que d'interprètes, '' Hiso hiso boshi '' peut-être considéré non pas simplement comme l'un des plus beaux longs-métrages de son auteur mais comme l'antithèse absolue de l'étonnant '' Antiporno '' qu'il réalisera en 2017, soit deux ans plus tard. Loin des obsédantes teintes de ce dernier et de l'habituelle noirceur qui entoure les récits et leurs personnages, '' The Whispering Star '' ('' Hiso hiso boshi '' à l'internationale) est d'une quiétude quasi monacale. On ose à peine prononcer le moindre mot devant ce gouffre immense et sidérant que représente l'univers qui se déploie devant nos yeux et davantage encore autour de cette navette en forme de demeure traditionnelle japonaise. C'est dans cet espace confiné que se déroule le plus gros de l'intrigue et dans lequel vit Yōko Suzuki (l'actrice Megumi Kagurazaka qui en outre est l'épouse de Sion Sono)... Malgré l'apparente absence d'intérêt que peuvent représenter les nombreuses séquences lors desquelles la jeune femme communique avec l'ordinateur de bord (lequel rappelle parfois lors de certaines interactions le HAL de '' 2001, l'odyssée de l'espace '' de Stanley Kubrick), la monotonie qu'elles évoquent transcende les quelques passages situés sur des planètes hostiles que Sion Sono a tournées sur le site de Fukushima où eut lieu un terrible accident nucléaire le 11 mars 2011...

 

Livreuse intergalactique de colis, Yōko finit par se poser des questions quant à leur contenu. Et c'est bien là que '' Hiso hiso boshi '' prend tout son sens. Car malgré des contenus qui apparaîtront d'une absurdité et d'une inutilité crasse, l'on découvrira plus loin que leur fonction possède un but bien précis. Tout comme l'héroïne qui ne sera plus simplement vue comme une livreuse mais viens comme une messagère. Visuellement, '' Hiso hiso boshi '' est époustouflant. Le choix du noir et blanc n'est sans doute pas anodin et renforce le côté pictural de l'œuvre. On pense bien évidemment tout d'abord à David Lynch lorsque celui-ci réalisa son premier film (et premier chef-d'œuvre) '' Eraserhaed ''. Les planètes vues du hublot semblent être faites d'un amalgame de métal et de papier-mâché tandis que l'univers est reproduit à l'aide de '' Matte-painting '' semblables À des estampes japonaises. Avare en terme d'ornementation musicale, '' Hiso hiso boshi '' est cependant parfois enrichi de fulgurances baroques absolument majestueuses. Et que dire de ce final tourné dans un long tunnel blanc formé autour de papier washi translucide bâti sur une trame en bois de bambou si ce n'est qu'il dit tout et met un terme définitif aux questions que l'on pouvait se poser jusque là... Sion Sono signe avec '' Hiso hiso boshi '' Un très beau et très profond long-métrage. Pas son meilleur mais mon Dieu, quelle claque...

