mercredi 20 octobre 2021

Alien Convergence de Rob Pallatina (2017) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

On poursuit avec les films produits par la société The Asylum avec Alien Convergence de Rob Pallatina. Son second long-métrage après le film d'horreur Fortune Cookie en 2016 mais le premier à mettre en scène des créatures extraterrestres. L'une des originalités de Alien Convergence est de donner la vedette à des personnages frappés par divers handicaps physiques consécutifs à leur participation à des combats militaires. Depuis quelques temps ils travaillent ensemble sur un projet visant à permettre de piloter des avions de chasses par la pensée. C'est ainsi qu'ils ont mis au point un casque neurologique qui, par le fruit du hasard, va justement pouvoir les guider jusqu'à la victoire d'un combat qu'ils vont devoir mener contre d'horribles créatures apparemment endormies sous terre depuis des lustres. À moins qu'elles n'aient surgi de ces trois comètes qui viennent de s'écraser sur le sol de notre planète ? Toujours est-il qu'Emma, Freddie, Ishiro, Sandrine et Bruce vont collaborer avec l'armée pour repousser l'envahisseur. Une armée américaine parmi laquelle se trouve justement le père d'Emma, Benjamin Robbins (l'acteur Steve Brown) et le General Wesley Augursin (Britt George). Qui une jambe en moins, qui manchot, qui sur un fauteuil roulant, qui avec une paire de béquilles... On est vraiment pas sortis de l'auberge. Une vraie cours des miracles que ces cinq jeunes anciens soldats parmi lesquels nous retrouvons les charmantes Caroline Ivari et Ana Zimhart... Une brune, une blonde, un afro-américain, un sino-américain et un... américain tout court ! Ça ressemble au début d'une bonne blague mais ça se poursuit plutôt en eau de boudin. Surtout que ça se gâte relativement rapidement. Vu que l'on est chez les gars de The Asylum, on sait par avance que le visuel ne sera pas celui du Alien Convenant de Ridley Scott dont il semblerait que le long-métrage de Rob Pallatina soit le Mockbuster. Une idée qui va très vite fuir l'esprit des spectateurs vue qu'en dehors du rapport ambigu qu'entretiennent les deux titres, le résultat à l'écran n'a en fait aucun rapport avec l’œuvre outrageusement conspuée du réalisateur américano-britannique...


On en est même à nous demander si les créatures de Alien Convergence sont effectivement d'origine extraterrestre et non pas d'une époque ancienne puisque avec leur look de dragons échappés d'un recueil de légendes fantastiques moyenâgeuses, elle ne semblent pas avoir l'intelligence requise pour avoir traversé l'espace pour venir ''ennuyer'' l'espèce humaine. En terme d'effets-spéciaux, la petite équipe constituée de quatre membres de concepteurs semble toucher pour la première fois à des logiciels dédiés aux CGI. Le résultat à l'écran est si laid que l'on a l'impression que le film date au mieux des années quatre-vingt-dix et au pire de la décennie précédente ! Les créatures, à l'origine déjà esthétiquement repoussante, ne se fondent absolument pas dans le décor. Vu le faible budget qui semble avoir été consacré au long-métrage de Rob Pallatina, il ne faudra s'attendre à rien d'autre qu'une purge sans intérêt filmée dans des décors eux-mêmes sans le moindre atout visuel et interprété avec un minimum d'effort par une majorité de sous-interprètes dont Mishone Feigin (dans le rôle de Bruce) remporte la médaille d'or de la pire incarnation. Il faut le voir regarder à droit, à gauche, le visage crispé, inexpressif, sortir avec douleur ses propres lignes de dialogue. Pas vraiment habité, le bonhomme. Pas plus que ne l'est d'ailleurs la majorité des interprètes dont Caroline Ivari demeure celle qui encore s'en sort le mieux. Alien Convergence sent la toute petite production sans imagination. Bricolée, mal fagotée et mise en scène sans un brin d'inspiration. La partition musicale des compositeurs Christophe Cano et Chris Ridenhour reste évidemment dans le ton du film, c'est à dire insignifiante. Un téléfilm dont on cherche encore les quelques points d'intérêt qui permettraient de lui octroyer quelques avantages. Mais malheureusement... Amateurs de science-fiction et d'invasion extraterrestre, passez votre chemin...