samedi 29 avril 2023

Synchronic d'Aaron Moorhead et Justin Benson (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Depuis quasiment leurs débuts, les réalisateurs Aaron Moorhead et Justin Benson travaillent en commun sur des projets scénaristiquement, artistiquement et dans leur accomplissement, relativement ambitieux. Grosse sensation en 2014, Spring évoquait l'étrange relation entre un jeune américain nouvellement installé en Italie et une femme très belle mais abritant un très lourd secret. Trois ans plus tard, les deux hommes confirmaient tout le bien que l'on pouvait penser d'eux avec The Endless et son étrange communauté qui ''refusait'' de vieillir. Alors qu'il nous tarde qu'en France sorte leur nouveau projet Something in the Dirt dont le sujet semble être aussi passionnant que pour leurs précédentes collaborations, Aaron Moorhead et Justin Benson ont entre temps et par la suite tourné divers épisodes pour les séries télévisées The Twilight Zone, Archive 81, Moon Knight et Loki. Il ont malheureusement aussi ''commis'' en 2019 le curieux Synchronic dont la thématique ne dépareille évidemment avec ce que les deux réalisateurs (et scénariste en ce qui concerne le second) ont l'habitude de proposer à leur public. Ici, le sujet de la drogue, dans une œuvre mâtinée de science-fiction. Rien de neuf me direz-vous puisque d'autres avant eux se sont lancés dans ce genre d'aventures psychotropico-anticipative (quoique en terme d'anticipation, on pourra trouver le concept ''légèrement'' improbable). Synchronic met en scène deux ambulanciers-urgentistes travaillant sur le sol de la Nouvelle-Orléans où une nouvelle drogue de synthèse connue sous le nom de Synchronic est récemment arrivée sur le marché et fait des ravages parmi la population. Steve Denube (l'acteur Anthony Mackie) vit seul et de rencontres sans lendemains. Atteint d'une tumeur du cerveau, il est collègue avec Dennis Dannelly (Jamies Dornan), marié à Tara et père de Brianna qui vient tout juste de fêter ses dix-huit ans. Lorsque celle-ci disparaît, Steve décide de la retrouver en employant un moyen hors du commun. En effet, ayant lui-même exploré les possibilités du Synchronic, il a découvert que la drogue permettait de voyager pour un cours moment dans le passé. Convaincu que Brianna en a consommé avant de disparaître, Steve multiplie les expériences afin de retrouver la trace de la jeune femme...


Le récit a beau évoquer Dieu, l'univers, Albert Einstein ou Stephen Hopkins, ça n'est pas ici que les amateurs de hard-science qui s'auto-évaluent comme de grands connaisseurs du sujet du voyage dans le temps prendront leur pied. À vrai dire, pour l'instant Synchronic est la proposition la plus faiblarde des deux réalisateurs qui semblent avoir ici perdu de leur inspiration. C'est d'autant plus dommage que le début était prometteur avec ce couple visiblement sous l'influence de la drogue, victimes d'hallucinations directement projetées devant nos yeux. Un délire visuel, court, mais presque intense, proche de la ''vision'' d'Alex Garland et de son décevant Annihilation sorti directement sur la plateforme Netflix un an auparavant. Et puis, plus rien, ou presque. De ces œuvres qui sur le papier dénotent l'ambition de leurs auteurs mais qui une fois mis en route, laissent peu de place à l'imagination et s'avèrent à l'inverse du synopsis, incroyablement fades. C'est donc le cas ici, où le récit se concentre quasiment exclusivement autour du personnage interprété par l'acteur afro-américain Anthony Mackie. Quelques courtes séquences laissant présager de ce qu'aurait pu être le long-métrage viennent confirmer que l'on est passés à côté de quelque chose de grand : Des situations d'urgence cauchemardesques, des visions du passé anxiogènes, de la S-F de haute volée, tout ceci n'étant finalement qu'un fétu de paille partant en fumée après seulement quinze minutes. Quelques visions nihilistes d’individus sous l'influence de la puissante drogue de synthèse ne suffisent pas à rendre intéressant ce récit qui de surcroît nous plonge à diverses époques d'un pauvreté visuelle étonnante chez nos deux réalisateurs. Auto-produit, écrit, réalisé, monté et photographié par l'un ou (et) l'autre des deux réalisateurs, Synchronic est une déception hautement dispensable. Concernant les voyages dans le temps,il sera plutôt conseiller de retourner voir du coté des classiques du genre. Au hasard, Time After Time de Nicholas Meyer, Retour vers le futur 1 & 2 de Robert Zemeckis, ou encore, le meilleur de ceux traitant des paradoxes temporels, Predestination des frères Michael et Peter Spierig...