 

mardi 19 octobre 2021

AE : Apocalypse Earth de Thunder Levin (2013) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Étonnamment, AE : Apocalypse Earth, cette petite production sortie tout droit de l'écurie The Asylum, est en général comparé à After Earth de M. Night Shyamalan et Oblivion de Joseph Kosinski, deux longs-métrages dont il serait en fait le Mockbuster qui par comparaison avec le terme Blockbuster signifie que l'on est face à une œuvre plagiaire et de qualité trèèèèès sensiblement éloignée des œuvres dont elle a pillé nombre d'idées et de références. À budget faible, casting, mise en scène et effets-spéciaux au rabais ! C'est ainsi qu'entre en jeu, ou par la petite porte, le réalisateur Thunder Levin qui après avoir réalisé en 1992 son premier long-métrage Soulmates a disparu des écrans-radars avant de ressurgir à la fin des années 2000 en scénarisant et en réalisant Mutant Vampire Zombies from the 'Hood! Premier scénario pour celui qui œuvrera entre 2013 et 2018 auprès d'un certain Anthony C. Ferrante, oui, le réalisateur exclusif de la franchise Sharknado. Une fois retombée (ou confirmée) l'inquiétude entourant les hypothétiques craintes qui peuvent surgir de l'intrigue de AE : Apocalypse Earth, ne reste plus au spectateur qu'à se lancer dans cette aventure ô combien riche en événements. Principalement interprété par l'acteur Adrian Paul que l'on ne présente (presque) plus puisqu'il fut le Duncan MacLeod de la série et de plusieurs longs-métrages de la franchise Highlanders, AE : Apocalypse Earth pille en réalité d'autres œuvres télévisuelles et cinématographiques. À ce titre, au moins trois références sautent aux yeux...


Tout d'abord, Avatar de James Cameron puisque les créatures humanoïdes et blanchâtres exhibées dans l’œuvre de Thunder Levin cherchent visiblement la comparaison avec les habitants de l'exolune Pandora, les Na’vi. Jusqu'à armer leurs rangs de simples arcs, encore plus sommaires que ceux dont sont munis ceux qu'ils tentent d'imiter sans en avoir la grâce, la robe, la taille ou la mobilité. On ne reviendra pas sur les décors d'une banalité consternante et qui auront beaucoup de mal à faire voyager les spectateurs qui n'y verront au fond qu'une vaste forêt située sur notre bonne vieille planète Terre. Ensuite, et c'est peut-être même plus flagrant encore, AE : Apocalypse Earth semble avoir les ambitions du Predator de John McTiernan. Peut-être même davantage celles du Predators réalisé en 2010 par le réalisateur hongro-américain Nimród Antal avec lequel le film de Thunder Levin partage pas mal de points en commun. À commencer par ces femmes et ces hommes qui ne se connaissent pas mais se retrouvent ensemble sur la surface d'une même planète et qui vont devoir se défendre et donc se battre contre des créatures invisibles. Avec aussi peu d'ambitions que ne le permet le budget alloué à une production The Asylum, le réalisateur ET scénariste fait avec les moyens du bords. C'est à dire, pas grand chose...


Troisième source d'inspiration, et il s'agit d'un détail sans doute, mais le cyborg TIM qu'interprète l'acteur Gray Hawks semble tout droit sorti d'une pâle copie du génial DATA de la non moins formidable série Star Trek : La Nouvelle Génération que créa Gene Roddenberry en 1987. Toute velléité concernant l'hypothèse selon laquelle ce personnage intellectuellement beaucoup moins brillant que son homologue pourrait lui faire de l'ombre étant immédiatement caduque. Son interprète a beau bénéficier de quelques lignes de dialogues censées nous faire rire, il ne parvient jamais à égaler l'exceptionnelle performance de Brent Spiner. Quant à Adrian Paul, il n'est pas Arnold Schwarzenneger et l'équipe en charge des effets-spéciaux n'est pas celle de l'immense classique de la science-fictionPredator pourtant plus vieux de vingt-six ans. L'invisibilité des créatures et le corps blême des habitants de la planète passe encore. Mais lorsqu'il s'agit de mettre en scène des vaisseaux planant au dessus de la tête des personnages ou de simuler une explosion, le résultat à l'écran est visuellement atroce. AE : Apocalypse Earth est donc insignifiant mais sans pour autant être jamais vraiment ennuyeux. On le conseillera donc en priorité aux amateurs des productions The Asylum. Quant aux autres, on leur conseillera plutôt de retourner voir les classiques dont il s'inspire...