 

dimanche 23 avril 2023

Le dernier homme de Charles L. Bitsch (1969) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

La science-fiction post-apocalyptique est un sous-genre de la science-fiction à part entière qui a contaminé les littératures et cinémas du monde entier. La France n'a d'ailleurs pas été la dernière à se mettre à l’œuvre car contrairement aux apparences, il faut remonter assez loin dans le passé pour y trouver quelques exemples de métrages tombés dans l'oubli. Bien avant l'excellent 2021 que Cyril Delachaux bricola en 2020 avec ses propres moyens, avant le génial Delicatessen de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro en 1991, Le dernier combat de Luc Besson en 1982 ou le Malevil de Christian de Chalonge l'année précédente, le réalisateur de seconde équipe français Charles L. Bitsch fut l'auteur d'un long-métrage méconnu intitulé Le dernier homme. Lui qui fut assistant-réalisateur sur les tournages de Le doulos de Jean-Pierre Melville, Landru de Claude Chabrol ou Le mépris et Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard adaptait à l'écran à la toute fin des années soixante son propre scénario (rien à voir donc avec le roman éponyme de la romancière canadienne Margaret Atwood qui fut édité bien plus tard). Produit par Pierre Meurisse et sorti sur les écrans le 20 décembre 1970, Le dernier homme met en scène trois personnages qui par chance se retrouvèrent coincés sous terre alors qu'au dessus de leur tête une catastrophe se produisait. Non pas à cause de l'usage d'armes bactériologiques ou nucléaires mais dont l'origine semble avoir été chimique. Résultat, tout ce qui ne fut pas mis à l'abri au moment où survint le drame se retrouva condamné à une mort certaine. C'est ainsi que Jean-Claude, Catherine et Eva remontent à la surface pour découvrir que personne au village n'a survécu et qu'ils sont donc les uniques survivants. Même les animaux n'ont pas été épargnés. À l'image du cadavre d'un chien que découvrira d'ailleurs Jean-Claude lors de sa première visite au village. À ce propos, il est intéressant de noter qu'un chien semble avoir malheureusement fait les frais du tournage comme en témoigne le court-métrage Le cabot qu'à réalisé quelques années plus tard Jean-Pierre Letellier. inspiré d'une séquence du Dernier homme lors de laquelle un chien fut tué pour les besoins du film. Une mise à mort réelle que ne semble d'ailleurs pas avoir apprécié la censure de l'époque qui interdit toute projection du court-métrage. Il faudra patienter jusqu'en 2009 pour que soit visible au Centre Pompidou le 23 avril de cette année là Le cabot qui fut projeté lors d'un cycle consacré à la Sociologie de l'absurde...


Corinne Brill, qui interprète le rôle d'Eva n'a semble-t-il plus jamais participé au moindre tournage. Quant à Sofia Torkeli qui elle interprète celui de Catherine, elle n'a tourné que dans cinq projets durant toute sa carrière entre 1964 et 1974. Reste Jean-Claude Bouillon, célèbre interprète du personnage du commissaire Valentin dans la série de Victor Vicas entre 1974 et 1983, Les brigades du tigre. Décédé en 2017 à l'âge de soixante-quinze ans, l'acteur n'aura cessé de tourner durant sa carrière, jonglant entre cinéma, télévision et théâtre. Dans Le dernier homme , il incarne un Jean-Claude assez peu sympathique. Profitant de son statut de seul mâle à avoir survécu à l’apocalypse pour adopter un comportement misogyne qui transparaît lors de ses rapports avec les deux seules femmes qui vont désormais évoluer à ses côtés dans un contexte moribond détaillé de manière réaliste à travers un inventaire parfois saisissant : cadavres d'hommes et de femmes jonchant le pavé, visages gris et marqués par d'inquiétantes tâches d'origine inconnue, animaux morts, rats envahissant les rues, odeurs de cadavres insupportable, architectures délabrées dues à des inondations, si Le dernier homme fait figure de parent pauvre d'un genre qui en général propose des tableaux d'un monde en déliquescence particulièrement saisissants, l'impression de solitude est par contre plutôt bien retranscrite. Dans ce nouveau monde où le danger semble tout autant provenir des risques liés à la contamination que du comportement inquiétant du personnage masculin incarné par Jean-Claude Bouillon, le réalisateur parvient à maintenir une certaine tension malgré des moyens réduits. Le dernier homme demeure un bel exemple de science-fiction dystopico-apocalyptique à la française qui obtint L'astéroïde d'or au festival international de Trieste en 1969 et qui mériterait d'être redécouvert...

 

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