 

mardi 5 octobre 2021

Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Avant, avant, avant-dernier long-métrage du réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa (Cure, Kaïto, Tokyo Sonata), Avant que nous disparaissions, titre ô combien poétique n'ayant rien à voir avec l'original Sanpo suru shinryakusha qui signifie tout simplement invasion, est une œuvre de science-fiction très particulière qui n'a que peu de rapport avec ce que l'on a l'habitude de découvrir en la matière. Bien que le fond soit commun à des longs-métrages tels que L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman ou même Hidden de Jack Sholder, la forme y est par contre radicalement différente. Ici, l'invasion prend tout d'abord des allures de promenade urbaine dans une ville où semble lentement se propager un nouveau virus dont les symptômes se révèlent étonnant : en effet, les femmes et les hommes atteints par ce que croient être avec erreur une nouvelle souche de virus les autorités médicales et que les médias vont reléguer transforme les habitants qui dès lors semblent perdre la tête. Mais la vérité est ailleurs et ce n'est rien révéler de fondamentalement confidentiel que de le dire puisqu'un certain Amano (l'acteur Mahiro Takasugi) l'évoque lui-même assez rapidement. L'invasion a commencée et elle va prendre une forme beaucoup moins radicale que dans le premier classique évoqué plus haut. Film à petit budget comme l'a souligné lui-même le réalisateur japonais, Avant que nous disparaissions brille par l'absence quasi-systématique des effets-spéciaux. Lesquels se résument à quelques éclairages accentués lorsque les extraterrestres qui tentent d'envahir notre planète dépouillent leurs victimes de certaines connaissances pour les intégrer et ainsi apprendre et évoluer...


Car Avant que nous disparaissions repose avant tout sur cela. Mais si le principe semble quelque peu barbare, Kiyoshi Kurosawa le fait avec une certaine douceur. Comme si les humains n'avaient en fait pas vraiment grand chose à craindre que la simple perte d'informations. Une invasion qui, si elle paraît s'effectuer en douceur est bien réelle. Narumi Kase (l'actrice Masami Nagasawa) ne reconnaît plus son époux Shinji (Eyuhei Matsuda). Quant au journaliste Sakurai (Hiroki Hasegawa), il va servir de guide (in)volontaire auprès d'Amano. D'une durée excédant de peu les deux heures, Avant que nous disparaissions se traîne sur un rythme qui risque de faire des dégâts sur la communautés des amateurs de blockbusters bourrés jusqu'à la gueule de CGI. Car ici, le réalisateur s'intéresse surtout à ses semblables et s'avère beaucoup plus psychologue que bon nombre de cinéastes dont l'intérêt premier est d'en mettre plein la vue au détriment de la caractérisation. En résulte une œuvre plus profonde qu'à l'accoutumée bénéficiant d'une cadence forcément moins soutenue mais qui a le mérite de ne pas trop empiéter sur des terrains déjà conquis. ''Pas trop'' car de fait, le film reprend bien le concept de L'invasion des profanateurs tout en enrichissant ses envahisseurs d'une personnalité et d'un désir d'apprendre totalement absents de l’œuvre de Philip Kaufman et dans laquelle les envahisseurs semblaient former une communauté sans conscience. Tout en reprenant le concept de l'appropriation de corps, Kiyoshi Kurosawa inverse complètement la psychologie de ses extraterrestres...


Produit en 2017, sorti au Japon en septembre 2017 et notamment diffusé lors du Festival de Cannes en mars de l'année suivante, Avant que nous disparaissions n'a pas vraiment rassemblé les foules devant les écrans de cinéma puisque le film n’engrangera sur un plan mondial que la somme de quatre-cent quarante-huit mille dollars. Une misère au regard des qualités du film et de sa très grande originalité. Une œuvre au ton parfois humoristique qui trouve sa fantaisie jusque dans la partition musicale signée du compositeur Yusuke Hayashi. Sobre mais aussi parfois épique à la manière d'un Harry Potter, elle accompagne les personnages dans leurs étonnantes péripéties. On relèvera tout de même des incohérences parmi lesquelles, notamment, le vol de ''concepts'', surtout si l'on part du principe que les envahisseurs intègrent dès le départ les connaissances de leur hôte comme cela est précisé à un moment très précis du film. Lent, parfois même un peu trop comme pourront s'en plaindre certains, Avant que nous disparaissions n'en est pas moins une œuvre très intéressante et conceptuelle. Ceux qui abhorrent les extraterrestres belliqueux seront ravis de découvrir que ceux-ci sont plutôt sympathiques même s'ils cachent en réalité de noirs desseins. Une très belle surprise...

 

jeudi 23 septembre 2021

Invisible Alien de Dawei Zhang et Jintao Lu (2021) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Invisible Alien dure à peine plus d'une heure mais mon dieu ce que l'expérience pu être pénible à endurer. Pire que de compter les minutes et les secondes d'une horloge jusqu'à ce que la grande aiguille ait fait le tour complet du cadran. Une déception ? Oui, très certainement. Car malgré sa remarquable affiche et son alléchant synopsis, le long-métrage des réalisateurs chinois Dawei Zhang et Jintao Lu (le second pour le premier et le premier pour le second !) n'est pas la promesse d'une aventure aussi riche en émotions que furent celles du premier volet de la Franchise Alien, le huitième passager réalisé en 1979 par Ridley Scott et de sa séquelle Aliens, le retour réalisée par James Cameron sept ans plus tard. Tout au plus une vague resucée plongeant ses protagonistes dans une mélasse scénaristique parfaitement indigeste. À bord du Deep Space (applaudissons bien fort l'originalité du nom donné au vaisseau) dont les sombres coursives évoqueront indubitablement celles du premier Alien, Yin, Seven et leur commandant (dont j'ai oublié le nom, à moins qu'il n'en ait pas vraiment, et puis de toute manière on s'en fout !) ont fait voyage il y a de cela un siècle et demi vers la planète Messenger (applaudissons une fois encore l'originalité du nom donné à la planète), laquelle a fait irruption dans notre système solaire. Après un charabia des plus prétentieux l'on apprend que l'homme a cru bon imaginer qu'un message émis par cette planète pouvait avoir été envoyé par une civilisation extraterrestre intelligente. Située aux abord de la ceinture de Kuiper (dont la distance équivaut entre trente et cinquante-cinq celle qui sépare notre planète du Soleil. Un peu de science ne fait pas de mal et c'est déjà ça de gagné!), Messenger fut atteinte en soixante et onze années. La mission de Yin, Seven et de leur commandant ? Rechercher toute trace d'une intelligence extraterrestre...


Un joli projet de film qui tombe à l'eau en moins de dix minutes : en partie causée par des retours sans cesse en arrière, la compréhension du récit se fait parfois difficile. D'autant plus que le film, sans doute victime d'une grève de la part des employés du National Energy Investment Group est en général plongé dans une obscurité qui empêche toute lisibilité. Des éclairages, des alarmes, des résidus visqueux, une moiteur et une noirceur qui empruntent donc à la saga Alien, mais une créature dont il faudra a priori chercher les origines plutôt du côté du cinéma d'épouvante et fantastique japonais façon The Grudge ou The Ring. Mélange plus qu'improbable de science-fiction et d'épouvante qui se mariait à la perfection chez Ridley Scott mais tombe complètement à plat dans le cas présent. Le scénario de Dong Ding, Qiong Li, Laju Liu et Jintao Lu (!?!) se perd en conjectures philosophiques proches de la masturbation intellectuelle. Et dont les résidus gluants laissés derrière elle par la créature (qui n'en est pas vraiment une selon l'héroïne) sont peut-être finalement les empreintes symboliques de l'orgasme que durent ressentir les quatre individus nécessaires à l'écriture de ce scénario parfois sans queue ni tête. C'est chiant à mourir et chaque syllabe prononcée en post-synchronisation agit comme autant de coups de marteau assénés derrière la nuque. Le sujet et ses auteurs pètent plus haut que leur cul et l'on y voit comme par une nuit sans étoiles, sans Lune ni éclairages urbains. Toute tentative de donner de la vigueur au film est vaine tant les ruptures de rythme sont nombreuses. Tout juste l'actrice Wu Jiao s'avère convaincante. Quant à Shengwen Ruan/Seven, il n'est au fond qu'un vague ersatz de l'androïde Ash qu'interpréta le britannique Ian Holm dans le premier volet de la saga Alien ou de Bishop qu'interpréta l'américain Lance Henriksen dans sa première séquelle. Invisible Alien est donc à oublier très rapidement. Mieux : préférez prendre un livre ou écouter un disque que de regarder cette quasi-purge...

 

mercredi 25 août 2021

Risen d'Eddie Arya (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Risen est la dernière livrée du réalisateur Eddie Arya après le thriller The Navigator en 2014 et le drame The System en 2016. Alors qu'est déjà annoncé son prochain long-métrage Reincarnation, l'australien a réalisé un troisième film sorti il y a seulement quelques semaines et dont la thématique n'a plus rien à voir avec ses précédents projets puisque l'intrigue se déroule dans un contexte d'invasion extraterrestre. Si le sujet rappelle d'innombrables films de science-fiction d'une qualité souvent désastreuse, il ne faut pas simplement s'arrêter à sa première impression et se laisser guider par cette histoire qui emprunte autant à l'approche mystérieuse et contemplative de l'excellente première saison de la série française Les Revenants que créa un peu moins de dix ans en arrière Fabrice Gobert qu'à tout un tas de films axant leur récit sur l'arrivée prochaine d'extraterrestres hostiles. Pas bourrin pour un sou et même parfois méditatif, Risen se pose comme une très intéressante alternative. Encore faut-il accepter le principe d'immatériel que revêtent de très nombreuses séquences plongées dans une brume épaisse et meurtrière. Démarrant sous les meilleures auspices sous une forme presque identique à celle du très ancien Village of the Damned de Wolf Rilla (ou celle de son remake réalisé par John Carpenter trente-cinq ans plus tard, en 1995), Risen cultive l'art de n'en point trop faire pour des raisons que semblent mettre à jour des effets-spéciaux qui parfois montrent leurs limites...


Si l'étrange phénomène qui se forme autour d'une petite ville où ses trois mille habitants on périt après la chute d'une étrange météorite ayant libéré un gaz hautement toxique reste crédible, il y a des visuels qui risquent de rendre aveugles ceux qui cultivent un amour immodéré pour les CGI les plus convaincants. Si la brume étouffe en général ce que le film d'Eddie Arya pourrait camoufler de raté en matière d'effets-spéciaux numériques, on aurait sans doute préféré qu'il en soit de même lors des quelques séquences filmées en fond vert. L'incrustation des personnages, et notamment celui de Mandy Stone qu'interprète l'actrice Caroline McQuade, dans des décors projetés en arrière-plan s'avère visuellement insoutenable et décrédibilise le contenu de certaines séquences. Un comble lorsque l'on prend en compte le fait que le réalisateur se soit visiblement attaché à faire de Risen autre chose que le tout venant de la science-fiction. Des défauts qui fort heureusement sont contrecarrés par une interprétation et une intrigue qui s'avèrent sinon passionnante, du moins fort intrigante. L’absence totale d'action ne nuit aucunement au déroulement du récit. Le rythme lent, presque hypnotique, accompagné de la partition musicale du compositeur Phillip J. Faddoul participent de cet envoûtement que l'on peut ressentir devant une histoire qui prend son temps pour nous livrer un message qui semble à l'extrême opposée de Premier Contact de Denis Villeneuve. La présence de Mandy Stone au cœur du récit n'a au départ de logique que dans la structure du scénario qui veut que l'on fasse logiquement appel à une scientifique parmi les meilleurs d'entre toutes. Mais dès qu'entre en jeu un élément capital dans le développement de cette race d'extraterrestres qui ne peut se faire que par l'entremise d'un hôte humain, on se dit qu'il y a des coïncidence (mal)heureuses. Non seulement pour ces individus qui, ne rêvons pas, n'apparaîtront que sous la forme très commune d'un homme ou d'une femme, mais pour le spectateur qui en scrupuleux critique entrapercevra des concordances quelque peu improbables...


L'originalité de Risen, et ce qui fait son principal intérêt et sa force première, c'est la méthode employée par ses extraterrestres pour envahir notre planète. Une procédure à laquelle n'avaient pas pensé ceux de la mythique Guerre des mondes de H. G. Wells. Risen n'échappe pas à l’éternel affrontement entre scientifiques et militaires mais sans pour autant s’appesantir au delà de ce qui s'avère nécessaire. Pas de romance non plus pour une œuvre qui n'avait de toute manière pas besoin d'être ralentie outre-mesure. Car c'est sans doute ce détail qui séparera le public en deux camps. D'un côté, ceux qui veulent pouvoir prendre le temps de réfléchir et de l'autre, ceux qui ne comptent que sur des légions d'effets-spéciaux, de combats et d'une manière générale, de scènes d'action. Risen ne demeurera sans doute pas comme l'un de ces grands chefs-d’œuvre de la science-fiction. Il y a peu de chance pour que l'on s'en souvienne dans cinq ou dix ans. Mais ces visages prostrés, comme sculptés dans des blocs de sel, cette monstrueuse forme qui pulse d'une vie tout en semant la mort ou ce climax explicatif lors duquel le spectateur aura la justification quant à la présence de l'héroïne, suffisent à rendre Risen, du moins pour une courte durée, relativement attachant...

 

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